Datura : 10 idées reçues sur ce fléau des cultures

Pour limiter la propagation du datura et les fausses idées qui circulent, Arvalis publie une série de fiches. Pour Clémence Aliaga, ingénieure chez Arvalis, il est urgent d’utiliser tous les leviers agronomiques disponibles pour maîtriser l’adventice.

Présent historiquement dans le sud de la France, le datura (Datura stramoine) est désormais signalé dans différentes cultures de printemps du nord de la France, et pas seulement le maïs.


Perspectives Agricoles : Le labour permet-il de lutter contre le datura ?
Clémence Aliaga :
Malheureusement non. Les graines de datura enfouies dans le sol peuvent germer au bout de 40 ans. Leur taux annuel de décroissance est très faible. Elles sont d’ailleurs capables de germer jusqu’à 15 cm de profondeur. Ainsi, le labour va enfouir les graines à des profondeurs où elles sont moins susceptibles de germer, mais dès qu’un nouveau labour les remettra dans de bonnes conditions, elles germeront.
Le désherbage mécanique ne constitue pas la solution miracle contre le datura. En culture, un passage de herse étrille, de houe rotative ou de bineuse sera efficace si les adventices sont très jeunes et si les conditions climatiques ultérieures sont sèches.


PA : Il n’existe pas d’herbicides à même de détruire le datura ?
C. A. :
Si, et ils sont efficaces s’ils sont appliqués sur de jeunes daturas. L’idéal est de reculer au maximum la dernière intervention chimique pour gagner en persistance, en gardant à l’esprit qu’au-delà de « 4 feuilles » du datura, le contrôle de l’adventice devient difficile. Jusqu’à « 8 feuilles » du maïs, l’utilisation d’associations sulfonylurées + tricétone, ou tricétone + dicamba ou sulfonylurée anti-dicotylédones + dicamba reste efficace.
Le vrai problème dans la gestion chimique du datura est sa capacité à lever de manière très échelonnée.
Contrairement à ce que l’on peut penser, les levées tardives sont préjudiciables : le datura peut produire des graines viables très rapidement et contaminer la parcelle. Pire, toutes les parties de la plante contenant des alcaloïdes toxiques, tiges et feuilles peuvent rapidement polluer un lot de grains à la récolte. Il suffit à un homme de 70 kg d’ingérer 1/25e de graine de datura pour souffrir d’hallucinations, de troubles cardiaques et de confusion mentale.


PA : Faut-il vraiment nettoyer les moissonneuses après chaque parcelle infestée ?
C. A. :
Le nettoyage de la moissonneuse-batteuse entre deux chantiers est une étape pénible, mais indispensable pour éviter deux problèmes : la dispersion des graines de datura dans les parcelles suivantes et la contamination des grains par les alcaloïdes qu’elles contiennent.
L’idéal est le nettoyage à l’eau (à basse pression et gros débit) après la récolte d’une parcelle infestée et avant le départ pour un nouveau chantier. à défaut, réaliser un nettoyage à l’air enlèvera les grains et les résidus mais ne permettra pas d’éliminer les alcaloïdes.

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