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Paris

Dans le Sud-Ouest, l’élevage de volailles ne ressemble pas toujours à ce qu’on imagine. Depuis plus de 60 ans, un système atypique s’est installé dans le paysage agricole local. Sur le terrain, Bernard Tauzia perpétue une méthode de production singulière, où des cabanes mobiles ont transformé la manière d’élever… et de goûter.

La forêt des Landes : royaume du poulet fermier en liberté

<p>Savenni&egrave;res, ses ch&acirc;teaux, son vin blanc r&eacute;put&eacute; et&hellip; sa berg&egrave;re. Cela fait 5 ans que Morgan Lesco&euml;t fait pa&icirc;tre ses moutons sur les terres de cette commune et de quelques-unes de ses voisines : Champtoc&eacute; sur Loire, Challonnes sur Loire&hellip;</p><p>Toujours dans ce territoire des bords de Loire, 15 km &agrave; l&rsquo;ouest d&rsquo;Angers, tr&egrave;s souvent &agrave; pied, mais jamais au m&ecirc;me endroit&nbsp;: Morgan est une &eacute;leveuse itin&eacute;rante, une &eacute;copastoraliste, une berg&egrave;re de plaine. Si ce m&eacute;tier est encore m&eacute;connu, il est pourtant tr&egrave;s ancien&nbsp;: <em>&laquo;&nbsp;Autrefois, on pratiquait le pastoralisme en montagne comme en plaine. Par exemple, avant d&rsquo;&ecirc;tre une r&eacute;gion c&eacute;r&eacute;ali&egrave;re, la Beauce &eacute;tait une plaine d&rsquo;&eacute;levage de moutons</em>, raconte-t-elle. <em>D&rsquo;ailleurs, les chiens que j&rsquo;ai choisis pour accompagner mon activit&eacute; d&rsquo;&eacute;copastoralisme sont des &laquo;&nbsp;beaucerons&nbsp;&raquo;&nbsp;&raquo;.</em></p><p>Accompagn&eacute;e de ses bergers de Beauce, sur des terres angevines, la jeune femme &eacute;l&egrave;ve des moutons&hellip; de Bretagne. Elle a en effet choisi la race Landes de Bretagne, une race en conservation, pour sa rusticit&eacute;, car elle mange de tout, agn&egrave;le seule et occasionne peu de frais v&eacute;t&eacute;rinaires, pour sa bonne adaptation au terroir, son caract&egrave;re calme, et peut-&ecirc;tre, aussi, en souvenir de ses racines familiales morbihannaises.</p><h2><strong>Des agneaux en vente directe</strong></h2><p><em>&laquo;&nbsp; Le mouton Landes de Bretagne convient tr&egrave;s bien au syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;copastoralisme. Les agneaux sont engraiss&eacute;s lentement, uniquement &agrave; l&rsquo;herbe, et je peux les vendre entre 6 et 15 mois, ce qui m&rsquo;apporte de la souplesse, je peux ainsi faire des lots &agrave; envoyer &agrave; l&rsquo;abattoir de Craon. En outre, comme ce sont des animaux peu gras, ils n&rsquo;ont pas un go&ucirc;t de mouton prononc&eacute;, ce qui plait &agrave; mes clients&nbsp;&raquo;.</em></p><p>Aujourd&rsquo;hui, Morgan est &agrave; la t&ecirc;te d&rsquo;un troupeau de 260 moutons (120 brebis, les b&eacute;liers et leur suite), labellis&eacute;s bio. La vente directe de ses agneaux constitue la majeure partie de son revenu. L&rsquo;autre partie, ce sont des prestations qu&rsquo;elle r&eacute;alise pour d&rsquo;autres agriculteurs&nbsp;: ses moutons mangent en effet de l&rsquo;herbe qui, autrement, serait tondue, enfouie ou broy&eacute;e.</p>        
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        <figure class="ezimage-field"><img src="https://api.prod.pleinchamp.com/var/site/storage/images/_aliases/gallery/1/6/9/1/8091961-1-fre-FR/f5bd537b9296-PCmorgan-1.JPG" alt="" height="562" width="1000" /><figcaption>L&rsquo;&eacute;copastoralisme consiste &agrave; conduire les moutons sur des parcelles qui ont besoin d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;sherb&eacute;es. En Anjou, en automne-hiver, il se pratique surtout dans les vignes. (photo Catherine Perrot)</figcaption></figure>

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<h2><strong>Parcours pastoral</strong></h2><p>En automne-hiver, ses moutons sont dans des parcelles de vignes bio, o&ugrave; ils consomment les adventices qui poussent entre les rangs et entre les ceps : ils sont les tondeuses les plus efficaces, les plus souples, les plus &eacute;cologiques et les moins nuisibles pour le sol, m&ecirc;me humide. Au contraire, ils agr&eacute;mentent leur passage de quelques restitutions azot&eacute;es et tiennent m&ecirc;me compagnie aux tailleurs de vignes.</p><p><em>&laquo;&nbsp;En g&eacute;n&eacute;ral, on rentre dans les vignes &agrave; la chute des premi&egrave;res feuilles, et on y passe environ 5 mois. Je divise mon troupeau en quatre lots et j&rsquo;essaye de dimensionner les parcs pour que les animaux aient de quoi manger pendant 3 &agrave; 5 jours. Ensuite, on d&eacute;place les filets et on change de parcelle. Au total, mes moutons mangent ainsi environ 50 hectares de vignes en hiver. Pour le vigneron, cela repr&eacute;sente l&rsquo;&eacute;conomie d&rsquo;un &agrave; deux passages d&rsquo;outils &raquo;. </em></p><p>A la fin de l&rsquo;hiver, il est temps pour les moutons de transhumer vers une autre source de nourriture&nbsp;: le p&acirc;turage des couverts v&eacute;g&eacute;taux qui doivent &ecirc;tre d&eacute;truits avant l&rsquo;implantation d&rsquo;une culture de printemps. Une fois ces couverts p&acirc;tur&eacute;s, l&rsquo;alimentation du troupeau est un peu plus difficile &agrave; trouver&nbsp;: <em>&laquo;&nbsp;Cela devient un travail d&rsquo;&eacute;quilibriste&nbsp;&raquo;,</em> r&eacute;sume Morgan.</p><aside class="read-also">
    <p class="typography menu-link dark ">&Agrave; voir aussi</p>
    <a href="https://www.pleinchamp.com/actualite/le-pastoralisme-entre-resistance-resilience-et-esperance" target="_blank">Le pastoralisme, entre r&eacute;sistance, r&eacute;silience et esp&eacute;rance</a>
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<h2><strong>Trouver du vert en &eacute;t&eacute;</strong></h2><p><em>&laquo;&nbsp;Gr&acirc;ce aux vignerons, je trouve parfois des anciennes parcelles viticoles d&eacute;laiss&eacute;es. L&rsquo;an dernier, j&rsquo;ai eu la chance de pouvoir p&acirc;turer sur des parcelles qui n&rsquo;avaient pas pu &ecirc;tre sem&eacute;es en ma&iuml;s. A mon installation, je comptais sur les berges de Loire, mais je n&rsquo;ai acc&egrave;s qu&rsquo;&agrave; 4 hectares&nbsp;&raquo;. </em></p><p>Cette ann&eacute;e, Morgan devrait d&eacute;marrer un partenariat avec un &eacute;leveur de chevaux de course, qui a besoin de r&eacute;duire la hauteur de l&rsquo;herbe avant de pouvoir sortir ses animaux. <em>&laquo;&nbsp;Cela devrait me faciliter la vie, d&rsquo;autant plus que cet &eacute;leveur a de l&rsquo;eau dans plusieurs de ses parcelles&nbsp;&raquo;.</em> En &eacute;t&eacute;, les visites quotidiennes de Morgan &agrave; ses troupeaux sont en effet plus p&eacute;nibles, car elle doit leur apporter de l&rsquo;eau.</p><p>En cette saison, Morgan compte aussi sur les repousses d&rsquo;herbe, que les agriculteurs lui laissent p&acirc;turer apr&egrave;s fauchage. <em>&laquo;&nbsp;J&rsquo;ai la chance d&rsquo;&ecirc;tre adh&eacute;rente du Civam 49, et d&rsquo;avoir, gr&acirc;ce &agrave; cela, acc&egrave;s &agrave; un r&eacute;seau d&rsquo;agriculteurs. Et heureusement, en dernier recours, je dispose de 20 hectares en propri&eacute;t&eacute;, qui constitue mon assurance alimentation pour la fin de l&rsquo;&eacute;t&eacute; &raquo;.</em></p><p><em>&laquo;&nbsp;L&rsquo;id&eacute;al ce serait de pouvoir p&acirc;turer dans les for&ecirc;ts&nbsp;en &eacute;t&eacute; : cela se pratique dans d&rsquo;autres r&eacute;gions dans le cadre de la pr&eacute;vention des incendies&nbsp;&raquo;,</em> explique Morgan. Pour l&rsquo;instant, les gestionnaires locaux des for&ecirc;ts n&rsquo;autorisent pas cette pratique, qui permettrait d&rsquo;assurer le bien-&ecirc;tre des animaux en leur offrant un espace ombrag&eacute;.</p>        
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        <figure class="ezimage-field"><img src="https://api.prod.pleinchamp.com/var/site/storage/images/_aliases/gallery/4/6/9/1/8091964-2-fre-FR/1bc70f330c00-PCmorgan-3.png" alt="" height="800" width="450" /><figcaption>Le mouton Landes de Bretagne mange de tout. &laquo; Il faut n&eacute;anmoins que les animaux les plus &acirc;g&eacute;s assurent l&rsquo;&eacute;ducation alimentaire des jeunes &raquo;. (photo Catherine Perrot)</figcaption></figure>

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<h2><strong>Un groupe d&rsquo;&eacute;leveurs en &eacute;copastoralisme et peut-&ecirc;tre plus</strong><strong> </strong></h2><p>Ce &laquo;&nbsp;stress&nbsp;&raquo; de trouver du vert en &eacute;t&eacute; pour ses moutons, Morgan Lesco&euml;t n&rsquo;est pas la seule &agrave; le vivre en Maine-et-Loire&nbsp;: aujourd&rsquo;hui, d&eacute;j&agrave; une demi-douzaine d&rsquo;&eacute;leveurs sont install&eacute;s en &eacute;copastoralisme ou en cours d&rsquo;installation<em>. &laquo;&nbsp;C&rsquo;est un mod&egrave;le qui ne n&eacute;cessite pas de gros investissements et qui attire notamment des gens en reconversion&nbsp;&raquo;</em>, d&eacute;crit Morgan, qui sait de quoi elle parle puisque c&rsquo;est son cas&nbsp;: elle a &eacute;t&eacute; traductrice et prof d&rsquo;anglais avant de se reconvertir en agriculture.</p><p>Tous ces &eacute;leveurs en &eacute;copastoralisme du Maine et Loire se retrouvent au sein d&rsquo;un groupe d&eacute;di&eacute;, constitu&eacute; au Civam 49. Ils y partagent leurs r&eacute;f&eacute;rences et leurs exp&eacute;riences et se concertent entre eux pour pratiquer le m&ecirc;me tarif (par exemple,150 euros l&rsquo;hectare de vignes tondu par les moutons) et pour ne pas se concurrencer entre eux pour les parcelles.</p><p><em>&laquo;&nbsp;Nous avons chacun notre secteur et nous aurions encore la place d&rsquo;accueillir d&rsquo;autres &eacute;leveurs&nbsp;&raquo;,</em> assure Morgan, qui, d&rsquo;ailleurs, ne serait pas contre un ou une associ&eacute;e, pour pouvoir la soulager de ses astreintes quotidiennes.</p>


Eleveuse de moutons en Maine et Loire, Morgan Lescoët a adopté un système d’élevage peu commun en zone de plaine : l’écopastoralisme. Son troupeau est itinérant et se nourrit essentiellement d’herbe qui serait destinée à être détruite, couverts hivernaux, friches, herbe dans les vignes…

Morgan, équilibriste de l’herbe

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