Prévisions viande bovine 2018 : Recul de la production de jeunes bovins

L’Institut de l'Elevage prévoit un très léger recul de la production française de viande bovine en 2018 (-1 % /2017). Les femelles devraient rester aussi nombreuses que l’an dernier, mais les sorties de mâles seront à la baisse. Après quatre années de recul, les importations de viande bovine pourraient se stabiliser. Les exportations de viande pourraient quant à elles légèrement progresser. La consommation française par bilan poursuivrait son érosion (-1%).

-1% pour la production française de viande bovine en 2017

La production nette contrôlée de bovins finis totaliserait 1,424 million de tonnes équivalent carcasse en 2018 (-1% /2016). La baisse des volumes de taurillons abattus expliquera les deux tiers du recul global.
Ceux de boeufs seront en retrait de même que ceux de veaux de boucherie. Sauf nouvelle crise laitière, les volumes de femelles devraient être stables. Les exportations de broutards baisseraient de 2%.

Des femelles toujours en nombre

Les abattages de femelles devraient égaler leur haut niveau de 2017, avec un peu plus de laitières et un peu moins d'allaitantes.

Après plusieurs années de capitalisation, le cheptel de vaches allaitantes était en recul de 2,3 % fin 2017 par rapport à fin 2016. Cette inversion de dynamique, alors que le cheptel était au plus haut, a conduit à de nombreuses réformes allaitantes en 2017. La baisse du cheptel reproducteur devrait se poursuivre au même rythme en 2018, ce qui devrait amener sur le marché très légèrement moins de femelles de race à viande que l'an dernier. Toutefois, il se pourrait qu'il y ait moins d'entrées dans le troupeau, ce qui se traduirait par plus de génisses de boucherie et moins de réformes de vache. Les poids de carcasses pourraient rester globalement stables.

Les réformes laitières, particulièrement dynamiques en 2015 et 2016 suite à la profonde et longue crise du secteur, ont été en retrait en 2017. Le cheptel laitier était toutefois en baisse de 1% en fin d'année, en raison de moindres entrées de primipares dans le troupeau. En 2018, la production laitière sera limitée par les contraintes de volumes imposées par des transformateurs et la lourdeur du marché des protéines (stocks publics de poudres considérables). Le cheptel devrait donc encore se réduire, d'un peu plus de 1%. Cette baisse du cheptel se traduirait par un peu plus de réformes, le nombre de génisses prêtes à entrer dans le troupeau étant relativement stable. Si la situation devenait plus difficile pour les éleveurs laitiers, les réformes pourraient être plus importantes.

Baisse des exportations de broutards

L'offre de broutards sera en baisse en 2018, en raison du repli marqué des naissances dans le cheptel allaitant, notamment depuis juin 2017.

La demande des engraisseurs français pourrait rester en retrait par rapport à la demande export, ce qui se traduira par une baisse très modérée des exportations (-2%). En effet, la demande italienne devrait rester dynamique, tout comme la demande espagnole. Les marchés turc et israélien pourraient rester compliqués pour les broutards français, pour des raisons sanitaires (FCO) et de prix. Mais ils continueront à drainer de nombreux veaux irlandais et des pays de l'Est, ce qui permettra à la  de renforcer sa part de marché sur ses clients historiques. La poursuite de la décapitalisation allaitante en France devrait en outre libérer davantage de petites génisses qui seraient alors disponibles pour l'export vers l'Italie.

Nouvelle baisse des sorties de taurillons

La production française de taurillons devrait baisser d'environ 2%. Un nouveau recul significatif est prévu pour les jeunes bovins laitiers. En effet, les mises en place de veaux pour l'engraissement en JB ne cessent de diminuer. Les sorties de jeunes bovins de type viande devraient progresser légèrement au premier semestre, mais seront en forte baisse au second semestre. Cette baisse de l'offre pourrait accélérer les sorties et donc diminuer légèrement le poids moyen des carcasses. Les exportations de JB vivants avaient légèrement augmenté en 2017 sous l'effet de l'aide à l'allégement des jeunes bovins. Elles devraient retrouver en 2018 leur niveau des années précédentes.

Poursuite de l'effondrement de la production de bœufs

Après une chute de 8% en 2017, la production de bœufs se réduira à nouveau en 2018. Les effectifs de mâles laitiers et croisés âgés de 24 à 36 mois accusaient en effet un recul de 4% au 1er décembre 2017 en BDNI. La baisse des sorties devrait donc être de cet ordre de grandeur.

Recul tendanciel de la production de veau de boucherie

La production de veaux de boucherie continuera sa baisse (-2% en têtes ; -1% en tonnage).
Le recul des effectifs (prévu à -2%) sera partiellement compensé par une hausse des poids de carcasse (+1%/2016), renouant avec la tendance observée sur le long terme. Cette nouvelle baisse de la demande des intégrateurs en veaux issus du troupeau laitiers s'ajoute à celle des engraisseurs de taurillons : il faudra trouver d'autres débouchés pour les veaux de races laitières. Ainsi les exportations de veaux de moins de 80 kg devraient à nouveau progresser, principalement vers l'Espagne.

La consommation française s'érode encore

Après un recul de 2% en 2017, la consommation française calculée par bilan devrait poursuivre sa baisse en 2018. L'évolution des modes de consommation ainsi que les messages négatifs à l'encontre de l'élevage conduisent à une réduction des fréquences d'achat et des volumes consommés. A l'inverse, la meilleure conjoncture économique globale, et les hausses de pouvoir d'achat attendues, pourraient jouer en sens inverse.

Après 4 années de baisse, les volumes importés pourraient se stabiliser. En effet, si la demande l'import devrait rester modérée en raison de la stabilité des disponibilités françaises en viande de femelles, l'offre de viande de vaches laitières en Europe pourrait être un peu plus importante en raison d'une situation fragile dans le secteur laitier et du net dépassement des émissions de phosphates du secteur élevage aux Pays-Bas.

Les exportations de viande pourraient légèrement augmenter, malgré la baisse de la production de jeunes bovins. Le marché européen du jeune bovin devrait rester porteur, en particulier le débouché allemand. L'ouverture du marché chinois constitue un espoir important, mais plutôt à moyen terme. Et les larges disponibilités en viande de femelles en France conduiront les Français à consommer un peu moins de viande de jeunes bovins, viande qui sera alors disponible pour le débouché export.

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