"Si l'intercom peut aider à faire un pied de nez à Südzucker, je suis pour à 100%"

Le site de la sucrerie Saint-Louis Sucre est en vente à Cagny. Depuis 2017 et la loi Notre, le droit de préemption revient à l’intercom. Philippe Pesquerel, président de la communauté de communes du Val-ès-Dunes, fait le point.

>> En tant que président de communauté de communes, dont Cagny fait partie, quels sont vos pouvoirs ?

L’intercommunalité a la compétence du développement économique depuis la loi Notre de 2017. Nous avons le droit de préemption et nous élaborons les Plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUI). Nous avons donc des outils. En revanche, les recettes de la taxe professionnelle sont versées par les entreprises aux communes. Si je préempte un terrain, je dois ensuite le viabiliser, trouver les entreprises, leur vendre. Mais la commune touchera les royalties. En clair, j’investis à perte.


>> Quel regard portez-vous sur le site de la sucrerie ?

Je n’ai pas été surpris par l’annonce de la fermeture. Le même scénario se répète pour les sites industriels : d’abord un plan de sauvegarde de l’emploi et le maintien de quelques salariés pour contourner la loi Florange. Puis, un an plus tard, la fermeture définitive. Le site principal comprend 25 ha. Il est inutilisable. Les machines ont été déplacées, les câbles électriques coupés. Tout est à raser et à reconstruire. En tout, il y a 70 ha à vendre.

>> Êtes-vous en mesure de les préempter ?

J’ai le droit de le faire, mais je n’en ai pas les capacités. Je pourrais déléguer à un organisme proche des collectivités locales comme la Shéma (Société hérouvillaise d’économie mixte pour l’aménagement). Quand un EPCI préempte, une procédure est enclenchée. Le service des Domaines estime le bien. Le prix d’achat s’aligne sur son estimation, c’est lui qui a le dernier mot.


>> Où en sont les offres de reprise ?

Il se dit qu’il y a eu trois offres : un particulier homme d’affaires ; Brown fields, dont la Caisse des Dépôts et de consignations est actionnaire et un aménageur local. Si Brown fields - qui est une émanation de l’État - achète le site, la structure s’engage à dépolluer à la place de Südzucker. Je suis étonné que l’État mette à disposition de l’entreprise allemande des outils pour les exonérer de leurs obligations et de leurs responsabilités sur d’éventuelles conséquences écologiques.

>> Quid d’une nouvelle usine ?

La sucrerie telle qu’elle est aujourd’hui ne colle plus avec son environnement. Elle date de 1951, à l’époque Cagny n’était pas urbanisée comme maintenant, les maisons étaient loin de l’usine. Il faudrait convaincre élus et habitants en leur présentant un projet moderne. Mais si, d’une façon ou d’une autre, nous pouvons faire un pied de nez à Südzucker en remontant une sucrerie, je suis pour à 100%. Dans tous les cas, je ferai comme je peux, avec les outils dont je dispose, pour qu’une activité économique revienne à Cagny.