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Un plan de résilience sans consistance ?
Si la FNSEA salue « un premier pas » pour continuer à produire, la Coordination rurale et le Modef estiment que les annonces ne sont pas à la hauteur de la crise. La Confédération paysanne y voit un plan qui « finance les dépendances ».
Un fonds de 400 millions d’euros pour compenser en partie le surcoût de l’aliment du bétail, un surplus de 60 millions d’euros d’allègement de cotisations sociales, des allègements sous condition des dépenses énergétiques, un remboursement anticipé de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) : telles sont les principales mesures du plan de résilience annoncées par le Premier ministre le 16 mars, en réponse aux impacts économiques de la guerre en Ukraine. Est-ce le contexte de guerre aux portes de l’UE ? Toujours est-il que les annonces n’ont pas suscité un grand enthousiasme chez les syndicats.
L’agriculture, un secteur comme les autres ?
La FNSEA y a vu « un premier pas indispensable pour continuer à produire » à court terme tout en regrettant que ses propositions sur la compensation des augmentations du coût du carburant n'aient pas été « totalement entendues ». Le syndicat défendait une fiscalité réduite à son minimum sur le GNR quand la Coordination rurale (CR) et le Modef souhaitaient plafonner son prix à 1 euro le litre. Pour la CR, en dehors de l’aide spécifique aux éleveurs, « il n’existe aucune mesure spécifique au secteur agricole », ce qui fait dire au syndicat que « l’alimentation n’est visiblement pas considérée comme un secteur stratégique ».
S’affranchir des dépendances... ou les financer ?
Pour la Confédération paysanne, le plan de résilience est en réalité « un plan de compensation des dépendances de l’agriculture productiviste. La résilience, ce n’est pas financer les conséquences des dépendances aux engrais, aux énergies, à l’importation de l’alimentation animale, c’est permettre de devenir plus autonome et donc d’engager le virage d’une réelle transition agroécologique indispensable », énonce-t-elle. Comme le Modef, la Conf’ réclame un contrôle des prix des céréales et une sortie de la logique du libre-échange.
Enterrer l’agroécologie ?
La Coordination rurale veut faire table rase sur l’agroécologie, ni plus ni moins, en libérant l’agriculture de tous ces carcans non productifs tels que SIE, Cipan, jachères, ZNT, plan pollinisateurs, conseil stratégique phytosanitaire, directive nitrates (sauf à relever la norme à 50 mg/l). Elle appelle à activer ou réactiver certains facteurs de production tels que les substances phytosanitaires et l’irrigation. Sur ces différents points, la FNSEA est moins jusqu’au-boutiste et se satisfait des « signaux positifs » du plan de résilience, visant à « débloquer les situations qui freinent la production, encourager la production d'intrants en France, investir sur la production d'énergies renouvelables, renforcer le plan protéines et mettre en place un plan souveraineté en fruits et légumes, tout en s'inscrivant dans une transition écologique équilibrée ».