L’efficience énergétique, l’autre défi de l’irrigation

Après la problématique du gaz nécessaire au séchage des grains à l’automne, l’envolée des coûts de l’énergie va se rappeler aux irrigants dans les semaines à venir. Irrigants de France sonne l’alerte et mène l’enquête auprès de ses adhérents.

« Du fait des coûts engendrés, les consommations énergétiques constituent un élément décisif dans le choix d’une technologie lorsqu’un agriculteur envisage de moderniser son système d’irrigation et apparaissent même plus incitatrices que les économies d’eau proprement dites ». C’est le préambule d’une étude réalisée par l’Inrae en 2020 sur les potentialités d’économies d’énergie et de main d’œuvre au travers de la modernisation des systèmes d’irrigation.

La flambée des prix de l’énergie confère une acuité toute particulière à la problématique, comme en témoigne l’alerte lancée par Irrigants de France. « Les prix du marché, habituellement situés entre 40 et 60 € MWh, évoluent à 176 et 235 €/MWh le 2 et le 16 décembre 2021, période de rachat pour la fourniture 2022 », déclare le syndicat dans un communiqué.

Synthèse des consommations énergétiques observées (kWh/m3) de systèmes d’irrigation alimentés par station de pompage individuelle (Source : Inrae)
Synthèse des consommations énergétiques observées (kWh/m3) de systèmes d’irrigation alimentés par station de pompage individuelle (Source : Inrae)

Les irrigants mènent l’enquête

Les tarifs indiqués par Irrigants de France correspondent à ceux du dispositif ARENH (Accès régulé à l’énergie nucléaire historique). Ce dernier permet de disposer d’un certain volume d’électricité à un prix fixé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Les droits ARENH sont calculés sur les périodes dites creuses, soit en majeure partie sur les mois de juillet et août. Ce dispositif est donc très favorable aux irrigants qui souscrivent à ce type d’offres, quel que soit le fournisseur. Mais il ne constitue en rien un amortisseur des variations de cours. D’où l’alerte lancée par Irrigants de France, qui estiment que le dispositif ARENH est « dépassé » en l’état actuel. « L’irrigation a besoin d’un prix régulé et raisonnable de l’électricité pour pouvoir nourrir la population ». Irrigants de France et Asa France ont lancé une enquête commune auprès de leurs adhérents respectifs afin de disposer de chiffres précis et d’alerter les pouvoirs publics sur la rentabilité des filières irriguées.

Des aides dans le cadre du Plan de relance

De leur côté, les irrigants cherchent à améliorer leurs pratiques en agissant sur deux leviers que sont l’efficience de l’eau et l’efficience énergétique des installations. Le premier repose sur la réduction des pertes d’eau sous l’effet des pratiques culturales (couverture du sol, conservation ou apport de matières organiques, esquive...), de la détection et de la réparation des fuites, des systèmes d’automatisation et de pilotage et enfin de l’amélioration des équipements, pas tous égaux. Le second levier consiste à améliorer les caractéristiques hydrauliques de l’installation afin de réduire les pertes énergétiques en agissant sur le dimensionnement des pompes et des canalisations, le recours à un variateur de vitesse, etc.

Dans le cadre du Plan de relance et plus précisément du programme dévolu à « la 3ème révolution agricole », un guichet de 20 millions d’euros est ouvert jusqu’au 31 décembre 2023, allouant notamment des subventions aux outils d’aide à la décision et au pilotage de l’irrigation.

Les références expérimentales

Selon l’Inrae, en parcelle alimentée par réseau collectif, les références expérimentales font état d’économies d’énergie comprises entre 1 et 6 entre des mini-diffuseurs (0,0418 kWh/m3) ou encore du goutte-à-goutte (0,0525 kWh/m3) et un enrouleur (0,2860 kWh/m3), le pivot se situant à 0,0907 kWh/m3, faisant mieux que la couverture intégrale haute pression (0,1428 kWh/m3) mais moins bien que la couverture intégrale basse pression (0,0774 kWh/m3).

En parcelle alimentée par pompage individuel électrique, les moyennes expérimentales s’établissent à 0,54 kWh/m3 pour l’enrouleur, 0,43 kWh/m3 pour les pivots-rampes et 0,14 kWh/m3 pour le goutte-à-goutte.

La performance énergétique s’obtient en divisant la puissance des pompes installées par le débit de l’équipement.