Viticulture : le Premier ministre annonce 80 millions d'euros d'aides supplémentaires

Jean Castex a annoncé une enveloppe supplémentaire de 80 millions d'euros pour soutenir les viticulteurs, durement frappés par les conséquences de la crise du coronavirus, lors d'une visite à Sancerre avec le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie.

Après les 170 millions d'euros accordés en mai, le gouvernement a donc gonflé l'enveloppe de 76 millions pour la porter à 246 au total, ce que le Premier ministre a avantageusement arrondi à 250 devant la presse. "J'ai demandé à ce que ces aides puissent être distribuées le plus rapidement possible car les besoins en trésorerie (...) sont forts", a ajouté le Premier ministre.

Ce coup de pouce "est un soulagement pour la filière viticole", a réagi Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et viticulteur dans l'Hérault.

M. Castex a précisé que ces aides seraient destinées à améliorer le stockage des surplus et accroître la distillation des invendus. "Dans tous les cas, nous avons fait le choix évidemment de permettre à ces entreprises de passer cette crise dans les meilleures conditions possibles", a assuré M. Castex, qui venait d'échanger avec des professionnels locaux à la maison des vins de Sancerre.

Le Premier ministre, accompagné du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, avait commencé sa visite par une exploitation bio à Menetou-Salon, au nord-est de Bourges. "La qualité, la qualité, la qualité, c'est ça qui est le fer de lance de notre viticulture, il faut encourager la qualité", a plaidé M. Castex. "Il faut encourager les politiques de filière pour se préparer à cette transition environnementale", a-t-il aussi souligné en promettant un "accompagnement de l'Etat".

"Globalement l'agro-alimentaire a été moins impacté que d'autres par le Covid (...) mais cela cache des différences importantes selon les secteurs", explique Matignon, en soulignant que la viticulture, "dépendante de la restauration" et soumise à une reprise de l'activité touristique "hétérogène", figure parmi les plus touchés.

Dans le même temps, "il y a eu aussi une contraction assez forte des échanges commerciaux", alors que la France "exporte entre 30 et 40% de sa production", note Matignon.

Au total, les viticulteurs estiment que la crise sanitaire a engendré un manque à gagner d'au moins 1,5 milliard d'euros en raison de la mise à l'arrêt des bars, restaurants, rassemblement festifs et du tourisme.

Selon les représentants du secteur, la filière viticole française nécessitait un doublement des aides accordées jusqu'à présent (européennes et nationales), soit 350 millions d'euros au total, pour faire face à la crise.

"Je regrette néanmoins que cette aide de 246 millions d'euros prenne une partie du budget européen consacré à la viticulture", a toutefois souligné Jérôme Despey, en appelant à utiliser les fonds communautaire pour "des mesures structurantes pour les viticulteurs plutôt que pour des mesures de gestion de crise". Selon M. Despey, 119 millions d'euros viennent de crédits d'Etat français, et 127 millions sont pris "sur le budget viticole européen".

Dans le détail, l'enveloppe additionnelle doit servir à renforcer les aides à la distillation (+56 millions, 211 au total) et au stockage des excédents (+20 millions, 35 millions au total). Le dispositif de distillation, permis par Bruxelles et financé sur fonds européens, subventionne la transformation des vins invendus en alcool qui servira dans la fabrication de bioéthanol, de parfums ou de gel hydroalcoolique.

Ce seront donc quelque 2,6 millions d'hectolitres qui pourraient être transformés, a précisé ensuite le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie. Les viticulteurs demandaient, eux, de quoi distiller 3 à 3,5 millions d'hectolitres pour faire de la place pour la prochaine vendange qui a débuté dans certaines régions du sud, et démarrera avec trois semaines d'avance, fin août, à Menetou-Salon.

M. Denormandie, qui se rendait ensuite sur une exploitation céréalière frappée par la sécheresse, a également annoncé que serait prolongé d'une année le dispositif d'exonérations patronales pour les travailleurs occasionnels agricoles (TODE).

Il devait s'achever au 1er janvier 2021 alors qu'il bénéficie aux secteurs ayant des besoins extensifs en main d'oeuvre, dont les fruits et légumes et la viticulture. "Une bonne surprise", selon M. Despey.