Moral de la bio : des producteurs fiers, résolus... mais inquiets

[Tech & Bio 2023] C’est l’enseignement du premier Baromètre du moral des agriculteurs bio réalisé par l’Agence bio. Pour sortir de la crise, les producteurs en appellent au collectif, au citoyen-consommateur et à la puissance publique.

A l’occasion de la 9ème édition de Tech & Bio à Valence (Drôme), l’Agence bio a présenté les résultats d’une enquête, première du genre, visant à cerner le « moral » des agriculteurs bio. Premier enseignement : 20% des 60.000 producteurs certifiés y ont répondu, témoignant à la fois de la représentativité du Baromètre et du besoin de s’exprimer, à l’heure où la consommation ne suit plus la production.

Selon une étude de FranceAgriMer, le marché des produits bio a reculé de 7,8% en volume en 2022 et de 3,9% en valeur, quand le marché alimentaire global reculait de 2,2% en volume et progressait de 4,3% en valeur. En cause : l’inflation, qui pénalise l’ensemble des produits sous signe de qualité, mais également une forme de prédilection pour les produits locaux, sur fond d’interrogation sur les bienfaits et l’origine de la bio.

Des producteurs fiers...

86% des répondants déclarent qu’être en AB contribue à leur bonheur et 95% des répondants sont fiers d’être en bio. Le choix de l’AB participe à donner du sens à leur métier, être en accord avec leurs valeurs et leurs aspirations. Parmi les motivations majeures pour se convertir en bio, on compte : prendre soin de l'environnement (eau, sols, air, biodiversité) pour 85% des répondants, préserver la santé (la sienne, de sa famille, ses proches, ses salariés, voisins, consommateurs) pour 77% et retrouver la fierté de produire des aliments bons et sains pour 55% des répondants.

Des producteurs résolus...

Les agricultrices et agriculteurs bio sont 62% à exprimer leur confiance quant à l’avenir du développement du bio, un optimisme encore plus marqué parmi ceux engagés en 100% bio avec 68% de confiance exprimée. Cette confiance se retrouve également au niveau des candidats à l’installation. Selon les Régions, entre un quart (24%) et la moitié (48%) des candidats à l’installation souhaitent s’installer en bio.

Mais des producteurs inquiets

Sans surprise, les bio sont aussi très préoccupés par les nombreuses difficultés auxquels ils doivent faire face. 50% déplorent la faiblesse de plus-value sur une ou toutes leurs productions, 43% s’inquiètent de la suppression des aides au maintien et 38% affirment devoir faire face à l’alourdissement et l’augmentation des dépenses liées à la production et la main-d’œuvre. Les producteurs en appellent au collectif, du citoyen-consommateur à la puissance publique afin de vendre au juste prix la production agricole bio (55% des répondants), renforcer l’information du grand public sur ce qu’est l’agriculture biologique, ses bienfaits (51%), renforcer les aides (46%), baisser les charges (40%), développer l’organisation des filières (38%).

Pour l’Agence bio, les 60 000 fermes bio de France constituent « un patrimoine national qui donne à la France sa position de championne européenne de la production bio et qu’il faut préserver à tout prix. Pour éviter une régression en surface et nombre de fermes bio, qui serait dommageable pour la transition alimentaire et agricole en cours, il est crucial de pouvoir faciliter l’installation et pérenniser des débouchés pour les aspirants au bio. Il est désormais nécessaire de piloter le marché bio autant par l’offre que par la demande et d’avoir une consommation alimentaire cohérente avec nos ambitions de transition agricole ».