Les États généraux se clôturent sans Nicolas Hulot

Pour parachever cinq mois de concertation, une journée réunissant tous les acteurs se déroule le 21 décembre, à Paris. Grand absent de la matinée : le ministre de la Transition écologique et solidaire.

Les États généraux de l'alimentation se concluent en l'absence de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire. Les organisateurs ont annoncé qu'il n'interviendra pas lors de la journée de clôture, le 21 décembre comme c'était prévu dans le programme. Des « raisons d'agenda » sont invoquées. Selon un proche du ministre contacté par l'AFP, Nicolas Hulot « attend de voir les arbitrages annoncés en soirée par le Premier ministre Edouard Philippe »

Interpellations des ONG et réponse des agriculteurs

Face à cette absence remarquée, des ONG, réunies en une « plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire », questionnent : « le ministre de la Transition écologique retirerait-il sa caution aux conclusions des Etats généraux ? » Celles-ci réclament « des calendriers et des moyens » concernant les aspects sociaux et environnementaux. « Sur l'agriculture biologique par exemple, aucun objectif ambitieux est posé, ni aucun soutien financier. De même sur la sortie des pesticides, ou la lutte contre les contaminants chimiques », déplore la plateforme dans un communiqué. 

Ce constat est rejeté par Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, qui estime que lors de ces États généraux, des « engagements qualitatifs ont été énoncés ». « Nous ne sommes pas addict' aux phytos », insiste-t-elle. Mais la transition écologique des exploitations agricoles doit se faire « de façon cadencée et dans le temps ». Elle prévient : « rien ne se fera s'il n'y a pas, d'abord, de la rentabilité dans les exploitations agricoles ».

« Quand je vois le bien être animal... À un moment donné, il faudrait aussi penser au bien-être des agriculteurs », renchérit un vice-président de la Coordination rurale. « On veut une société apaisée, cessez de nous tirer dessus à boulet rouge », lance-t-il. Même son de cloche chez Jérémy Decerle, le président des Jeunes agriculteurs : « on a besoin d'un peu plus de reconnaissance ». Il appelle par ailleurs à « préserver un maximum de paysans dans ce pays ». « La plus grande richesse que nous perdons, c'est la richesse humaine », interpelle-t-il. 

« L'urgence de retrouver des prix justes »

Lors de cette journée de clôture, Stéphane Travert, le ministre de l'Agriculture, a rappelé « l'urgence de retrouver des prix justes » et de « faire revenir du prix dans les cours de ferme ». Faisant écho au premier volet des États généraux, le ministre de l'Agriculture insiste sur plusieurs mesures, à commencer par une contractualisation qui tienne compte des indicateurs de production. Le Gouvernement vient également de rendre des arbitrages en relevant de 10% le seuil de revente à perte et en encadrant les promotions en valeur (34%) et en volume (25%). Ces deux mesures seront testées à titre expérimental pour deux ans. Le rééquilibrage du rapport de force entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs sera au coeur d'un projet de loi, voté au premier semestre 2018. 

La santé et l'environnement en jeu

Ces états généraux devaient aussi être l'occasion de proposer des pistes de travail pour « une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous », c'était l'objet du second volet de la concertation. En fin de matinée, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a ainsi rappelé l'impact de l'alimentation sur la santé des consommateurs. À ce sujet, elle a annoncé le renforcement de la charte alimentaire du CSA. Elle a également insisté sur la nécessité d'identifier « des critères communs » de perturbateurs endocriniens, considérés comme « avérés », « présumés » ou « suspectés ».

Sur le plan environnemental, l'une des mesures les plus concrètes, dévoilée hier par le ministère de l'Agriculture, vise à séparer le conseil et la vente de produits phytosanitaires. « C'est un engagement du président de la République. Nous allons voir comment ajuster le dispositif (...) Moi j'ai demandé à ce qu'il puisse y avoir une mission parlementaire là-dessus », commente Stéphane Travert. Cette mesure est fraichement accueillie par les coopératives agricoles, car elle bouscule leur modèle économique et leur organisation. Interrogé sur le sujet, Claude Cochonneau, le président des Chambres d'agriculture, estime que son réseau peut assurer le conseil sur l'utilisation de produits phytosanitaires, mais que "la question du financement" reste ouverte. Le coût du conseil étant, jusqu'à présent, compris dans le prix de vente des produits. 

Les États généraux de l'alimentation, qui ont duré cinq mois, auront permis de mettre autour de la table tous les acteurs de la production à la distribution au cours de 14 ateliers nationaux. Ils ont aussi donné lieu à une consultation publique qui aura recueilli 156000 visiteurs et plus de 18 000 participants. 74 États généraux « décentralisés » ont par ailleurs enrichi les débats, sur le territoire.

Pour en savoir plus sur les dernières mesures annoncées : clap de fin sur les États généraux de l'alimentation