Guerre en Ukraine : les négociations commerciales rouvrent pour un mois

Le gouvernement invite les transformateurs à faire œuvre de « transparence » sur la réalité des surcoûts et les distributeurs à faire un effort de « solidarité ». Les premiers ont acquiescé. L’entrain des seconds est « variable ». Tout risque de pénurie est écarté.

En vertu des clauses de renégociation inscrites dans la loi Egalim, le gouvernement a réuni ce 18 mars les représentants des agriculteurs, des transformateurs et des distributeurs pour inviter toutes les parties à rouvrir les contrats conclus il y a moins de trois semaines. Il faut dire que depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février, le ministère de l’Agriculture fait état d’une hausse des prix de « 36% pour le blé, 30% pour le maïs, 46% pour le tournesol et près de 90% pour le gaz ». L’ampleur est telle qu’elle justifie largement l’activation des clauses de révision prévues par la loi Egalim 2 et figurant logiquement dans les contrats commerciaux. Face aux impacts de la guerre en Ukraine, « dont l’ampleur dépasse celle du premier confinement », a fait savoir le ministère, « l’Etat a pris ses responsabilités avec le plan de résilience, qui est une partie de la réponse mais pas toute la réponse ».

« Transparence et solidarité »

Le gouvernement a enjoint les différentes parties à agir avec « responsabilité, compréhension du contexte et transparence ». Pour Bercy, l’objectif ultime est que les « exploitants puissent continuer leur activité, que les industriels puissent faire tourner leurs usines en vendant à des prix qui leur permettent de continuer à produire et aux distributeurs de préserver leur modèle tout en n’alimentant une inflation à outrance ». « Une équation complexe »,  a reconnu le ministère de l’Economie qui mise sur les industriels pour apporter tous les gages de « transparence » quant aux impacts de la crise afin de faire passer les hausses.

Si les industriels se sont montrés réceptifs à l’appel, la réponse des distributeurs à faire un « effort de solidarité nécessaire et indispensable » n’a pas reçu le même écho. « L’entrain à faire passer des hausses est variable », affirme-t-on rue de Varenne alors qu’il n’est « pas question de pinailler mais de se remettre autour de la table ». « On saura mette en avant les bonnes pratiques et l’effet d’entrainement opéré par les enseignes vertueuses ».

Une réunion hebdomadaire pendant un mois

Les ministères de l’Agriculture et de l’Economie ont prévu d’organiser pendant un mois une réunion hebdomadaire de suivi des discussions, lesquelles portent sur les marques nationales et sur les produits à marque de distributeurs (MDD). Un moratoire est par ailleurs envisagé concernant l’application des pénalités logistiques, « du fait que les approvisionnements sont perturbés ». Le ministère de l’Agriculture a écarté tout risque de pénurie mais acté un effet inflationniste pour les consommateurs.