La décapitalisation touche aussi le département du Cher

Le Cher perd des cheptels allaitants, les volumes d’abattage reculent et la consommation stagne. Plusieurs facteurs expliquent cette situation de décapitalisation.

La décapitalisation du cheptel bovin est un sujet d’actualité prégnant en France, en région Centre-Val de Loire et particulièrement dans le Cher. Dans le département jusqu’il y a peu, lors d’un départ, le troupeau était repris par un collègue ; de fait le cheptel du département se maintenait avec une taille des troupeaux croissante. Aujourd’hui, ce schéma a vécu et la taille des troupeaux est en retrait.

MOINS D’ANIMAUX À ABATTRE

La conjoncture en bovin allaitant, quelle que soit la race, devient difficile dans la région et dans le Cher. « On sent qu’il y a moins d’élevages dans le Cher, on comptabilise moins de vêlages. 60 % des éleveurs qui arrêtent n’ont pas de repreneurs et ceux qui restent allègent leur cheptel », observe Maxime Combette du Gaec Combette d’Augy-sur-Aubois.  « Les premiers signes de la décapitalisation en bovins allaitants, en région sont apparus en 2017 et se sont accentués entre 2021 et 2022 », affirme Marie Vicongne, chargée de mission à Interbev.

Le Cher est le département le plus impacté : l’effectif qui était de 28 435 animaux en 2021 est en effet descendu à 26 738 en 2022, soit un recul de 6 %. Les volumes d’abattage ont ainsi diminué de 5 % (de 11 919 à 11 340). Cette tendance baissière est moindre dans l’Indre, où le cheptel a perdu quelques centaines de têtes (de 24 869 en 2021 à 24 056 en 2022). Dans ce contexte, les abatteurs s’inquiètent. Certains outils, hors celui de St-Amand-Montrond, ont dû réduire d’une journée par semaine les créneaux d’abattage. « Nous avons alarmé les élus, les pouvoirs publics, depuis dix ans quand nous avons constaté qu’il était difficile de renouveler les éleveurs qui partaient à la retraite. A l’époque, les éleveurs âgés de 50 à 55 ans détenaient 50 % des troupeaux, et il y avait peu d’installations », rapporte Franck Barret. 

L’ATTRACTIVITÉ DE L’ÉLEVAGE EN BERNE

« Nous sommes face à une diminution de l’outil de production », précise Franck Barret, pour situer la décapitalisation. Les cheptels, qu’ils soient de 50 ou de 200 têtes, ne trouvent plus de repreneurs. Certains sont repris partiellement, d’autres pas du tout. Aujourd’hui, les éleveurs cherchent à convertir leurs prairies en cultures de protéines pour les auto-consommer quand ils ont des animaux, ou carrément en cultures de vente.

Ce défaut d’attractivité pour production bovine a plusieurs causes pour Franck Barret. « Le système allaitant manque de rentabilité et les installations en élevage demandent un trop lourd investissement financier. Les Pac successives n’ont jamais été réellement favorables à l’élevage allaitant, surtout aux systèmes naisseurs de nos départements en zone intermédiaire. Le salariat n’est pas reconnu dans le système de calcul des aides compensatrices, alors qu’il participe au fonctionnement de l’exploitation comme associé. La production n’est pas valorisée à sa juste valeur et les aléas climatiques n’encouragent pas à produire », liste-t-il. Tout un travail de sensibilisation est à faire pour retenir les élevages aujourd’hui, inciter à l’installation et garder de la valeur ajoutée sur le territoire. 

UNE CONSOMMATION DE VIANDE QUI STAGNE

Moins d’animaux, moins d’abattages et moins de viande en trainent une hausse des cours bénéfiques aux producteurs, toutefois relative, ainsi qu’une augmentation des prix sur les étals. La consommation est stable, elle a augmenté de 2,2  % entre 2021 et 2022 en région Centre-Val de Loire. Mais une partie est toutefois reportée sur une viande d’importation, dont la part progresse pour atteindre 36 % de ce qui est consommé en 2022. . 

"Franck Barret : Le consommateur doit être vigilant s’il souhaite soutenir ses éleveurs, il peut demander qu’on lui serve une viande française"