Le Plan de sobriété énergétique à la portée des exploitations... ou presque

L’Ademe estime que le « bon usage » des engins agricoles est de nature à économiser 10 à 15% de carburant, soit l’effort demandé aux entreprises dans le cadre du Plan de sobriété gouvernemental. Le carburant représente à lui seul 60% des consommations d’énergie directe de l’agriculture. Mais il faut aussi compter avec l’énergie indirecte liée aux intrants.

Face au risque de black-out sinon de rationnement l’hiver prochain, la Première ministre Élisabeth Borne a invité les entreprises à établir un plan de sobriété à compter du mois de septembre. Elle leur a assigné l’objectif de réduire leur consommation d’énergie de 10% dans les deux prochaines années, les services de l’Etat étant soumis au même régime. Il va sans dire que le Plan de sobriété concerne les exploitations agricoles.

Selon une étude de l’Agence de transition écologique (Ademe) publiée en 2019, le « bon usage » des tracteurs et autres automoteurs agricoles permettrait des gains « faciles » de 10 à 15% de consommation sans investissement notable.

Le passage au banc de puissance permet de diagnostiquer des problèmes de suralimentation, de surpuissance, de débit et calage de pompe d’injection, d’injecteurs usés, de filtres colmatés etc.
Le passage au banc de puissance permet de diagnostiquer des problèmes de suralimentation, de surpuissance, de débit et calage de pompe d’injection, d’injecteurs usés, de filtres colmatés etc.

Le carburant, un levier relatif

En agriculture, les carburants représentent 60% de la consommation d’énergie directe (fioul, électricité, gaz), loin devant celle générée par les serres (8,8%), les bâtiments herbivores (6,9%), le séchage des grains (4,2%), les bâtiments avicoles (3,5%), l’irrigation (2,8%), les bâtiments porcins (2,2%), etc. Il faudra donc agir aussi sur cette part de consommation directe pour atteindre les objectifs. Mais cela ne suffira pas encore puisque l’énergie directe ne représente que 51% de la consommation totale du secteur, le solde étant généré par la fabrication et le transport des intrants que sont les engrais, les aliments et les produits phytosanitaires. La part du carburant ne représente donc qu'environ 30% de la consommation totale d’énergie du secteur agricole.

Autre écueil : « les solutions énergétiques portant sur le « bon usage » des tracteurs et autres automoteurs agricoles, que ce soit le diagnostic au banc d’essai mobile ou la formation à la conduite économe, se heurtent à la difficulté du changement de comportements des usagers, qui n’est pas spécifique aux agriculteurs », pointe l’Ademe.

Du bon usage des tracteurs

Utiliser un tracteur calibré aux outils, éviter les petites séquences de travail, lester à bon escient, ajuster la pression de gonflage au type de chantier pour éviter le patinage, bien atteler des outils bien réglés, ajuster la profondeur de travail aux objectifs, à la situation et à l’outil, jouer sur les contrôles d’effort et de position pour limiter le lestage, affûter ou changer à bon escient les pièces d’usure des outils, adopter une conduite économique en limitant le régime moteur quand c’est possible, respecter les consignes d’entretien (nettoyage/remplacement du filtre à air,) contrôler les injecteurs et régler les soupapes d’un tracteur âgé, veiller aux qualité et à la quantité d’huile, etc. : telle est la « check-list » de la sobriété appliquée aux tracteurs.

Ces recommandations ont l’avantage de produire des effets rapides et à moindres frais. On pourrait y adjoindre un passage au banc de puissance, qui permet de diagnostiquer des problèmes de suralimentation, de surpuissance, de débit et calage de pompe d’injection, d’injecteurs usés, de filtres colmatés, etc.

S’agissant des consommations inhérentes aux serres, aux bâtiments ou à l’irrigation, si le pilotage des postes énergétiques offre matière à optimisation, les gains d’efficience résident davantage dans la performance (ou la sous-performance) des infrastructures et des équipements, synonyme d’investissements.