La Fnab veut mettre le nouveau ministre de l’Agriculture au régime bio

La Fnab et la Forébio réclament un écorégime bio à 145 €/ha/an, une prime d’urgence de 20 centimes par repas bio servi en cantine ainsi qu’un plan de résilience pour la filière aux prises à un ralentissement du marché et à une crise de croissance.

« Si la France avait respecté son objectif de 20% de bio à la cantine il n’y aurait pas eu de crise du lait Bio en 2021 », déclarent dans un communiqué commun la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) et la Fédération des organisations économique 100% bio (Forébio). Même si les chiffres de l’Agence bio ne sont pas encore tombés, l’année 2021 restera comme une année de rupture après des décennies de croissance (et d’insouciance ?) pour la bio. Certaines filières, en particulier le lait, ont été rattrapées par la réalité du marché et les difficultés à élargir le spectre de consommateurs consentant à payer davantage pour un autre modèle d’agriculture. L’inflation naissante en 2021 puis galopante en 2022 n’augure pas une inversion de tendance, à court terme tout le moins.

Plan de résilience

Selon les deux organisations, les fermes bio laitières ont perdu 17 millions d’euros en 2021. Pour certains légumes, comme la carotte, le prix payé au producteur a baissé de 20 à 50% et ne couvre plus les coûts de production, alors que le prix de vente au consommateur a lui augmenté de presque 10%. Dans le secteur du porc, la Fnab et le Forébio dénoncent également un traitement de défaveur de la part de l’Etat, avec 75% des élevages de porc bio exclus du plan de sauvegarde destiné à la filière porc française.

Pour passer le cap, attendu que le développement de la bio fait toujours partie objectifs nationaux (18% en 2027 contre 9,5% en 2020) et européens (25% en 2030), la Fnab et le Forébio réclament un plan de résilience. « Les agriculteurs bio doivent être traités comme les autres et avoir droit au soutien de l’Etat pour passer ce palier de croissance, c’est pourquoi nous demandons un plan de résilience dédié aux filières biologiques », déclare Philippe Camburet, président de la Fnab.

En ce qui concerne le soutien à la restauration collective, la Fnab et le Forébio demandent une aide d’urgence de 20 centimes par repas, puis de 30 centimes dans la prochaine loi de finances.

Un écorégime ciblé à 145 €/ha/an

La Fnab attend par ailleurs de Marc Fesneau, le successeur de Julien Denormandie au ministère de l’Agriculture, qu’il corrige le Plan stratégique national (PSN) en faveur de la bio. « Dans sa lettre d’observations du 31 mars 2022, la Commission européenne a indiqué à la France l’inadaptation de son PSN concernant la place accordée à l’agriculture biologique, argumente la Fnab. Elle considère en effet que la suppression de l’aide au maintien en bio représente un risque de "déconversion des fermes bio à partir de 2023". La Commission relève aussi la mise au même niveau de soutien public dans l’écorégime de la certification Bio avec HVE qu’elle considère comme "beaucoup moins contraignant" ».

La Fnab réclame un niveau 3 de l’écorégime dédié à la bio et crédité d’une aide de 145 €/ha/an, contre 82 €/ha/an dans l’état actuel du PSN, qui ne fait pas de distinction entre la bio et la HVE. Un gap « fesneauménal » ?