Mercosur : Macron met en garde le Brésil

Les négociations entre l'UE et le Mercosur en vue de finaliser un accord commercial se poursuivent, avec une mise en garde du président français Emmanuel Macron au Brésil sur l'environnement.

"Les rencontres entre l'UE et le Mercosur [Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay] continuent. Chacune des parties travaille dur pour surmonter les divergences qui restent", a indiqué à l'AFP une source proche de la Commission européenne. L'une de ces divergences a été évoquée publiquement par M. Macron depuis Osaka (Japon), où s'est ouvert un sommet du G20 le 28 juin. La France souhaite en effet que le Brésil maintienne ses engagements contre le changement climatique. "Si le Brésil quittait l'accord de Paris, nous, on ne pourrait pas signer des accords de commerce avec lui", a déclaré le chef de l'Etat aux journalistes. "Le climat va avec le social, avec le commercial. Je ne veux pas faire d'accords de commerce avec des gens qui ne suivent pas l'accord de Paris, qui ne respectent pas nos engagements en terme de biodiversité", a-t-il ajouté.

Réunis depuis le 26 juin à Bruxelles, les négociateurs européens et sud-américains sont entrés dans la dernière ligne droite des discussions, entamées il y a 20 ans. Ils espèrent donner naissance à l'un des plus vastes accords de libre-échange jamais conclu, dans un contexte mondial déstabilisé par la politique commerciale offensive du président américain Donald Trump.

Les ministres sud-américains ont dîné le 26 juin au soir à Bruxelles avec le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, et les commissaires au Commerce Cecilia Malmström et à l'Agriculture Phil Hogan. La rencontre avait été jugée "constructive" par l'exécutif européen. Un "accord politique" dans les prochains jours "est possible", avait indiqué une source proche des discussions le 27 juin au matin. Mais "il peut aussi ne pas y avoir d'accord du tout", avait-elle souligné. Les discussions pourraient aussi se poursuivre au niveau des chefs d'Etat lors du G20.

Indications géographiques protégées

De sources concordantes, les Européens attendent des avancées du côté du Mercosur en matière d'indications géographiques protégées et surtout sur l'ouverture de leur secteur automobile. A l'inverse, les Sud-Américains espèrent un plus grand accès au marché européen pour leur production agricole, en particulier leur boeuf, ce qui inquiète le secteur agricole de l'UE. "Je doute que l'offre européenne sur le boeuf suffise à ouvrir le marché sud-américain de l'automobile, qui est au coeur de l'accord. Le contexte politique est assez tendu en Europe", avait souligné un diplomate européen. "Si un accord est conclu, ce sera pour des considérations géopolitiques et pour envoyer un signal sur les mérites du libre-échange".

L'accord UE-Mercosur suscite un malaise grandissant dans certains Etats membres de l'UE, sous la pression de la profession agricole. La semaine passée, les dirigeants français, irlandais, polonais et belge ont exprimé à la Commission leur "profonde préoccupation" sur les conséquences de cet accord sur leur agriculture. Quelques jours plus tard, un autre groupe de pays - Allemagne, Pays-Bas, Espagne, République tchèque, Portugal, Lettonie et Suède - ont exhorté Bruxelles à conclure cet "accord historique".

L'accord est aussi critiqué par 340 ONG européennes et sud-américaines "en raison de la détérioration des droits humains et de la situation écologique au Brésil" depuis l'investiture en janvier du président d'extrême droite Jair Bolsonaro. Le 26 juin, la chancelière allemande Angela Merkel avait indiqué vouloir s'entretenir avec lui de la déforestation au Brésil, sans remettre en cause la conclusion de l'accord. M. Bolsonaro a de son côté affirmé ne voir "aucun problème" à discuter avec Mme Merkel de cette question, estimant que "l'Allemagne avait beaucoup à apprendre du Brésil" en matière d'environnement.