Physior, l’élevage de porcs qui coche(tte) toutes les cases (de la durabilité)

La coopérative Le Gouessant propose avec le concept Physior une troisième voie, entre élevage conventionnel et bio, cochant toutes les cases de durabilité, à commencer par le bien-être des animaux et le confort de travail des éleveurs, sans oublier l’attractivité du métier et la satisfaction finale des consommateurs.

Un accès à l’air libre et à la lumière naturelle via une courette, à toutes les étapes de la vie des cochons. Le ménagement de trois zones de vie distinctes pour tous les animaux, à savoir une zone de couchage à la bonne température, une zone d’activités favorisant l’expression des comportements naturels et une zone de déjections. Des truies gestantes logées sur paille et en toute liberté. Une contention réduite à 5 ou 6 jours pour sécuriser la reproduction. Des mises-bas en totale liberté et réalisées sur paille pour répondre l’instinct de nidification des truies. Des densités revues à la baisse, soit 0,57 m2 pour chaque porcelet en post-sevrage et 1,20 m2 pour chaque porc en croissance. Le bannissement de la castration chirurgicale et de la caudectomie. Telles sont les conditions d’élevage réservées par Physior, le concept d’élevage durable conçu par la coopérative Le Gouessant (Côtes d’Armor).

Les truies gestantes sont logées sur paille et en toute liberté (Crédit photo : Le Gouessant)
Les truies gestantes sont logées sur paille et en toute liberté (Crédit photo : Le Gouessant)

En phase avec les attentes sociétales

Le projet est né en 2020 et s’est concrétisé par la création d’une ferme pilote, à l’initiative d’un adhérent de la coopérative. L’exploitation en question intègre tous les stades physiologiques de la production, depuis l’arrivée des cochettes à l’âge de 6 mois jusqu’à la production de porcs charcutiers, pour un total de 265 truies conduites en 7 bandes, correspondant à une dimension « familiale » selon Le Gouessant. Le qualificatif n’est pas anodin car selon une étude que la coopérative a menée auprès d’un panel représentatif de 300 consommateurs de viande porcine, réalisée, au moment où elle a initié le concept Physior, la dimension familiale correspond à une attente sociétale.

Les mises-bas s’effectuent en liberté et sur paille pour répondre l’instinct de nidification des truies (Crédit photo : Le Gouessant)
Les mises-bas s’effectuent en liberté et sur paille pour répondre l’instinct de nidification des truies (Crédit photo : Le Gouessant)

Du reste, 84,8 % des consommateurs voyaient en Physior une bonne alternative aux élevages actuel, 79,7 % trouvant que le concept qui respectait le bien-être des porcs et 85 % se disant prêts à acheter de la viande produite dans ce modèle d’élevage.

Au chapitre du pilier environnemental de la durabilité, il faut citer la ventilation naturelle générée par des ouvertures thermorégulées et la gestion des déjections. Sous les zones sur caillebotis, des racleurs en V évacuent les déjections et séparent l’urine des fèces pour réduire les émissions d’ammoniaque. Les fosses sont couvertes pour limiter les déperditions vers l’atmosphère. Les déjections sont ensuite compostées avant leur valorisation au champ.

Des cases « sentinelles » en guise de monitoring

Si Physior rehausse les exigences et garanties apportées en termes de respect des animaux et de l’environnement, le concept n’oublie pas la condition de l’éleveur. La coopérative met en avant l’automatisation d’un certain nombre de tâches et le travail en lumière naturelle. De nombreux capteurs, sondes et caméras permettent de connaître en temps réel les performances technico-économiques et facilitent la gestion du troupeau. Le monitoring électronique est poussé dans ses retranchements dans des cases dites « sentinelles » réparties dans les différents bâtiments, avec force boucles RFID, capteurs et caméras. Sont ainsi évalués différents paramètres relevant du bien-être animal (mouvement, occupation des différentes zones de vie, suivi d’ambiance...), de l’environnement (rejets de CO2, d’ammoniaque, de particules...) du confort de travail (répartition des tâches, mesures de bruit).

Rémunérer et attirer

L’analyse des performances économiques du concept Physior passe par la suivi technique GTE et STI par bande, le suivi des consommations d’eau et d’aliment, les pesées automatiques ou encore note d’état corporel des animaux.

En ce qui concerne la dimension économique de la durabilité, la coopérative fait part « d’excellentes performances technico-économiques, quasi équivalentes au conventionnel ». L’enjeu de Physior, c’est aussi de redonner une dimension plus « animalière » au métier d’éleveur, de nature à renforcer l’attractivité du métier et par ricochet, la pérennité de la filière et in fine  la souveraineté alimentaire. La viande de porc est en effet, et de loin, la première viande consommée en France et selon Selon FranceAgriMer, la balance commerciale de la France était, en 2022, positive en tonnage (+19.000 tonnes en 2022) mais négative en valeur (-134M€). Outre la ferme pilote, deux autres sites Physior, engraisseurs, sont opérationnels dans les Côtes d’Armor. La coopérative vise 20 sites à l’horizon 2029.