Cantal : quelles solutions en Margeride pour adapter son exploitation au climat ?

Au programme de l’assemblée générale du GVA Ruynes/Saint-Flour nord, dans le Cantal, un changement climatique qui nécessite de nécessaires adaptations.

En Margeride

Le changement climatique est général, mais l'intérêt de cette séance à laquelle assistaient le 13 décembre à Saint-Georges, une trentaine d'adhérents, était de transposer la question au territoire de la Margeride pour répondre au défi climatique.

Hausse de  la température de 0,35°C chaque décennie et plus marquée au printemps ; forte augmentation du nombre de jours assez chauds (plus de 25 ° C) ; augmentation de la variabilité des températures avec maintien des risques de gels tardifs au printemps et précoces à l'automne ; maintien du cumul de la pluviométrie annuelle, mais cumul en baisse au printemps et en hausse à l'automne ; cumul d'évapotranspiration annuel en hausse de l'ordre de plus de 15 % en 50 ans, principalement en été et au printemps ; bilan hydrique dégradé de l'ordre de 100 mm sur 50 ans ; évolution enfin des phénomènes rares (excès d'eau, sécheresses, canicules, gelés tardives...).

Du Massif central à la Margeride

"Nous avons travaillé en novembre avec le conseil d'administration, Yann Bouchard, ingénieur référence à la Chambre d'agriculture, et Christophe Chabalier, ingénieur agronome, sur l'adaptation des pratiques culturales au changement climatique (AP3C). Un projet à la dimension du Massif central, lequel, en lien avec un climatologue nous donne une prospective sur les 30 ans à venir" explique David Lamat, animateur du GVA. Ainsi, à partir des données de deux stations météo référentes, à Coltines et Saugues (Haute-Loire), Yann Bouchard a exposé lors de cette soirée les résultats relatifs au territoire de la Margeride. Et, très concrètement, ce qu'il faut attendre du climat de demain. 

2019 année témoin

La prospective fait apparaître que l'année 2019 serait assez représentative du climat que l'on aura dans les années 2050 (encadré). Autant de données en fonction desquelles, l'impact sur les exploitations a été ciblé. "Nous devons être acteurs, anticiper, et chaque stratégie doit être diversifiée selon chaque exploitation", résume David Lamat.  Ainsi, en quelques exemples, la stratégie "pâture", conseille une gestion de la pâture du printemps où, en fonction des gelées tardives, de la pousse précoce, et de fenêtres. Météo courtes, il est sage de prévoir des surfaces de fauche dans les tours de pâture, et de sortir tôt les animaux. En été, en fonction du stress hydrique, l'important est de penser à aménager les bâtiments (brumisateurs, isolation, ventilation). De même, de penser aussi à l'abreuvement par captage, forage, réserve d'eau. Et enfin, d'adapter le chargement au potentiel agro-climatique en réduisant le nombre d'animaux improductifs d'une part et en diminuant l'âge du vêlage d'autre part. La stratégie "céréales", en automne (gelées inchangées mais événements plus marqués), demande de privilégier des variétés plus résistantes aux maladies et, pour ce qui est des semis de culture, de veiller à l'érosion suite à labour. La stratégie "stocks" préconise, au printemps, de se caler aux sommes de température, mais aussi de stocker plus, et à l'automne, de pratiquer les semis de cultures (méteils) sur prairies vivantes.

Du travail pour les GVA

Enfin, c'est en termes économiques que la réflexion doit porter. Un impact que Yann Bouchard a exposé en fonctions des différentes stratégies d'adaptation aux évolutions climatiques précitées. Si, explique David Lamat, "l'ensemble de ces adaptations a un coût et pas vraiment de produits en face", il apparaît que "le mieux est de faire son fourrage soi-même, (achat de fourrage en dernier ressort), donc moins de céréales et plus de surface en herbe, mais aussi de réduire le nombre d'UGB, grâce notamment au vêlage précoce, doublé de l'élimination des animaux improductifs". Plus globalement, toutes ces pistes vont constituer, pour les GVA, "des chantiers synonymes de pistes d'actions, d'expérimentations, d'essais à mettre en place".