Légumes : biocontrôle et pulvérisation de précision se rencontrent pour optimiser les traitements

Lors d’essais en Bretagne et dans le Nord de la France, l’Unilet a associé le Beloukha et le pulvérisateur ARA d’Ecorobotix pour les traitements en post-levée. Les résultats ont permis de réduire largement l’IFT tout en gardant l’efficacité d’un itinéraire cultural conventionnel.

L’avenir du désherbage en culture légumière ne passera par une innovation miracle mais bien par une synergie entre différentes solutions. C’est ce qu’ont mis en évidence des essais réalisés sur haricot, épinard et oignon par l’Interprofession des légumes industries (Unilet) en partenariat avec Certis-Belchim et Ecorobotix. En associant le Beloukha, seul produit de biocontrôle autorisé en désherbage, avec la technologie du pulvérisateur de précision ARA, l’Unilet a pu diminuer l’IFT herbicide de 50 à 90 % sans perte d’efficacité.
L’enjeu du désherbage est primordial pour les légumes industries dont la croissance lente offre des fenêtres de développement importantes aux adventices. « Il y a le soucis de la récolte. Les corps étrangers peuvent être ramassés avec la culture dont des plantes toxiques [...] Or entre la récolte et la mise en sachet, il s’écoule en moyenne 4h. Tout ce qui ajoute du tri ralenti la chaîne » détaille Olivier Favaron, ingénieur régional au sein l’Unilet lors de la présentation des résultats d’essais à l’occasion du SIVAL 2024 à Angers.

Réduire le coût de traitement

La principale innovation dans ces essais repose sur l’utilisation de l’ARA d’Ecorobotix. Cette technologie utilise l’intelligence artificielle pour distinguer la culture en place et des adventices. Le désherbant peut ainsi n’être appliqué que sur les herbes indésirables avec une précision de zonage de 6 cm x 6 cm. « Nous avions déjà réalisé des essais avec le Beloukha en 2016, mais nous avions un peu mis cette solution de côté du fait de son coût » explique Olivier Favaron. De ce point de vue, le pulvérisateur d’Ecorobotix permet de réduire considérablement la quantité de produit utilisé. Lors des essais réalisés par l’Unilet sur haricot en ciblant la pulvérisation sur les adventices, le Beloukha a été utilisé à raison de 7l/ha lors du premier passage et 2,6l/ha lors du second passage. Or la recommandation de Certis-Belchim pour un passage en plein de ce produit est fixé à 16l/ha.

Pour autant, les résultats obtenus par l’Unilet mettent un évidence un coût toujours important pour cet itinéraire cultural. Si le surcoût lié au Beloukha est revu à la baisse, du fait des quantités moindres utilisées, celui lié à l’utilisation de la machine doit lui aussi être comptabilisé. Différent en fonction du débit de chantier et donc des cultures, il est estimé par l’Unilet aux alentours de 100€/ha en épinard, 200€/ha en haricot et 300€/ha en oignon. Il peut également évoluer en fonction du salissement de la parcelle. Malgré son coût d’utilisation, l’ARA séduit les producteurs puisque plus d’une vingtaine de ces machines tournent aujourd’hui dans l’hexagone sur des cultures d’oignon.

Intervenir en post-levée

L’utilisation de l’ARA d’Ecorobotix lève un autre inconvénient du Beloukha. Ce produit étant très peu sélectif, son utilisation en post-levée se révélait compliqué. Les essais réalisés par l’Unilet sur pois en 2016 mettaient en évidence une non acceptabilité de la phytotoxicité du produit à la dose réduite de moitié de 8l/ha. Or l’ARA peut être utilisé en mode « non-sélectif ».

Dans cette configuration, le pulvérisateur intègre que le produit est phytotoxique pour la culture et évitera strictement le rang, même si cela nécessite de ne pas traiter des adventices trop proche. En l’occurrence, pour les essais, il a été utilisé en mode « sélectif ». « Nous préférons perdre des haricots pour être sûr de ne pas avoir de datura » commente Olivier Favaron.