Le Sénat se mobilise pour le pastoralisme, "en danger" face aux "grands prédateurs"

Les sénateurs ont adopté mardi une résolution visant à envoyer "un signal fort" aux éleveurs pastoraux, qui "ressentent un sentiment légitime d'abandon" face à la recrudescence des actes de prédation, notamment du loup.

Les sénateurs ont adopté ce texte par 313 voix pour (LR, centristes, PS, RDSE à majorité radicale, CRCE à majorité communiste, une partie des Indépendants) et 21 voix contre (LREM). "Le pastoralisme est en danger", s'est alarmée Patricia Morhet-Richaud, sénatrice LR des Hautes-Alpes, auteur du texte, soulignant que cette activité d'élevage ancestrale "joue un rôle primordial dans l'aménagement de nos territoires". En ouverture de la session ordinaire, le Sénat veut envoyer aux éleveurs pastoraux "un signal fort", a-t-elle affirmé, soulignant que la proposition de résolution présentée par Sophie Primas (LR) et Hervé Maurey (UC) a été "cosignée par plus de 100 sénateurs représentant la quasi totalité des groupes politiques". "Bien qu'elle n'ait pas d'effet contraignant, elle permet d'acter la prise en compte par le Sénat de la désespérance du monde pastoral", a fait valoir Denise Saint-Pé (UC).

Etude d'impact approfondie

Le texte juge que la prédation expose l'agriculture pastorale "à un danger de mort" en "exacerbant" ses difficultés". Il souhaite une gestion "coordonnée" au niveau européen des populations de "grands prédateurs", loups, ours ou lynx, et considère que toute réintroduction d'ours "devrait se faire au terme d'une étude d'impact approfondie et d'une concertation préalable" associant éleveurs et élus locaux. Il juge "indispensable une refonte du système d'indemnisation des éleveurs".

Alternatives aux tirs de prélèvements

Concernant le loup, il "souligne la nécessité d'améliorer la connaissance scientifique" pour "mieux adapter la réponse humaine" et invite à "développer les mesures alternatives aux tirs de prélèvement (possibilité encadrée de tuer un loup, ndlr)" pour réapprendre aux loups "à se tenir à l'écart des hommes". "Les éleveurs ont la sensation que leurs voix ne comptent pas", a plaidé Dominique Estrosi-Sassone (LR), tandis qu'Alain Duran (PS) appelait à cesser "d'avoir une approche romantique du loup pour avoir une approche pragmatique".

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a reconnu que "la détresse et l'angoisse des éleveurs est réelle et compréhensible", mais a affirmé que le Plan national d'actions 2018-2023 sur le loup leur "donne plus de moyens". Il "sera évalué à mi-parcours", a-t-il précisé, jugeant "prématurée" l'adoption de la résolution.