Autoévaluer le bien-être animal avant le passage du technicien en élevage laitier

Dans les Pays de la Loire, la charte des bonnes pratiques d’élevages va évoluer en 2021 pour intégrer 16 critères structurés sur le bien-être animal. Pour préparer les éleveurs à cette évolution, la Chambre d’agriculture leur soumet un autodiagnostic. Si certains points sont acquis, d’autres pourraient être bloquants selon les pratiques des exploitations.

C’est sur la ferme de Jean-Michel Claude, éleveur laitier à Pannecé en Loire-Atlantique, que se réunissait le groupe « Progrès systèmes laitiers du Pays d’Ancenis » ce lundi 14 décembre. Si l’alimentation est le principal sujet d’intérêt de ses membres, c’était le bien-être animal qui était cette fois au cœur des discussions.

Et pour cause, en 2021 les techniciens des laiteries des Pays de la Loire évalueront 16 indicateurs de bien-être animal, intégrés dans la charte des bonnes pratiques d’élevages. « Ils sont eux-mêmes actuellement en formation », précise Vincent Lambrecht, chargé de mission viande bovine à la Chambre régionale d’agriculture.

Dans cette perspective, le conseiller est venu présenter un processus d’autodiagnostic aux éleveurs afin qu’ils puissent se préparer avant l’audit officiel. « C’est tout frais, nous l’avons reçu de l’interprofession juste ce matin. L’idée c’est que les éleveurs ne soient pas surpris par l’outil BoviWell (voir encadré) qui servira de base pour le diagnostic réalisé par les techniciens. L’intérêt de ce référentiel vient du fait qu’il a été réalisé dans une démarche scientifique et en concertation avec des ONG de défense des animaux », précise le spécialiste viande bovine à la Chambre d’agriculture.

Le groupe « Progrès systèmes laitiers du Pays d’Ancenis » réuni sur la ferme de Jean-Michel Claude, éleveur laitier à Pannecé en Loire-Atlantique.

Si les éleveurs présents comprennent la démarche, ils s’inquiètent des conséquences que cette nouvelle évaluation pourrait avoir sur leur exploitation. « Je trouve ça dangereux de travailler avec les ONG. C’est facile ensuite pour les acheteurs d’imposer des nouvelles contraintes, mais l’adaptation est plus compliquée dans les élevages », avance l’un des participants, tout en reconnaissant que la profession est attentiste sur le sujet.

En terme d’obligation, Vincent Lambrecht explique que le nombre de non-conformité lors de l’audit aboutira à un classement allant de 1 à 5. La laiterie établira ensuite avec l’éleveur un plan d’action plus ou moins important selon la note, à mettre en place pour supprimer les non-conformités.

Une formalité pour la plupart des points audités

Document en main, les éleveurs et le conseiller abordent chacun des points listés dans l’autodiagnostic. La plupart ne surprennent pas et sont déjà largement appliqués dans les exploitations agricoles des participants. « C’était des aspects un peu instinctifs que la filière a structurés pour prouver qu’elle travaille sur le bien-être animal et répondre à la demande des consommateurs », relève Vincent Lambrecht.

Mais certains points interrogent les éleveurs. Notamment celui sur les installations propres dont l’un des critères stipule que la stabulation doit être nettoyée entièrement une fois par an. Si cette tâche est souvent réalisée à hauteur d’homme, elle est plus compliquée lorsqu’il s’agit de dépoussiérer sous la toiture.

« Je pense que c’est l’une des nouveautés de ce diagnostic par rapport à l’ancienne charte des bonnes pratiques », estime Vincent Lambrecht. Il attire l’attention sur les points qui pourraient être bloquants lors de l’évaluation. « En lait, c’est le soin des veaux qui doit être étudié avec attention. Par exemple, ils doivent avoir de l’eau claire et propre à disposition à partir de 15 jours après le vêlage, même en niche. En allaitant, c’est l’absence d’abri pour l’ombrage au pâturage qui pourrait par exemple poser problème », déclare-t-il.

L’exemple très concret des abreuvoirs

La thématique de l’eau revient à plusieurs reprises dans l’autodiagnostic. D’une part, elle doit être propre et l’éleveur doit pouvoir justifier soit d’analyse, soit de traitement. Et d’autre part, la propreté et le nombre d’abreuvoirs impactent plusieurs points de l’évaluation. Sur ce dernier critère, les éleveurs du groupe montrent un profond désaccord avec le nombre d’animaux autorisés pour chaque type d’abreuvoir. « Ce qui est intéressant, c’est que vos réflexions vont déjà au-delà de la norme de bien-être animal », fait remarquer Vincent Lambrecht.

En effet, la disponibilité en eau ne dépend pas uniquement du nombre d’abreuvoirs, mais également de leur positionnement et de leur disponibilité. « Si vous mettez un bac de prairie dans la stabulation pendant une journée et que les vaches y boivent plus de 10l chacune, en plus du système d’abreuvement classique, c’est que ce dernier n’est pas suffisamment bien configuré », conseille-t-il.