Les trois chantiers prioritaires de la FNSEA pour la rentrée

A l’occasion de sa conférence de presse de rentrée le 2 septembre, la FNSEA a évoqué les différents chantiers portés par le syndicat cette année. Parmi eux : la défense du revenu des producteurs dans un contexte de hausse des coûts de production, la refonte du système assurantiel et l’impact des politiques de décarbonation sur l’agriculture française et européenne.

1 – Des négociations commerciales dans un contexte de hausse des coûts de production

Adoptée par l’Assemblée nationale le 24 juin, la proposition de loi dite « Egalim 2 », visant à protéger la rémunération des agriculteurs, sera examinée au Sénat le 21 septembre. Dans un contexte de hausse des matières premières, les négociations commerciales entre industriels et distributeurs s’annoncent d’ores et déjà difficiles.

 « Face à 12% de hausse des coûts de production constatés dans la filière volaille par exemple, les distributeurs opposent une hausse de 2% des prix, déplore la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. Est-ce aux agriculteurs de subir l’augmentation du prix du carton, de l’aluminium, de l’acier, des huiles, des carburants, de l’alimentation animale ? Les agriculteurs ne peuvent pas être toujours la variable d’ajustement pour maintenir le pouvoir d’achat des consommateurs ».

La proposition de loi prévoit de généraliser les contrats écrits entre agriculteurs et transformateurs, sur trois ans minimum, en tenant compte des coûts de production. Et de rendre non négociable, entre l'industriel et le distributeur, la part du prix correspondant au coût des matières premières agricoles.   

« Nous veillerons à ce que le mécanisme de non négociabilité de la matière première agricole dans le tarif industriel puisse rester dans la proposition de loi », appuie Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA.

2- La refonte du système assurantiel, c’est maintenant

« L’enchaînement climatique a été implacable cette année », a rappelé Christiane Lambert. Chaleurs, gel, inondations, incendies… « Beaucoup de ministres par le passé se sont engagés à agir, à chaque accident climatique, sur le sujet des assurances et de la gestion des risques, sans que des décisions ne soient prises, rappelle-t-elle. Aujourd’hui, il y a une conjonction d’évènements climatiques à laquelle il y a urgence à agir. Les ministres actuels, aussi bien de l’Agriculture et de l’Economie, doivent être ceux qui décideront et qui agiront ». La FNSEA demande à ce que dans le projet de loi de finance 2022, « il y ait une ligne prévue pour acter que la solidarité nationale se traduise par des annonces concrètes ».

Christiane Lambert a tenu à saluer à ce sujet le rapport Descrozaille, « d’une très grande qualité tant sur l’analyse de la situation que sur les propositions ».

3- Décarboner oui, mais pas à tout prix

Parue au cœur de l’été, l’étude d’impact de la Commission européenne sur sa stratégie « Farm to fork » annonce des baisses d’émissions de gaz à effet de serre mais aussi des baisses de production de 10 à 15% selon les secteurs, une hausse des coûts de production et une hausse des importations.

« Doit-on imposer plus de décarbonation aux agriculteurs européens si on importe par ailleurs des produits carbonés comme de la viande d’Amérique du sud ? », se demande Christiane Lambert.

Alors que le vote du Parlement européen est prévu le 10 septembre, la présidente de la FNSEA annonce avoir « signé un courrier à tous les députés européens français pour les alerter sur cette proposition qui vise à produire moins et importer plus, décarboner ici et importer du carbone émis ailleurs, ce qui n’est pas du tout cohérent avec les accords de Paris. »

« Nous poussons également la France, qui prendra la présidence de l’Union européenne au 1er janvier 2022, à mettre en œuvre des clauses-miroir, des mécanismes d’ajustement carbone aux frontières, un plan protéines XXL et de tenir ses engagements concernant le Mercosur », ajoute-t-elle.