Un plan d’action pour consolider le maillage d’abattoirs

Le plan ministériel élaboré en concertation avec les filières et les collectivités territoriales s’inscrit dans un contexte de décapitalisation du cheptel, sur fond d’inflation des coûts d’exploitation des abattoirs.

Selon l’Institut de l’élevage, entre décembre 2016 à décembre 2022, le cheptel bovin français a perdu 9,5% de ses effectifs, soit 837.000 vaches, réparties entre 494.000 vaches allaitantes (-11,4%) et 443.000 vaches de races laitières et mixtes (-7,7%). Entre 2021 et 2022, le rythme annuel de baisse est passé de 2,8% à 3,0% et le chiffre 2023 devrait être dans la lignée de 2022. En ce qui concerne la production de viande bovine, après une baisse de 4,6% en 2022, la production nette de bovins finis est annoncée en baisse de 1,6% en 2023, à 1,337 million de tonnes équivalent carcasse. Et pour finir, les projections de l’Institut de l’élevage à l’horizon 2030 font état d’une perte de 10% du nombre de vaches. Bref, le « moule à veaux » qu’est, ou qu’était la France, se fissure allègrement.

Outre l’impact sur la balance commerciale, déficitaire de 150.000 tonnes équivalent carcasse en 2022, la baisse de production bovine hypothèque la rentabilité des outils d’abattage qui pourrait alimenter elle-même la décapitalisation.

Ni le constat ni la prise de conscience ne sont nouveaux. A l’automne 2020, dans le cadre du Plan de relance, le ministère de l’Agriculture fléchait 250 millions d’euros pour moderniser les élevages et les abattoirs, ces derniers héritant d’une manne de 115 millions d’euros. « Le contexte actuel des filières d’élevage est marqué par une décapitalisation plus marquée ces derniers mois, combinée à une augmentation du coût de l’énergie et à l’inflation, indique le ministère de l’Agriculture dans un communiqué daté du 7 juillet. Cette conjoncture est susceptible de menacer la pérennité des abattoirs de boucherie les plus fragiles. Ce contexte appelle à réagir en anticipation pour préserver le maillage pertinent au niveau de chaque territoire et ainsi garantir la pérennité de nos filières d’élevage ».

Les 4 axes du plan

La France compte actuellement 233 abattoirs de boucherie répartis sur tout le territoire. Pour assurer leur pérennité, le ministère de l’Agriculture lance un plan d’action élaboré en collaboration avec les filières professionnelles et les collectivités territoriales en quatre axes. Le premier consiste à interroger dans chaque région l’adéquation entre le besoin et l’offre en matière d’outils d’abattage, tant sur le court terme que le moyen et long terme, pour ensuite identifier les axes d’amélioration et d’adaptation pertinents par bassins.  Le deuxième axe vise à développer une méthodologie harmonisée permettant d’évaluer les forces et les faiblesses d’un abattoir de boucherie. Les problématiques susceptibles d’impacter la viabilité d’un abattoir sont, en effet, de diverses natures : enjeux sanitaires, enjeux de protection animale, équilibre financier, gouvernance et direction de l’abattoir, stratégie d’entreprise, etc. Le troisième axe vise au recensement dans un document unique des outils mobilisables par les différents acteurs pour accompagner les établissements en difficultés sur les plans économique et sanitaire. Le dernier axe consiste à améliorer la synergie existante entre les différents services de l’État au bénéfice de l’accompagnement des abattoirs.