« La piqure de rappel du salon à Paris va nous manquer »

Éleveurs de Simmental dans les Vosges, Fabien et Frédéric Hance sont « abonnés » au Salon de l’agriculture. Les sensations du ring vont leur manquer, au moins autant que les joutes avec les visiteurs auprès desquels ils aiment défendre et re-défendre le métier.

« Le salon à Paris, des fois on y reste la semaine, il faut dire que la Simmental est une race mixte, alors on peut jouer dans les deux catégories ». Ardent défenseur de la Simmental, Fabien Hance ne manque jamais une occasion de vanter les mérites, objectifs cela va sans dire, de sa race préférée. Mais cette année, il va falloir faire sans les 700 000 visiteurs de la porte de Versailles. Un grand vide. « C’est un peu la double peine, confie l’éleveur. D’abord parce que les salons et les concours, c’est la vitrine de notre élevage. Ensuite, parce que c’est le bon moyen de faire une piqure de rappel au grand public, de rappeler ce que l'on est, ce que l'on fait, ce que l'on fait de bien et dans l’intérêt de tout le monde ».

La piqure de rappel, en ces temps de pandémie, c’est plutôt celle du vaccin contre le coronavirus que la population attend, du moins celle qui n’est pas « vaccino-sceptique », à l'origine de l'annulation du salon.

Du ring parisien au ring médiatique

Cette semaine, le ring médiatique devrait faire un peu de place à l’agriculture, avec notamment la diffusion du documentaire « Nous paysans » de 90 minutes sur France2, avec la voix de Guillaume Canet, l’acteur du film-événement Au nom de la terre d’Edouard Bergeon. Le documentaire sera suivi d’un débat, avec notamment la présence de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, de l’éleveuse Emilie Jeannin, qui porte le projet d’abattage mobile à la ferme en Bourgogne et de Perrine Hervé-Gruyer, de la microferme maraichère du Bec Hellouin dans l’Eure. Deux autres documentaires clôtureront la soirée.

"Personne n’avait prédit la pandémie, qui dit que le changement climatique n’engendrera pas des famines"

Fabien et son frère Frédéric, associés au sein du Gaec Hance Saint-Vincent à Liffol-le-Grand (Vosges), seront devant leur écran. « C’est important de conserver cette semaine agricole, estime Fabien. Le documentaire permettra peut-être de remettre l’agriculture à sa juste place dans la société. Personne n’avait prédit la pandémie, qui dit que le changement climatique n’engendrera pas des famines ».

Miane, inscrite au concours photo organisé cette semaine par l’OS Simmental
Miane, inscrite au concours photo organisé cette semaine par l’OS Simmental

« On est omnivore oui ou non ? »

En ce lundi 22 février, c’est l’affaire des cantines scolaires de Lyon, bannissant la viande pour cause de Covid justement, qui défrise notre éleveur vosgien. « On est omnivore oui ou non ?, s’interroge-t-il. Comment peut-on empêcher des gamins de manger de la viande, alors que pour des familles en difficulté, il n’y a qu’à la cantine que les enfants accèdent à la viande et à des repas équilibrés. Et là on leur retire. Les protéines végétales, il en faut, mais les protéines animales, on en a besoin aussi ». Et pourquoi pas de celles de la Simmental ? Pour combler le vide du salon, l’organisme de sélection de la Simmental organise cette semaine un concours alternatif, où les contributions sur Facebook compteront pour 20% de la notation contre 80% à des jurés en cours de formation. Avec l’annulation du salon de l’agriculture, le Gaec a perdu sa plus belle vitrine. Chance : les médailles glanées à Paris laissent des traces.

"La plus belle récompense, c’est d’être appelé par un client-éleveur pour vous donner des nouvelles des bêtes que vous lui avez vendues"

« A l’automne, suite à la sécheresse, on a dû vendre 25 vaches pleines, déclare Fabien Hance. Un éleveur de la Sarthe, qui nous avait acheté des bêtes il y a une dizaine d’années, nous en a pris quelques-unes sans mêmes les voir, sur la confiance. Après les vêlages, il nous a appelé pour nous dire que tout c’était bien passé et qu’il y avait du lait. C’est notre plus belle récompense ».

Après le concours photo sur internet, Fabien et Frédéric espèrent redescendre sur terre au Sommet de l’élevage en octobre prochain à l’occasion du concours spécial Simmental. Toujours piqués à la race, mais pas que.