415 millions € sur un an : la filière vin trinque au différent aéronautique UE-USA

Depuis leur entrée en vigueur le 18 octobre 2019, les sanctions américaines contre les vins français ont entrainé une chute de 35% des exportations de vins tranquilles outre-Atlantique, selon la FEVS. Les États-Unis sont de loin le premier marché export pour les vins et spiritueux français.

La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a fait ses comptes : si les États-Unis continuent d'appliquer des droits de douane supplémentaires de 25% sur les vins tranquilles français, la filière pourrait perdre, sur un an, l'équivalent de 500 millions de dollars de chiffre d'affaires vers cette destination, soit 415 millions d'euros. Or, rien n'indique que le président américain, qui a confirmé la semaine dernière la poursuite des sanctions, ne change de fusil d'épaule d'ici au 18 octobre prochain, soit un an après l'entrée en vigueur des sanctions.

La filière vitivinicole est une victime collatérale d'une bataille juridique entre Boeing et Airbus, sur fond d'aides publiques indues. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a accordé aux Etats-Unis le droit de taxer l'équivalent de 7,5 milliards de dollars des biens et services européens.

Outre les avions, les vins français mais aussi espagnols, l'huile d'olive espagnole, le whisky écossais et les fromages de toute l'Europe sont affectés. S'agissant des vins, les conditionnements en vrac, les effervescents et les alcools titrant plus de 14% sont épargnés. "Nous demandons une nouvelle fois aux autorités françaises et européennes de mettre en place les nécessaires dispositifs d'accompagnement des entreprises pour compenser les effets néfastes des sanctions américaines", a réagi dans un communiqué César Giron, président de la FEVS. "Nos entreprises sont victimes d'un conflit qui nous est étranger et qui relève d'une négociation entre Etats".

Les vins et spiritueux français à la merci des États-Unis

En 2019, selon la FEVS, le montant des exportations de vin français aux États-Unis s'est élevé à 1,83 milliards d'euros, enregistrant une hausse de 10,3% par rapport à 2018. Les États-Unis confortaient ainsi leur première place en assurant 19,8% du marché total des vins français à l'export, devant le Royaume-Uni (12,8%) et l'Allemagne (7,9%). En 2009, les exportations de vins et spiritueux français vers les États-Unis s'élevaient à 1,34 milliards d'euros. Elles représentaient alors 17% de exportations française du secteur.

Dans le domaine des spiritueux (non concerné par les taxes), le marché américain est encore plus vital puisqu'il représente à lui seul 40,4 % des exportations, soit 1,88 milliards d'euros en 2019, devant Singapour (12,2%) et la Chine (10,3%).

La FEVS appelle à une résolution rapide du conflit. "Aux Etats-Unis, comme dans le reste du monde ou en France, notre secteur est lourdement impacté par la crise économique et sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19 et le niveau extrêmement élevé d'incertitudes qu'elle génère", rappelle son président. "Face à cette situation, le soutien actif du gouvernement reste essentiel et, plus que jamais, urgent pour aider le secteur des vins et spiritueux à traverser cette phase particulièrement difficile".

Le 5 août dernier, le gouvernement a rehaussé de 80 millions d'euros, pour le porter à 250 millions d'euros, son soutien à la filière. Des aides uniquement destinées à pallier les méfaits de la crise sanitaire.