- Accueil
- Les agriculteurs européens ne partagent pas tous le sentiment d’agribashing
Les agriculteurs européens ne partagent pas tous le sentiment d’agribashing
Une enquête menée par le syndicat agricole Copa-cogeca offre une première tentative d’évaluation de la perception d’agribashing au niveau européen. Tandis que les agriculteurs français et allemands se sentent particulièrement sous le feu des critiques, les Italiens et les Hongrois semblent moins affectés par ce phénomène.
Le Copa-cogeca a dévoilé le 1er juillet les résultats d'une enquête portant sur la perception de « l'agribashing » dans plusieurs pays européens et sur la façon dont ce sentiment pouvait affecter l'état d'esprit des agriculteurs. L'enquête a été menée auprès de 2 500 agriculteurs issus de quatre pays : l'Italie, la Hongrie, l'Allemagne et la France.
Les résultats indiquent que les agriculteurs français et allemands se sentent particulièrement sous le feu des critiques, tandis que leurs homologues italiens et hongrois semblent moins affectés par ce phénomène.
« L'agribashing tend à décrire une situation, notamment dans les médias traditionnels mais également sur les réseaux sociaux, dans laquelle les agriculteurs ont l'impression d'être durement et injustement critiqués pour leurs mauvaises pratiques en matière d'environnement, de climat et/ou de bien-être animal », rappelle le Copga-cogeca. Sans faire directement référence au concept d'agribashing afin de ne pas influencer les répondants, les questions portaient sur le sentiment critique à l'égard des activités agricoles et sur son influence sur la motivation des agriculteurs.
A la première question : « Au cours des six derniers mois, avez-vous observé une augmentation des commentaires critiques visant les activités agricoles dans le discours public ? », la France est le pays qui apparaît le plus touché par le phénomène. 75% des agriculteurs français ayant répondu à l'enquête estiment que le nombre de critiques envers la profession agricole a augmenté.
Les agriculteurs allemands sont en deuxième place dans la liste : 59% d'entre eux estiment avoir fait l'objet de critiques, tandis qu'en Hongrie et en Italie, l'impact des critiques dans le discours public s'est révélé faible, avec respectivement 38 % et 12%.
Pour la deuxième question, il a été demandé aux agriculteurs d'indiquer s'ils avaient fait l'objet de critiques directes concernant leurs pratiques agricoles. Une fois encore, la Hongrie et l'Italie n'ont observé qu'une quantité minime d'agriculteurs ciblés, avec respectivement 94 % et 99 % déclarant qu'ils n'avaient reçu aucune critique. En Allemagne, quelques 14 % des agriculteurs avaient été directement critiqués, et en France cette part avait atteint les 26 % au cours des six derniers mois.
La troisième question visait à déterminer si les critiques rencontrées directement ou indirectement avaient un effet sur la motivation des agriculteurs. 12% des agriculteurs italiens (un pourcentage surprenant étant donné le faible pourcentage de critiques à leur égard) ont affirmé que ces critiques ont bien eu un impact. Le pourcentage élevé de critiques à l'encontre des agriculteurs français entame directement, pour 31% d'entre eux, leur motivation à rester dans la profession. En Allemagne, un pourcentage plus élevé encore (33%) d'agriculteurs s'estime touché par ces critiques publiques et directes.
Au final, « il ne semble pas y avoir une corrélation linéaire entre le nombre de critiques dans chaque pays et la motivation des agriculteurs », conclut le Copa-cogeca, qui explique que « ce résultat pourrait impliquer d'autres préoccupations sous-jacentes et des conséquences socio-économiques en ce qui concerne la motivation des agriculteurs à poursuivre leurs activités ».
L'enquête a été menée au premier trimestre 2020, donc avant la pandémie de coronavirus. Celle-ci aura-t-elle eu un impact sur le sentiment d'agribashing des agriculteurs français ? « L'évaluation de ce sentiment n'est pas chose aisée, mais une comparaison sur la durée et entre les États membres pourrait fournir des informations de grande valeur », note le Copa-cogeca.