[Témoignages] Etes-vous satisfait de votre contrat tripartite ?

Quels sont les avantages et inconvénients du contrat tripartite dans la filière laitière, en termes de prix, de transparence, de relationnel ?

Alexis Chauveau, en Gaec en Maine-et-Loire

 

Alexis Chauveau, en Gaec en Maine-et-Loire © A. Chauveau

 

OUI. « Nous sommes engagés dans le cahier des charges équitable C'est qui le Patron ?! (CQLP) depuis 2018. Notre lait bénéficie également d'autres contrats tripartites signés par notre organisation de producteurs - l'APLBC -, avec la laiterie Saint Denis de l'Hôtel (LSDH) et plusieurs distributeurs. Notre engagement dans CQLP ne nous a pas demandé de changement car nous étions déjà en non-OGM, avec une bonne autonomie fourragère et largement plus de 120 jours de pâturage. Nous sommes satisfaits du prix du lait (prix moyen 2021 TPQC : 402,89 €/1000 l). Sur la facture de lait, nous voyons le volume valorisé en équitable : 34% sur la facture de février pour un prix total de 408 € TPQC. En 2019, c'était 20 - 25%. Une fois par an, lors de réunions avec l'OP et la laiterie, le volume vendu enseigne par enseigne est indiqué. Le tripartite permet au producteur d'avoir son mot à dire. A chaque rendez-vous commercial, un producteur membre de l’OP participe. Quand c'est un éleveur qui parle de ses coûts de production, cela a plus de poids face aux distributeurs et cela permet une transparence des trois parties. Nous participons aux animations en magasin, ce qui permet d'entretenir une relation directe avec la distribution et les consommateurs. Difficile de dire si c'est la relation tripartite ou le cahier des charges qui fait la plus value sur le prix du lait ; sans doute la différenciation avant tout. Même si le prix du lait est moins réactif en tripartite, il évolue quand même. CQLP, APLBC et LSDH ont conclu une hausse des tarifs qui portera le prix du lait de base à 430 € pour que CQLP reste équitable. »

Guus Klein, en Gaec dans la Creuse et président de l'APLBC Chavegrand

 

Guus Klein, en Gaec dans la Creuse et président de l'APLBC Chavegrand © Lidl

 

OUI mais. « Les avantages du contrat tripartite (25 à 30% du volume de lait) sont la visibilité avec un prix annuel, une meilleure relation avec la laiterie et un contact direct avec la distribution. Mais avec l'inflation actuelle de nos coûts de production, nous constatons que le contrat tripartite n'est pas assez réactif. Habituellement, nous négocions une fois par an avec la laiterie Chavegrand et Lidl, en fin d'année pour une application à la campagne laitière suivante. L'accord annoncé au salon de l'agriculture - 395 €/1000 l prix de base - était calée sur l'inflation constatée cet hiver. Mais depuis, l'inflation s'est amplifiée et aujourd'hui ce prix ne suffit plus. Notre contrat a une clause pour revoir le prix en cas de forte fluctuation, donc il y aura une nouvelle rencontre APLBC, LSDH et Lidl. Chavegrand revoit tous ses contrats pour chercher des hausses de tarif. En attendant, pour avril et pour tout le lait (tripartite et hors tripartite), la laiterie nous paye 385 € prix de base, soit 10 € de plus que ce donnaient les indicateurs. Elle manque de lait et ne veut donc pas voir ses approvisionnements baisser encore. »

Hervé Colas, en Gaec à Livré la touche (53) et responsable du bio à la section LSDH de l'APLBC.

 

Hervé Colas, en Gaec à Livré-la-Touche (53), et responsable du bio à la section LSDH de l'APLBC. © DR

 

Pas encore. « Notre contrat tripartite a été conclu avec la LSDH et Carrefour en juin 2021, avec un prix du lait de base de 500 €/1000 l. Mais les volumes sont encore modestes (11% du lait total des adhérents). Notre lait bio Carrefour est arrivé dans des rayons déjà garnis avec du lait bio Carrefour concurrent moins cher. D'autre part, notre lait est dans les nouvelles bouteilles en PET 100% recyclé et recyclable, donc grises. Sans communication vers le consommateur, l'aspect de ces bouteilles a pu dissuader des achats. Carrefour s'engage à améliorer le référencement dans plus de magasins, donc les ventes devraient augmenter. Nous espérons beaucoup des tripartites, et d'ailleurs d'autres sont en préparation. Les avantages sont notamment le lien avec les consommateurs, via des animations en magasin. Et le fait d'être associé aux décisions nous donne un moyen d'orienter notre prix de vente. Au delà de ce contrat, LSDH s'est engagée en 2019 sur un prix de base minimum garanti de 450 €/1000 l sur cinq ans. Au vu de la crise du bio actuelle, nous sommes rassurés d'avoir cet accord. »