Le président de la République n’exclut pas une loi Egalim 3

A Terres de Jim, Emmanuel Macron n’a pas exclu de légiférer à nouveau pour défendre le revenu des agriculteurs. Il a aussi exhorté nos compatriotes à consommer « français ».

Devant les JA réunis à Terres de Jim le 9 septembre dernier à Outarville (Loiret), la président de la République a posé les jalons du Pacte d’orientation d’avenir de l’agriculture, prélude à une loi qui sera présentée au Parlement au premier semestre 2023. Il a notamment évoqué la pierre angulaire de l’installation : la rémunération. « S’il n’y a pas de revenu, on continuera à fermer les exploitations. S’il n’y a pas de revenu, on continuera à décapitaliser dans le lait, dans la viande. S’il n’y a pas de revenu, on ne pourra pas convaincre des jeunes de venir s’installer. On doit continuer durablement à poursuivre le travail enclenché avec Egalim 1 puis Egalim 2 », a déclaré le chef de l’Etat.

"On n’aurait pas fait ensemble Egalim 1 et Egalim 2, les fermetures d’exploitation dans beaucoup de secteurs, ça serait bien pire"

Le président s’est fait l’avocat des deux lois qui ont jalonné le début et la fin de son premier quinquennat. A propos d’Egalim 1, la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable, promulguée le 1er novembre 2018, il s’agissait d’une loi « pour défendre les prix, la profession, les producteurs, les transformateurs face aux excès, aux dérives de la LME et aux pratiques qui consistaient à dire : plus rien n’a de valeur, il faut payer toujours moins cher, a-t-il dit. On a mesuré Egalim 1, on n’était pas au rendez-vous, on a pris ensemble grâce au travail de tout le monde Egalim 2. Grâce à cela, croyez-moi, on a évité des drames, on n’aurait pas fait ensemble Egalim 1 et Egalim 2, les fermetures d’exploitation dans beaucoup de secteurs, ça serait bien pire ».

Manque de chance : les dérèglements économiques engendrés par la reprise post-Covid puis la guerre en Ukraine ont déclenché une spirale inflationniste et relancé la guerre des prix chez les distributeurs, ce que les lois Egalim étaient justement censées déminer. « Egalim 2 sera appliquée avec la plus grande fermeté et des sanctions comme celles que l’on a passées l’année dernière seront mises en place, elles sont parfois massives », a dit le président.

Il n’a pas exclu de légiférer à nouveau en la matière. « Si la deuxième saison d’Egalim 2 n’est pas au rendez-vous, je suis tout à fait prêt à changer de manière profonde nos textes pour aller plus loin, protéger les producteurs et protéger les transformateurs, et en particulier les PME et TPE du secteur si elles continuent d’être sous la pression de certaines structures qui ne veulent pas jouer le jeu, qui n’ont pas compris que le monde était en train de changer ».

Mobiliser et convaincre les citoyens-consommateurs

Le président de la République a aussi lancé un appel aux consommateurs. « Il faut continuer à faire la pédagogie : si on n’accepte pas de payer l’alimentation, comme on l’a fait pendant la période Covid, alors on condamne nos producteurs à continuer de fermer, c’est ça la réalité, et donc oui, l’alimentation, elle a un prix, parce que produire a un coût et derrière il y a des années de travail et que l’on ne peut pas toujours accepter la baisse continue surtout quand les coûts fabriqués augmentent (...). Notre responsabilité comme Nation c’est de passer dans tous les esprits ce message : acheter au bon prix parce que derrière, y a des gens qui vivent et y a leur travail, respecter celles et ceux qui travaillent jour et nuit et ne savent pas ce qu’est un jour de repos, respecter la place de l’élevage, de toutes les agricultures et de toutes les formes d’agriculture et de tous les modèles (...) C’est la Nation toute entière qui doit se tenir aux côtés du monde agricole pour garder cette souveraineté et la renforcer, c’est indispensable ».