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La grippe porcine sous surveillance
L’arrivée puis la prédominance d’une nouvelle lignée de virus influenza porcin, face auquel les porcs ont développé une immunité, justifie toutefois un renforcement des mesures de biosécurité face au risque de transmission à d’autres espèces animales et à l’être humain, préconise l’Anses.
« Il est important de renforcer les mesures de quarantaine lors de l’introduction de nouveaux animaux dans les élevages et d’encourager la surveillance des infections des porcs par les virus influenza porcins, même si la maladie n’est pas à déclaration obligatoire ». Telle est la préconisation des chercheurs l’unité Virologie immunologie porcine du laboratoire national de référence pour l’influenza porcin porté par l’Anses. Cette recommandation fait suite à l’émergence, à partir de 2020, d’une nouvelle lignée de virus influenza porcin nommée H1avN2#E (référencée H1N2 de clade 1C.2.4 dans la nomenclature internationale).
D’abord détecté en Bretagne, le virus s’est rapidement répandu dans toute la France hexagonale. En quelques mois, il est devenu prédominant dans les élevages. En 2020, 661 foyers de grippe du porc ont été signalés, soit bien plus que les 400 foyers observés en moyenne les années précédentes. En outre, cela faisait 30 ans que les principales lignées de virus influenza porcins affectant les porcs en France n’avaient pas changé. La comparaison avec les autres virus influenza porcins connus montre que cette lignée est probablement originaire du Danemark. Elle est sans doute arrivée en France, directement ou en passant par d’autres pays européens, via l’importation d’animaux contaminés. Depuis 2022, le virus H1avN2#E s’est installé dans les élevages de porcs français où il reste prédominant. Cependant, ses impacts sont moins sévères, signe que les animaux ont développé une immunité contre cette lignée.
Risque de réassortiment avec un virus de la grippe humaine
L’arrivée d’un nouveau variant peut également accroître le risque de transmission à d’autres espèces animales et à l’être humain. « Le virus H1avN2#E a causé plusieurs foyers d’infection dans des élevages de dinde depuis 2020 et a été responsable d’un cas grave de grippe porcine chez l’être humain en 2021, souligne Gaëlle Simon, cheffe de l’unité Virologie immunologie porcine à l’Anses. L’exposition des humains aux virus influenza porcins augmente le risque de réassortiment avec un virus de la grippe humaine, ce qui pourrait aboutir à l’émergence d’un virus mieux adapté à l’être humain. Le porc étant également sensible aux virus influenza humains et aviaires, les mélanges de virus peuvent aussi se produire chez l’animal. La dernière pandémie grippale, en 2009, était d’ailleurs causée par un virus influenza porcin ».
Face au risque de recombinaison des virus d’influenza porcin, aviaire et humain, le France a récemment détaillé la stratégie vaccinale qui serait mise en œuvre en cas d’augmentation des foyers animaux et en présence de cas humains sévères au contact de ces foyers. Depuis plusieurs années, les autorités sanitaires recommandent aux les professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires de se faire vacciner chaque année contre la grippe saisonnière afin de réduire le risque de co-infection.