Un mois de janvier 2024 doux mais très contrasté

Le mois de janvier ne fut pas uniforme avec trois périodes distinctes : deux périodes de douceur et un seul coup de froid sans excès.

Les trois périodes distinctes sont : 

Du 1 au 6 janvier 2024 : +3,9°C ;
Du 7 au 21 janvier 2024 : -2,9°C ;
Du 22 au 31 janvier 2024 : +3,9°C.

Pour ce mois de janvier, 13 journées sont en-dessous des normales climatiques et 18 journées au-dessus des normales climatiques. Le constat est frappant, les anomalies chaudes compensent et  dépassent toujours les anomalies froides. Le thermomètre s’est abaissé en début de matinée du vendredi 19 janvier 2024, jusqu’à -14,6°C à Arras (Pas-de-Calais) ce qui constitue le seul record mensuel de froid du mois. À peine une semaine plus tard, le vendredi 26 janvier, 25,6°C ont été relevés à Vives (Pyrénées-Orientales) et 25,7°C à Licq-Athérey (Pyrénées-Atlantiques. Une amplitude thermique maximale de 40,4 degrés ! 

©NicolasLeFriant

Le mois de janvier se termine avec une anomalie positive de 0,59°C. C’est donc en France, le 24 ème mois consécutif au-dessus des normales climatiques …

Le climat du Roussillon devient semi-aride !

Entre la Catalogne française et espagnole, le déficit ne cesse de s’accroître depuis plusieurs années. Ce n’est pas sans rappeler des contextes climatiques analogues, observés, en Californie ainsi qu’en Afrique du Sud, régions sous l’influence du climat dit « méditerranéen ».

Toutefois, à l’échelle de la France, ce mois de janvier s’est achevé par une dernière décade, non seulement très douce, mais surtout très sèche

Évolution de la sécheresse entre le début et la fin janvier avec la comparaison de la situation des nappes entre début et fin janvier 2024
source info-secheresse.fr

Les précipitations 

Au niveau des précipitations, la situation est nettement favorable, comparée à janvier 2023, à l’exception des régions proches de la Méditerranée et surtout le Roussillon où le contexte devient très critique en raison d’un manque de précipitations depuis plus de 2 ans désormais.
À titre d’exemple, à Perpignan, les cumuls pluviométriques relevés sont les suivants :
Janvier 2024 : 13,2 mm ;
Décembre 2023 : 7 mm ;
Novembre 2023 : 6,6 mm ;
Octobre 2023 : 15,4 mm
Septembre 2023 : 40,8 mm (dont 33,2 mm le 12 septembre) ;
Août 2023 : 11,8 mm…
Soit un total de 94,8 mm sur les 6 derniers mois.

La normale, pour la même période est de 335,4 mm. Un déficit de 71,73 % de précipitations !

Le niveau pluviométrique se clôture sur un déficit de près de 20% avec d’importantes disparités. Il a beaucoup plu au nord, en particulier vers le Nord-Pas-de-Calais, où de nouvelles crues ont été malheureusement observées, et très peu, voire pas du tout, vers le domaine méditerranéen.

Pour ne pas subir de nouvelles restrictions et arrêtés préfectoraux au cours du printemps et de
l’été 2024, il faudrait observer le passage de nombreuses perturbations océaniques pluvieuses au cours des mois de février et de mars, qui sont encore des mois permettant la recharge des
nappes phréatiques. 

Des récurrences anticycloniques plus fréquentes depuis 2015 en France

Depuis 2015, les cellules de Hadley ont réellement une tendance à remonter en latitude, ce qui entraîne une récurrences anticycloniques favorisant de la douceur et de longues périodes de sècheresse en France.

La ceinture anticyclonique, généralement située au niveau des Tropiques du Cancer (hémisphère Nord) et du Capricorne (hémisphère Sud), a tendance à remonter en latitude en direction de l’Europe du Sud et de l’Ouest. La réanalyse du modèle ECMWF (modèle de prévisions météorologiques européens) montre une importante anomalie positive de la pression atmosphérique, vers 5000 mètres d’altitude (500 hPa) en particulier sur la France, constatée depuis 2015.

La réanalyse du modèle ECMWF (modèle de prévisions météorologiques européens)
source climatereanalyzer.org

Ce type d'anticyclone subtropical puissant devient très fréquent et en toute saison. Il favorise du temps très sec et surtout des températures situées au-dessus des normales climatiques. Cette tendance à une hausse du champ de pressions amène une anomalie positive des températures depuis 2015 également. 

Anticyclone subtropical
source climatereanalyzer.org

Le positionnement de ces hautes pressions favorise, tout au long de l’année, la remontée d’une masse d’air chaud, voire très chaud, en période estivale, en provenance directe d’Afrique du Nord, d’où l’augmentation des épisodes caniculaires entre juin et septembre en France. En juin 2022, nous avons observé la canicule la plus précoce et, en septembre 2023, la plus tardive.

Quelles sont les prévisions météorologiques au cours des 10 prochains jours en France ?

Les hautes pressions depuis le dernière décade du mois de janvier, vont progressivement s’affaisser en altitude vers le bassin méditerranéen puis l’Afrique du Nord.

Cela va permettre à un vaste système dépressionnaire de faire son entrée par l’ouest de l’Europe, et donc de la France, dès demain mercredi. Ainsi, de mercredi à samedi, toujours dans une masse d’air très doux, l’ambiance sera nettement plus humide et agitée avec des passages pluvieux et ventés. De fortes précipitations sont attendues des Cévennes à la PACA entre vendredi matin et dimanche midi (épisode pluvieux épargnant le Roussillon) avec, pour le moment, des cumuls pluviométriques prévus de l’ordre de 100 à 200 mm sur les Cévennes et de 50 à 90 mm sur le Languedoc et la PACA.

En revanche, à partir de dimanche, le système dépressionnaire se décalera davantage vers l’Europe centrale ce qui permettra à l’air froid de s’engouffrer, via les îles britanniques, avec un flux basculant au nord-ouest. Résultat, la neige se généralisera sur l’ensemble des reliefs, entrainant dans un premier temps, des températures de saison pour la journée du lundi 12 février.

Pour la suite, du 12 au 19 février, la synoptique générale tendrait à la mise en place d’un axe anticyclonique entre le Groenland, l’Islande, l’ouest de la Scandinavie et jusqu’au nord-ouest de la France, favorisant l’arrivée d’une masse d’air froid et plus sec au nord et sûrement plus humide au sud…

ECMWF