Betteraves : Tereos annonce la fermeture de deux usines en France

Nouveau coup dur dans le monde du sucre : le groupe Tereos a annoncé le 8 mars la fermeture d'une sucrerie et d'une distillerie, qui pourrait conduire à la suppression de 149 postes, dans le cadre d'un projet de "réorganisation de son activité industrielle en France".

Malgré une forte hausse du prix du sucre, de l'alcool et de l'éthanol qui a fait bondir ses ventes au dernier trimestre 2022 (+34%), Tereos, deuxième producteur mondial de sucre (Béghin Say), justifie sa décision de fermer deux sites par "une réduction durable" des emblavements de betteraves et "une baisse continue des rendements depuis la campagne 2018/19". Le groupe a décidé d'arrêter l'activité sucrière du site d'Escaudoeuvres dans le Nord (123 postes) et de sa distillerie de Morains dans la Marne (26 postes), a-t-il précisé dans un communiqué.

Tereos, qui a traversé ces dernières années une grave crise de gouvernance, avait prévenu fin février qu'il s'attendait à une augmentation de sa dette nette du fait de la hausse des prix des matières premières et de l'énergie. La direction de Tereos France, qui a annoncé ce projet de fermeture le 8 mars aux représentants des personnels concernés, dit vouloir privilégier un reclassement des salariés en proposant "différents postes au sein des autres sites" du groupe dans la région.

La baisse des surfaces emblavées est supérieure à 10% dans le secteur d'Escaudoeuvres, selon Tereos. Les betteraves récoltées près de cette usine seront désormais transformées "sur les sites voisins", précise le groupe.

"Il se produit exactement ce que l'on craignait : les surfaces ont diminué d'environ 7% en France et c'est maintenant toute la filière qui est en danger, des producteurs jusqu'aux sucreries", a réagi auprès de l'AFP Franck Sander, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB).

Après leur mobilisation dans la rue et pour les inciter à planter, le gouvernement leur avait promis une indemnisation totale de leurs pertes en cas d'épisode de jaunisse en 2023.

"Le prix de la betterave n'a jamais été aussi élevé. C'était l'année ou jamais pour planter. Le principal facteur expliquant la baisse des surfaces est l'interdiction des néonicotinoïdes, parce qu'on n'a toujours pas de solution alternative pour protéger nos cultures", a martelé M. Sander.

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a appelé le groupe sucrier Tereos à ne laisser "aucun agriculteur et aucun salarié sans solution". "Tereos doit assumer ses choix économiques en transparence, et les expliquer, alors que des engagements ont été pris en 2020 et 2021 sur la pérennité des outils industriels", a souligné M. Fesneau sur Twitter le 9 mars.

"Des garanties ont été données pour les planteurs", a affirmé le ministre, en référence au récent engagement du gouvernement d'indemniser en totalité les pertes de production en cas d'épisode de jaunisse de la betterave en 2023. "Nous y veillerons pour tous les salariés", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.