Sécheresse : pour les éleveurs de ruminants, le compte n’y est pas

Face à « l’état d’urgence absolue » engendré par l’épisode de sécheresse « historique », FNB, FNEC, FNO et FNPL demandent le déplafonnement des seuils des taux de pertes physiques et financières fixés dans le régime des calamités agricoles. Les quatre organisations évaluent entre 2 à 4 milliards d’euros l’impact de la sécheresse pour les éleveurs.

Jusqu’à son dernier souffle, programmé le 1er janvier 2023 avec avec l’instauration du nouveau dispositif de gestion des risques climatiques, le régime des calamités agricoles aura subi des coups de butoir. Le dernier en date est l’œuvre des associations spécialisées d’élevages de ruminants. Régissant au premier train de mesures annoncées le 22 août dernier par le ministère de l’Agriculture, FNB, FNEC, FNO et FNPL réclament le déplafonnement des seuils entourant le régime des calamités agricoles. « Le seuil de 13% de baisse de chiffre d’affaires à démontrer doit être abaissé et celui de 28% de pertes indemnisées doit être très fortement augmenté », demandent-elles dans un communiqué.

L’activation du régime des calamités agricoles, auquel les prairies sont éligibles, figure en bonne place des mesures ministérielles, aux côtés des dégrèvements de Taxe foncières sur le foncier non bâti (TNFB) ou encore du relèvement des avances des aides Pac versés le 16 octobre, pour « un montant de 1,5 milliard d’euros », avait précisé le ministre de l’Agriculture.

Marc Fesneau avait par ailleurs évoqué le renfort « d’autres dispositifs dans les semaines qui viennent, au gré de ce que sera la bilan final », soulignant « un risque de décapitalisation devant nous » et le manque de « disponibilité́ en fourrage et alimentation animale pour l’hiver ».

"Ce sont 2 à 4 milliards d’euros dont auront besoin les éleveurs pour compenser la perte de production et les achats futurs d’alimentation"

La FNB, la FNEC, la FNO et la FNPL ne souhaitent pas plus attendre et réclament d’ores-et-déjà d’autres gages, « notre pays a déjà perdu 24% de ses éleveurs de bovins, d’ovins et de caprins, depuis dix ans », font-elles savoir. « Ce sont 2 à 4 milliards d’euros dont auront besoin les éleveurs pour compenser la perte de production et les achats futurs d’alimentation liés à la destruction de prairies et de cultures fourragères ».

Réactions de la FNSEA et de la CR

« Faire face à l'urgence de la situation est indispensable, mais insuffisant, tant se fait sentir le besoin de mesures de fond », avait réagi la FNSEA aux annonces ministérielles, évoquant notamment la mise en œuvre « de tous les moyens pour aboutir à la réalisation effective d'ouvrages de stockage d’eau » ou encore la réforme l’assurance récolte. « Des critères fixés au démarrage dépendra la réussite ou non de la réforme de la politique de gestion des risques », avertit la FNSEA.

De son côté, la Coordination rurale dénonce des « mesurettes », regrettant le simple report du paiement des cotisations sociales et non « l’exonération totale ». « Pour pouvoir les payer l’année prochaine, il va falloir que les revenus agricoles augmentent de façon significative », revendique le syndicat.