Influenza aviaire : la Conf’ contre la vaccination obligatoire en élevage paysan

Aux côtés du Modef et d’ELB, le syndicat invoque un coût rédhibitoire et une mal-adaptation à l’épizootie, attendant de l’Etat des mesures de dédensification et de gestion des flux des animaux vivants applicables aux filières industrielles.

Après avoir, la mort dans l’âme, dû se soumettre à la claustration des volailles qui, depuis deux hivers, constitue un passage obligé en risque « élevé » d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), l’élevage paysan ne veut pas se voit contraint de vacciner les canards. C’est ce que font savoir la Confédération paysanne, le Modef et l’ELB, l’Union des paysans du Pays basque. « Les filières industrielles sont les premières responsables de la propagation de l’influenza aviaire. Cela peut être pertinent qu’elles s’imposent la vaccination à elles-mêmes, mais pas aux autres », déclarent-elles dans un communiqué, réitérant au passage la demande d’exemption de la claustration, qui a « détruit leur métier » et contraint nombre d’éleveurs à « arrêter leur activité ».

Le coût de la surveillance en question

Pour ces trois organisations, la vaccination n’est qu’un des différents outils de lutte contre l'IAHP, avec notamment la dédensification et la dé-segmentation, pour « limiter la contamination par les filières industrielles de l’environnement et de l’élevage paysan : ce n'est pas un remède miracle qui permettra aux filières de continuer dans la même direction. (...) Les filières industrielles sont les premières responsables de la propagation de l’influenza aviaire. Cela peut être pertinent qu’elles s’imposent la vaccination à elles-mêmes, mais pas aux autres ».

Citant les chiffres du Cifog, l’interprofession du foie gras, la Conf’, la Modef et l’ELB évoquent la distorsion de coût entre filières courtes et filières longues inhérente au processus de surveillance post-vaccinale des élevages : 1,34€/canard en filière longue pour la vaccination et la surveillance, contre 6,80€/canard pour la seule surveillance en filière courte, du fait de la taille des lots. Une simulation valant pour une surveillance réalisée entre le 1er octobre et le 1er avril, dont les coûts seraient encore plus élevés en cas d’une vaccination ouvert sur l’année entière, estiment les trois organisations.

Le protocole vaccinal bientôt dévoilé

Pour conjurer les épidémies d'IAHP, dont les pertes économiques pour l’ensemble des filières ont atteint le milliard d’euros pour la seule saison 2021-2022, le ministère de l’Agriculture a pris la décision, en décembre dernier, de doter la France d’une stratégie vaccinale. Deux étapes déterminante ont été franchies récemment avec l’annonce, par l’Anses, de l’efficacité avérée de deux candidats vaccins sur les canards, et celle de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), invitant ses 182 pays membres à reconnaître que « le recours à la vaccination est conforme et n'a pas de conséquences négatives sur les échanges commerciaux, lorsque le programme de vaccination s'appuie sur des systèmes de suivi de la vaccination et de surveillance des maladies capables de démontrer l'efficacité́ de la vaccination et l'absence d'infection ».

Conditionnée à l’application d’un plan de surveillance spécifique sur tous les troupeaux vaccinés, la vaccination serait obligatoire pour les élevages commerciaux de canards mais proscrite sur les reproducteurs destinés à l’export. Le ministère doit dévoiler d’ici à la fin du mois de juin l’ensemble des modalités techniques, logistiques et financières de la vaccination.