Sécheresse : crispations autour de la méthanisation

Plusieurs syndicats s’insurgent de l’utilisation du fourrage pour alimenter les méthaniseurs en cette période de sécheresse. Dans un communiqué du 1er août, la Confédération paysanne demande la publication « rapide » d’un décret visant à interdire cette pratique.

Face au manque criant de fourrage, le gouvernement n'a pas pris de mesures coercitives quant à l'utilisation de cultures pour alimenter les méthaniseurs. C'est ce que regrettent la Confédération paysanne, la Coordination rurale et le Modef. Sur le site du ministère de l'Agriculture, en date du 26 juillet, on peut lire : « Certains agriculteurs ont tendance à broyer les pailles pour les méthaniser car cette pratique permet de créer de l'énergie pour l'exploitation de leur ferme. Le ministre les appelle plutôt à utiliser ces pailles directement pour les litières des animaux étant donné le contexte de sécheresse ». Une réponse qui laisse la Coordination rurale « dubitative ». Le 24 juillet, le syndicat alertait dans un communiqué : « Comme l'an dernier, le prix des fourrages va s'envoler, même si le Ministre demande de limiter les incorporations de paille dans les méthaniseurs ».

Interdire en toutes saisons ? 

« Le MODEF demande l'interdiction des cultures agricoles dédiées à la méthanisation et également une interdiction du broyage de paille et de maïs dans tout le territoire français. Les pouvoirs publics doivent agir pour compenser les pertes importantes dans tous les secteurs », a requis de son côté le Modef le 23 juillet. 

Dans un communiqué du 1eraoût, la Confédération paysanne demande elle aussi l'interdiction d'approvisionner les méthaniseurs avec du fourrage ainsi que « la publication rapide d'un décret pour permettre aux préfets de mettre en œuvre cette interdiction ». La Conf' est de loin la plus critique sur la pratique de la méthanisation, même hors période de sécheresse. « Les avantages de la méthanisation sont loin d'être avérés, mais les dérives sont déjà bien présentes : détournement de l'usage alimentaire des terres, accaparement des subventions publiques, spéculation foncière, pollutions, épuisement de la matière organique des sols, etc. », alerte-t-elle.

Et de pointer des exemples de ces dérives : « Ici un entrepreneur presse et achète la paille à un prix plus élevé que celui auquel les éleveurs et les éleveuses l'achetaient. Là du maïs vendu à 3000 euros l'hectare sur pied ou encore des exploitations céréalières qui vendent la moitié de leur récolte à des fins de méthanisation ». Le syndicat fait aussi savoir qu'un amendement visant à limiter l'alimentation des méthaniseurs par des cultures en toute saison était présent dans le projet de loi « Energie Climat », voté le 25 juillet en commission mixte paritaire. Cet amendement « n'a pas été voté », regrette la Conf'.