La bio, victime de l’inflation, mais aussi du « local »

[Tech & Bio 2023] C’est l’enseignement d’une étude de FranceAgriMer consacrée à l’impact de l’inflation sur la consommation alimentaire des Français en 2022, et qui relativise la concurrence des autres labels. L’écart de prix entre AB et conventionnel s’est pourtant resserré en 2022 mais son différentiel écologique peine toujours à convaincre.

56% des Français considèrent qu’il vaut souvent mieux acheter un produit « de bonne qualité » (fermier et/ou local) qu’un produit bio (Source : NielsenIQ). 32% des non-consommateurs de bio le justifient par le fait que les produits bio ne sont pas garantis « origine France » et peuvent venir de loin (Source : Kantar). 64% des consommateurs déclarent choisir leurs produits bio en fonction de l’origine, premier critère de choix (Source CSA pour FranceAgriMer). En 2017, à la question : « Sur quels produits souhaitez-vous avoir plus de choix en magasin, 46% des sondés indiquaient les produits locaux, 37% les produits français, et 30% les produits bio. En 2021, c’était respectivement 51%, 49% et 18% (Source : Circana). Tels sont les chiffres mis en avant par FranceAgriMer, pour expliquer le recul du marché de la bio en 2022. Le marché des produits bio a reculé de 7,8% en volume en 2022 et de 3,9% en valeur, quand le marché alimentaire global reculait de 2,2% en volume et progressait de 4,3% en valeur.

Le local davantage que les autres labels

Ces chiffres sont tirés d’une étude consacrée à l’impact de l’inflation sur la consommation alimentaire des Français en 2022, publiée en juillet dernier. « La principale concurrence ne semble pas venir des autres labels dont l’importance semble baisser en 2022, avec 18% de consommateurs prêts à payer plus cher contre 22% en 2020. C’est le local et l’origine France qui semblent être les promesses les plus porteuses du moment, et représentent pour le bio un enjeu de positionnement ».

Lors de la présentation des chiffres 2022 de l’AB en juin dernier, l’Agence bio avait devancé et en partie contrecarré les analyses de FranceAgriMer. « Alors que le local représente 1 à 2% des achats alimentaires des Français, c’est 13% en bio », déclarait sa directrice Laure Verdeau. « L’opposition entre : « je ne mange pas bio, je mange local », n’a plus lieu d’être : les français ont fait le choix des deux. La vente directe à la ferme, c’est la garantie d’avoir des produits bio ultra compétitifs ». Selon l’Agence bio, 26.300 fermes bio, soit presque une ferme sur deux (43%) réalisent de la vente directe, et ont vu leur chiffre d’affaires augmenter de 3,9% en 2022.

L’inflation d’abord

Outre la concurrence (local, autres labels) et la rationalisation de l’offre chez les distributeurs, l’étude de FranceAgriMer pointe cependant l’inflation comme premier facteur de régression du marché bio en 2022. « Le prix représente, bien avant la crise inflationniste, le principal frein à l’achat de produits biologiques », lit-on dans l’étude. Selon Kantar, 69% des non consommateurs de bio justifient leur décision par le fait que les prix des produits bio sont trop chers. Selon FranceAgriMer, l’écart de prix s’est pourtant réduit en moyenne de 11 points sur un an (décembre 2021 – décembre 2022) entre produits bio et conventionnels.

Dans la conjoncture actuelle, la bio doit plus que jamais justifier son différentiel de prix, sachant que 54% des Français interrogés par NielsenIQ considèrent que le bio est trop cher par rapport aux bénéfices qu’il apporte. 36% des sondés ne sont pas convaincus que les produits bio sont meilleurs pour la santé et 27% seulement estiment que la bio permet une agriculture vraiment plus écologique.