Les semis de betteraves sucrières en baisse de 4,9%

La sole passerait sous la barre des 400.000 ha, une première depuis la fin des quotas. Les semis d’orge sont par ailleurs en recul de 14,2% selon Agreste, pour qui les agriculteurs ont privilégié les cultures d’hiver, influencés par la sécheresse de l’an passé et par les niveaux de prix.

Avec des hausses d’emblavement de +1,8% pour le blé tendre (+85.000 ha), de +3,2% pour l’orge d’hiver (+41.000 ha) et de +9,3% pour le colza (+115.000 ha), à peine minorées par le recul du blé dur (-11.000 ha, -4,1%), il fallait s’attendre à un rétrécissement de la sole de printemps, ce qu’Agreste vient de confirmer avec ses premières estimations. Ainsi, les orges de printemps sont les premières à faire les frais des arbitrages, avec une baisse de -14,2% (-80.000 ha). Les surfaces de protéagineux, dont Agreste ne distingue pas celles d’hiver et de printemps, sont estimées à 270.000 ha, en hausse de +3% par rapport à 2022.

Les surfaces de betteraves industrielles passeraient pour la première depuis la fin des quotas sous le seuil des 400.000 ha, 380.000 ha précisément. Elles reculeraient ainsi de 20.000 ha par rapport à 2022 et de 50.000 ha par rapport à la moyenne 2018-2022. Selon Agreste, elles resteraient quasi-stables en Normandie (+0,1%) mais diminueraient dans les autres régions productrices, et plus particulièrement en Île-de-France (-15,0%) et Centre-Val de Loire (-15,4%). La baisse est plus limitée dans les Hauts-de-France (-4,1%) et dans le Grand-Est (-1,8%) où les surfaces de betteraves sont les plus importantes.

Les surfaces de pommes de terre de conservation et demi-saison (153.000 ha) seraient quasi- stables par rapport à 2022 et à la moyenne des cinq dernières années, tandis que celles de pommes de terre de féculerie diminueraient de 10,3% sur un an et de 18,4% par rapport à la moyenne 2018-2022.

Les betteraviers toujours en attente de l’acte délégué

Agreste ne fait pas le parallèle entre la baisse de la sole betteravière et l’interdiction de recourir aux semences traitées aux néonicotinoïdes, en vertu d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) le 19 janvier dernier. Le recul de 4,9% pourrait apparaître comme un moindre mal. Tereos par exemple évoquait une baisse de 10% des « engagement » coopératifs » à l’annonce de son projet d'arrêter l’activité sucrière du site d’Escaudœuvres (Nord).

Le ministère de l’Agriculture s’est engagé à indemniser les planteurs en cas d’attaque de jaunisse, les alternatives n’étant pas au niveau de protection garanti par les néonicotinoïdes. Mais l’acte délégué en provenance de la Commission européenne se fait attendre. De cet acte dépend la possibilité pour la France de sortir son carnet de chèque et pour les producteurs de passer outre la règle des minimis, plafonnées à 20.000 euros sur trois ans. Par ailleurs, la profession ne veut entendre parler ni de plafonnement des aides, ni de franchise comme ce fut le cas en 2020, où la jaunisse avait généré de grosses pertes de rendement. Le dispositif d’aide de l’Etat avait alors instauré une franchise de 30% et 35%, respectivement pour les assurés et non assurés climatiques.