En attendant Ecophyto 2030, la baisse structurelle des ventes de produits phytos se poursuit, selon Phyteis

A l’heure où les débats s’intensifient sur le Plan Ecophyto 2030 et les arbitrages imminents en matière d’indicateur (QSA, Nodu, HRI1), de période de référence (2009-2011 ou 2015-2017) et de périmètre (intégration ou pas des produits de biocontrôle), Phyteis fait part d’une baisse de 5% des ventes de produits phytos en 2023.

Phyteis, qui représente environ 90% du marché de la protection des cultures en France, fait part d’un chiffre d’affaires en baisse de -5% sur l’année 2023, à 2,4 milliards d’euros, avec en tête les herbicides (46% du chiffre d’affaires), devant les fongicides (30%), les produits divers (14%) et les insecticides (9%).

La part des produits Utilisables en agriculture biologique (UAB) représentent désormais (2022) plus du tiers des volumes de matières actives vendues à la distribution agricole (37%), expliquant pour partie la hausse globale de +17% des Quantités de substances actives (QSA), à 64.898 tonnes. Comment expliquer ce bond soudain ? « Nous la relions en partie à celle des ventes de matières actives Utilisables en agriculture biologique », indique Pierre-Yves Busschaert, responsable des affaires économiques Phyteis, qui évoque une hausse en « trompe l’œil ».

Phyteis
Phyteis

Selon Phyteis, les matières actives Utilisables en agriculture biologique (UAB) comptent pour près de la moitié de la hausse des volumes vendus entre 2021 et 2022. Concrètement, les 24.000 tonnes livrées en 2022 à la distribution agricole signifient une croissance de près de 24% en un an de ces produits et de près de 54 % par rapport à 2020.

Phyteis
Phyteis

Entre QSA, Nodu et HRI1

Selon Phyteis, le secteur observe une baisse structurelle du volume des ventes à la distribution agricole, avec un recul de 17,4% depuis 2008, année de lancement du plan Ecophyto et de 46% depuis 1999. Sauf que selon les ONG environnementales, l’indicateur des Quantités de substances actives (QSA) est entaché d’un biais, car il ne prend pas en compte les mécanismes de substitution de produits à fort grammage par des produits plus efficaces et concentrés à faible grammage.

Les plans Ecophyto ont depuis le début le Nodu comme indicateur de référence, qui a l’avantage de prendre en compte la facteur grammage mais qui présente deux inconvénients : il ne tient pas compte de la toxicité relative des substances et il fait l’impasse sur les traitements de semences et les traitements post-récolte. Entre 2009 et 2022, le Nodu est passé de 82,0 à 89,4, soit une hausse de +9,0%.

Pour Ecophyto 2030, qui sera dévoilé au Salon de l’agriculture, le gouvernement privilégie l’indicateur européen HRI1, sans abandonner ni le Nodu ni l’objectif de -50% à 2030. Outre le fait d’être harmonisé au plan européen, le HRI1 a l’avantage d’intégrer la notion de réduction d’impact sur la santé et l’environnement via un système de pondération (X1, X8, X16, X64) selon la toxicité des produits. Mais ce mécanisme prête à caution, selon les ONG environnementales, qui accusent le gouvernement de vouloir « casser le thermomètre ». Selon Générations futures, le Nodu a augmenté de 3% entre 2011 et 2021 en France alors que le HRI1 a diminué de 32% sur la même période. En outre, le HRI1 repose aussi sur les QSA.