Schlack ! D&eacute;capit&eacute;e par le gel, la t&ecirc;te blanche du poireau reste prisonni&egrave;re du sol. Malgr&eacute; tous ses efforts, Fr&eacute;d&eacute;ric Coibion ne parvient pas &agrave; arracher ses l&eacute;gumes &agrave; la terre. La vague de froid annonc&eacute;e par les m&eacute;dias a eu raison du jeune mara&icirc;cher et l'oblige &agrave; un repos forc&eacute;, lui qui d'habitude court &agrave; droite &agrave; gauche entre r&eacute;colte, livraisons et prise de commandes.&nbsp;&laquo; &Ccedil;a me fait presque une semaine de vacances, alors j'en profite pour faire une demande de subvention pour mon futur syst&egrave;me d'irrigation. &raquo;Fr&eacute;d&eacute;ric Coibion, 23 ans, s'est install&eacute; il y a tout juste un an pr&egrave;s de la ferme familiale &agrave; Faremoutiers, en Seine-et-Marne. Apr&egrave;s un BTS Agronomie et productions v&eacute;g&eacute;tales (APV), une licence pro en management des entreprises agricoles (MDEEA) et deux ans d'exp&eacute;rience comme chef de culture, il se lance dans la culture de l&eacute;gumes de plein champ.&nbsp;&laquo; Papa avait eu un AVC, il fallait donc que je revienne sur la ferme. Mais pour &ccedil;a, il fallait se diversifier. &raquo;&nbsp;En juin 2016, il d&eacute;couvre sur le R&eacute;pertoire d&eacute;part installation (RDI) qu'une voisine souhaite louer 17 ha &agrave; un mara&icirc;cher et saute sur l'occasion.&nbsp;&laquo; Deux mois plus tard, on s'&eacute;tait mis d'accord &raquo;, se souvient Fr&eacute;d&eacute;ric, qui loue aussi 9 ha de terres &agrave; son p&egrave;re.Reste &agrave; r&eacute;unir les fonds pour d&eacute;marrer son activit&eacute;. Le jeune agriculteur investit 18 000 &euro; d'&eacute;conomies dans du mat&eacute;riel d'occasion : une planteuse mini-mottes et un semoir &agrave; carottes sur buttes achet&eacute; aux Pays-Bas.&nbsp;&laquo; Les Hollandais sont tr&egrave;s avanc&eacute;s en mat&eacute;riel pour l&eacute;gumes de plein champ (...) et ce sont des champions sur le march&eacute; de l'occasion. &raquo;&nbsp;Il l&egrave;ve 7 000 &euro; sur la plateforme de financement participatif Miimosa pour acheter semences et plants et commence &agrave; semer d&egrave;s son installation, quatre mois avant d'obtenir le feu vert des banques pour un pr&ecirc;t de 355 000 &euro;.&nbsp;&laquo; C'&eacute;tait risqu&eacute;, reconna&icirc;t le jeune mara&icirc;cher, alors dop&eacute; par la confiance de trouver des d&eacute;bouch&eacute;s. Il n'y a que vers la fin de saison de semis que je me suis un peu d&eacute;gonfl&eacute; : je n'ai fait ni panais ni navet parce que je me suis dit : "Si jamais je n'ai pas les financements, je vais vraiment &ecirc;tre mal..." &raquo;<h2>Des l&eacute;gumes toute l'ann&eacute;e &laquo; pour que les clients ne nous oublient pas &raquo;.</h2>Fr&eacute;d&eacute;ric pense sa production en termes de logique de calendrier et de m&eacute;canisation. Il cultive de quoi faire du pot-au-feu : pommes de terre, carottes, poireaux, oignons, c&eacute;leri, courges, ainsi que des choux, des betteraves rouges et crapaudines.&nbsp;&laquo; C'est assez simple &agrave; produire. On utilise quasiment la m&ecirc;me arracheuse et le m&ecirc;me semoir pour tous les l&eacute;gumes et certains peuvent &ecirc;tre stock&eacute;s ensemble. &raquo;Au d&eacute;part, Fr&eacute;d&eacute;ric voulait concentrer le gros de sa r&eacute;colte de septembre &agrave; novembre, stocker le tout en chambre froide et &eacute;couler la production durant l'ann&eacute;e. Sauf que la banque a refus&eacute; de financer son projet de grand b&acirc;timent de stockage &eacute;quip&eacute; d'une toiture photovolta&iuml;que.&nbsp;&laquo; C'&eacute;tait un peu trop ambitieux pour le d&eacute;but &raquo;, reconna&icirc;t Fr&eacute;d&eacute;ric. Sans ce b&acirc;timent, impossible de conserver les l&eacute;gumes toute l'ann&eacute;e. Il a donc revu sa strat&eacute;gie. &laquo; L'objectif maintenant, c'est de cultiver des l&eacute;gumes primeurs [r&eacute;colt&eacute;s courant juin, NDLR] pour proposer des pommes de terre, des carottes et des oignons toute l'ann&eacute;e et que les clients ne nous oublient pas. &raquo;Fr&eacute;d&eacute;ric a aussi chang&eacute; son fusil d'&eacute;paule en privil&eacute;giant la vente en circuits courts plut&ocirc;t qu'aux industriels.&nbsp;&laquo; &Agrave; Rungis, la pomme de terre vaut 60 &euro;/t. Moi, je la vends quasiment 600 &euro;/t. C'est le tarif que je me suis fix&eacute; pour les cinq ans &agrave; venir. &raquo;&nbsp;Il s'explique :&nbsp;&laquo; Le march&eacute; de la patate s'est compl&egrave;tement effondr&eacute; ces derniers temps. (...) Mais mon prix correspond au tarif habituel : 60 ct d'&euro;/kg, c'est ce que paie habituellement le &nbsp;consommateur en grande surface. &raquo;<h2>Toujours en qu&ecirc;te d'acheteurs potentiels</h2>Trois fois par semaine, il part en fourgon livrer ses clients en Seine-et-Marne et &agrave; Paris : des grossistes, des entreprises de restauration collective, des supermarch&eacute;s, des traiteurs et des &eacute;piceries, pour la plupart. Son carnet d'adresses est d&eacute;j&agrave; bien rempli.&nbsp;&laquo; C'est pour &ccedil;a que je suis souvent au t&eacute;l&eacute;phone &raquo;, lance Fr&eacute;d&eacute;ric en rigolant, toujours en qu&ecirc;te d'acheteurs potentiels.&nbsp;&laquo; Une de mes astuces, c'est de rep&eacute;rer les camions de traiteurs qui circulent. &raquo;&nbsp;Le jeune agriculteur s'en sort plut&ocirc;t bien : il arrive &agrave; d&eacute;gager un salaire complet pour son employ&eacute;, malgr&eacute;&nbsp;&laquo; trop d'erreurs lors de cette premi&egrave;re campagne &raquo;. &Agrave; commencer par le d&eacute;sherbage des cultures en plants tels le c&eacute;leri, les choux et les poireaux.&nbsp;&laquo; J'ai eu peur de choquer mes cultures en mettant un d&eacute;sherbant trop proche de la [date de] plantation. (...) Je me suis fait d&eacute;border &agrave; ce moment l&agrave; &raquo;, dit Fr&eacute;d&eacute;ric, qui regrette aussi d'avoir pris l'irrigation &agrave; la l&eacute;g&egrave;re :&nbsp;&laquo; J'ai lou&eacute; un enrouleur de trop petite dimension, il faut du bon mat&eacute;riel pour arroser 17 ha rapidement. &raquo;JAMAG n&deg; 747 / 2018&nbsp; - Laurence Mainguy&nbsp;


Action, réaction et organisation. Tel est le leitmotiv de Frédéric Coibion qui cultive des légumes de plein champ dans les terres argileuses de Seine-Marne. Un an après son installation, il fait le point sur ses erreurs pour continuer à mieux valoriser sa production.


Portrait d'agriculteur : Maraîchage - la primeur du risque

L'&eacute;tude, bas&eacute;e sur des tests &agrave; l'aveugle men&eacute;s par pr&egrave;s de 900 consommateurs dans 25 d&eacute;partements entre d&eacute;but juin et d&eacute;but juillet, montre que seulement 32% des consommateurs se disent satisfaits par le go&ucirc;t des fraises, et 31% par le go&ucirc;t des abricots achet&eacute;s en grandes et moyennes surfaces.&nbsp;Selon les appr&eacute;ciations des d&eacute;gustateurs, il n'existe pas de corr&eacute;lation &eacute;vidente entre le prix et le go&ucirc;t.&nbsp;Et il existe peu de diff&eacute;rences entre les fraises espagnoles et les fran&ccedil;aises pour la satisfaction globale: 33% d&eacute;cernent des mentions "bon go&ucirc;t" ou "go&ucirc;t agr&eacute;able" aux fraises fran&ccedil;aises contre 30% pour les espagnoles, alors que les premi&egrave;res sont pr&egrave;s de deux fois plus ch&egrave;res que les secondes.Le prix moyen des fraises fran&ccedil;aises test&eacute;es &eacute;tait de 10,90 euros le kilo, et de 5,60 euros le kilo pour les fraises espagnoles, tandis que le prix moyen des autres origines (Belgique, Hollande, Allemagne) &eacute;tait de 9,20 euros.Du c&ocirc;t&eacute; des abricots, leur go&ucirc;t toutes vari&eacute;t&eacute;s et origines confondues ne satisfait que 31% des consommateurs ayant particip&eacute; &agrave; l'&eacute;tude. 27% d'entre eux estiment que le go&ucirc;t est "correct" et 42% se disent "pas satisfaits". Le prix moyen des fruits test&eacute;s toutes origines confondues s'&eacute;levait &agrave; 4,40 euros le kilo (4,40 euros pour les abricots fran&ccedil;ais et 4,20 euros pour les espagnols).Avec une enqu&ecirc;te en ligne men&eacute;e parall&egrave;lement aupr&egrave;s de 590 consommateurs, CLCV affirme que 68% des personnes interrog&eacute;es se d&eacute;clarent "peu ou pas du tout satisfaits" sur la perception g&eacute;n&eacute;rale des fruits vendus en grande et moyenne surface.&nbsp;&nbsp;Elles mettent surtout en cause le niveau de maturit&eacute; des fruits, puis le go&ucirc;t, et ensuite la conservation des produits, et s'inqui&egrave;tent des probl&egrave;mes de transport et de conservation en frigo, ou de l'utilisation de pesticides, indique la CLCV qui demande par ailleurs aux distributeurs de "mieux afficher les informations sur les produits en magasin" (origine, vari&eacute;t&eacute; etc.).


Les fraises et abricots vendus en grande surface ont souvent peu de goût, et ne satisfont pas la majorité des consommateurs, indique l'enquête annuelle de l'association de consommateurs CLCV rendue publique mardi.


Les fraises et abricots de supermarché ont peu de goût    

&laquo; Pop ! &raquo; Dans un bruit sec et sonore, Th&eacute;o Hotte d&eacute;bouche une bouteille de son cidre premium fabriqu&eacute; &agrave; la champenoise, vieilli sur lattes et d&eacute;gorg&eacute; comme du champagne. &laquo; On le boit beaucoup en ap&eacute;ritif. Il ne faut pas h&eacute;siter &agrave; le servir dans un beau verre ou dans une coupe, car on a de belles bulles. C'est un produit fin. &raquo; Ce cidre demi-sec, cr&eacute;&eacute; par son p&egrave;re il y a 15 ans, fait partie d'une large gamme de jus et alcools de pommes du pays d'Othe, renouvel&eacute;e r&eacute;guli&egrave;rement. Parmi les nouveaut&eacute;s, un cidre de glace inspir&eacute; de la tradition qu&eacute;b&eacute;coise qui sera bient&ocirc;t en rayon. &laquo; Avoir des produits nouveaux permet de fid&eacute;liser les clients, et &ccedil;a fait partie de la qualit&eacute;, aussi, d'&ecirc;tre le premier &agrave; sortir des cidres diff&eacute;rents. &raquo; En 1994, l'activit&eacute; pommes n'&eacute;tait qu'un petit projet de diversification de &nbsp;l'exploitation c&eacute;r&eacute;ali&egrave;re familiale. Aujourd'hui, la ferme sort 100 000 bouteilles de cidre et jus de pommes par an, soit 65 % du chiffre d'affaires global. Th&eacute;o Hotte, 26 ans, s'est install&eacute; aux c&ocirc;t&eacute;s de son p&egrave;re en juillet dernier, &laquo; sur la partie pommes seulement &raquo;. Car&nbsp;apr&egrave;s un BTS Agronomie et productions v&eacute;g&eacute;tales, puis trois ans d'exp&eacute;rience professionnelle dans les c&eacute;r&eacute;ales, il a compris que les semences n'&eacute;taient pas pour lui. &laquo; J'avais envie de voir autre chose, de travailler pour moi-m&ecirc;me (...) et de m'occuper d'une culture p&eacute;renne, comme les arbres. &raquo;<h2>Un cr&eacute;neau inexploit&eacute; : le format individuel.</h2>C'est en vacances chez ses parents, en 2015, que se fait le d&eacute;clic. Le verger est au pic de sa production, Th&eacute;o en profite pour donner un coup de main. &laquo; J'ai trouv&eacute; que la ferme avait bien &eacute;volu&eacute;, que l'activit&eacute; pommes &eacute;tait bien men&eacute;e. Il y avait vraiment quelque chose &agrave; faire. &raquo; Il d&eacute;missionne de son poste de technico-commercial dans un grand groupe c&eacute;r&eacute;alier du Sud-Ouest pour se consacrer &agrave; l'entreprise familiale. Pendant deux ans, il assiste son p&egrave;re pour tailler les arbres, r&eacute;colter les fruits et mettre en bouteille. Et surtout,&nbsp;il g&egrave;re un portefeuille de 200 clients situ&eacute;s &agrave; Troyes et alentour, ainsi qu'en r&eacute;gion parisienne. &laquo; Ce sont des grossistes, des &nbsp;restaurateurs, des cavistes, des associations, des mairies, ainsi qu'une dizaine de clients &eacute;trangers. &raquo; D&egrave;s fin 2015, il se rend compte qu'un cr&eacute;neau du march&eacute; du cidre est inexploit&eacute; : le format individuel. &laquo; Quand on se dit : " L&agrave;, j'ai rat&eacute; une vente, l&agrave; une autre et&nbsp;encore une autre", on commence &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir. &raquo; Le cidre et le jus de pommes fermier en bouteille de 33 cl int&eacute;resse autant les restaurateurs fran&ccedil;ais que le march&eacute; am&eacute;ricain. &Agrave; l'automne 2016, la ferme d'Hotte sort donc une production test. Du jus de pommes, pour commencer. &laquo; &Agrave; l'&eacute;poque, ce n'&eacute;tait pas du tout rentable, mais c'est &ccedil;a qui a fait la diff&eacute;rence &raquo;, assure Th&eacute;o. Car son grossiste &agrave; Rungis est particuli&egrave;rement demandeur.<h2>300 000 &euro; dans une nouvelle ligne d'embouteillage.</h2>Pour capter ce nouveau march&eacute; avec un produit de qualit&eacute; et int&eacute;ressant financi&egrave;rement, les Hotte d&eacute;cident de mettre les moyens &agrave;&nbsp;la hauteur de leurs ambitions. Ils investissent 300 000 &euro; dans une nouvelle ligne d'embouteillage. &laquo; C'est une tireuse isobarom&eacute;trique,&nbsp;comme pour la bi&egrave;re, dit Th&eacute;o. Elle visse 1&nbsp;700 petites bouteilles par heure. &raquo; La cha&icirc;ne de production est reli&eacute;e &agrave; un carbonateur &ndash; pour enrichir le cidre doux en CO2 &ndash; et &agrave; une machine de pasteurisation &laquo; indispensable pour &eacute;viter la fermentation du jus de pomme et du&nbsp;cidre doux, peu alcoolis&eacute; &raquo;, pr&eacute;cise Th&eacute;o. La cha&icirc;ne est op&eacute;rationnelle depuis octobre 2017 et le premier colis de cidre en 33 cl devait partir en f&eacute;vrier. Satisfait du d&eacute;roulement de son installation, Th&eacute;o apprend sur le tas &agrave; r&eacute;pondre aux formalit&eacute;s du grand export. En d&eacute;cembre 2017, il a obtenu, &agrave; sa plus grande surprise, une commande chinoise. &laquo; Leur repr&eacute;sentant bas&eacute; &agrave; Troyes est entr&eacute; en contact avec nous. Une d&eacute;l&eacute;gation chinoise est venue &agrave; la ferme pour go&ucirc;ter nos produits, avec une contre-visite une semaine plus tard. On a sign&eacute; le contrat dans la foul&eacute;e ! Je m'en souviens tr&egrave;s bien, c'&eacute;tait un dimanche &agrave; 15h ! &raquo; raconte-t-il.Regain d'int&eacute;r&ecirc;t pour le cidre. Pourtant, en 2015, il s'&eacute;tait d&eacute;j&agrave; rendu en Chine pour d&eacute;marcher de nouveaux clients... qui lui ont finalement fait faux bond. Une exp&eacute;rience au go&ucirc;t amer dont il a tir&eacute; quelques enseignements : &laquo; Il y a des clients, &agrave; un moment donn&eacute;, quand ils ne font pas de commande, il faut arr&ecirc;ter ! Quand ils passent leur temps &agrave; demander des &eacute;chantillons, des documents, des analyses et que &ccedil;a met beaucoup trop de temps, il faut dire stop et demander du concret. &raquo; Malgr&eacute; tout, Th&eacute;o a bon espoir de doubler le volume d'exportations. &laquo; On est &agrave; 6,5 % de notre chiffre d'affaires en export et on esp&egrave;re atteindre 15 %. &raquo; En France, il observe un regain d'int&eacute;r&ecirc;t pour cidre : un tiers de la cuv&eacute;e Hotte est vendu &agrave; la ferme. &laquo; M&ecirc;me si le cidre reste un march&eacute; de niche, certains red&eacute;couvrent ce produit, assure -t-il. Et il y a un engouement pour les produits naturels et peu alcoolis&eacute;s. &raquo; Pour faire face &agrave; cette tendance, les Hotte se projettent &agrave; long terme. En s'installant, le jeune agriculteur a rachet&eacute; 3 ha de pommiers &agrave; un voisin. Avec son p&egrave;re, ils ont commenc&eacute; &agrave; planter 5 ha suppl&eacute;mentaires de verger. Un projet d'envergure pour lequel Th&eacute;o s'appr&ecirc;te d&eacute;j&agrave; &agrave; embaucher une paire de bras suppl&eacute;mentaires. Il esp&egrave;re multiplier par quatre sa production de bouteilles d'ici 2023. &#9670;Jamag n&deg; 745 - 2018 -&nbsp;Par Laurene Mainguy


Dans la ferme familiale d’Eaux-Puiseaux, dans l’Aube, Théo Hotte s’est découvert une passion d’arboriculteur et de commercial. Avec son cidre fermier de terroir, apprécié jusqu’en Chine, il veut conquérir un nouveau marché : le format 33 cl.


Portrait d'agriculteur : du mini cidre sur nos tables

Diversification ou sp&eacute;cialisation de la production de l&eacute;gumes, chaque syst&egrave;me pr&eacute;sente ses avantages et inconv&eacute;nients. Pour ma&icirc;triser le risque, il faut tenir compte des techniques agronomiques, du besoin en main d'&oelig;uvre et des r&eacute;sultats &eacute;conomiques possibles. Trois variables fortement influenc&eacute;es par le nombre de cultures produites. Le choix de cultiver un nouveau l&eacute;gume n'est pas sans risque, compte tenu des cours fluctuants. Il faut donc analyser les d&eacute;bouch&eacute;s, le dynamisme du march&eacute; et voir si le niveau de marge brute d&eacute;gag&eacute;e sera suffisante pour valoriser la main d'&oelig;uvre mobilis&eacute;e.<h2>Gestion de la main d'oeuvre</h2>La fili&egrave;re l&eacute;gumes a un besoin important de personnel qui diff&egrave;re selon les productions et le taux de m&eacute;canisation. Dans une exploitation diversifi&eacute;e, la probl&eacute;matique s'amplifie avec des pics qui peuvent se chevaucher entre cultures, sans oublier les al&eacute;as climatiques. Au contraire, dans une exploitation sp&eacute;cialis&eacute;e, des plannings facilitent la gestion du personnel. En revanche, l'exploitation sp&eacute;cialis&eacute;e est d&eacute;pendante des r&eacute;sultats &eacute;conomiques d'une seule culture. S'ils sont bons, elle en profitera plus qu'une exploitation diversifi&eacute;e. S'ils sont mauvais, ils ne seront pas compens&eacute;s par ceux d'autres cultures.<h2>Calcul de la variabilit&eacute; &eacute;conomique</h2>La diversification de l'assolement permet d'assurer le revenu tout en stabilisant la marge brute dans le temps. Cependant, certaines cultures peuvent augmenter le risque &eacute;conomique. Le calcul de la variabilit&eacute; des r&eacute;sultats &eacute;conomiques permet &agrave; une exploitation de positionner ce risque. Prenons trois exploitations de taille similaire (cf. tableau)&nbsp;: l'exploitation 1 a un assolement sp&eacute;cialis&eacute; et les 2 et 3 sont diversifi&eacute;es avec des r&eacute;sultats &eacute;conomiques fluctuants pour la 2. En prenant les r&eacute;sultats de conjonctures dites moyenne, favorable et d&eacute;favorable, calcul&eacute;es &agrave; partir des r&eacute;sultats &eacute;conomiques moyens de chacune des cultures de 2012 &agrave; 2017, plusieurs constats sont possibles. Dans un contexte de conjoncture stable, les r&eacute;sultats des exploitations diversifi&eacute;es dans des productions aux marges brutes &agrave; faible fluctuation, sont tr&egrave;s proches des exploitations peu diversifi&eacute;es. Ce n'est pas le cas des exploitations ayant pris le risque d'introduire dans leur assolement des cultures aux r&eacute;sultats beaucoup plus al&eacute;atoires. Leurs r&eacute;sultats sont sup&eacute;rieurs de 25%. De plus, lorsque l'on compare les assolements des exploitations diversifi&eacute;es, le choix de cultures sensibles aux fluctuations de prix augmente l'amplitude des r&eacute;sultats &eacute;conomiques. A l'inverse, en p&eacute;riode de cours d&eacute;favorable, l'ensemble des r&eacute;sultats sont au m&ecirc;me niveau.<h2>Simulations</h2><table><tbody><tr><td>Type d'assolement</td><td>Exploitation 1 &laquo;&nbsp;sp&eacute;cialis&eacute;e&nbsp;&raquo;</td><td>Exploitation 2 &laquo;&nbsp;diversifi&eacute;e fluctuant&nbsp;&raquo;</td><td>Exploitation 3 &laquo;&nbsp;diversifi&eacute;e stable&nbsp;&raquo;</td></tr><tr><td>Productions</td><td>Chou-fleur&nbsp;: 15 haArtichaut&nbsp;: 10 ha</td><td>Chou-fleur&nbsp;: 13 ha Artichaut&nbsp;: 4 ha&Eacute;chalote&nbsp;: 3 haOignon ros&eacute;&nbsp;: 2 haFenouil&nbsp;: 1 haSalade&nbsp;: 2 ha</td><td>Chou-fleur&nbsp;: 11 haArtichaut&nbsp;: 6 haBrocoli&nbsp;: 2 haCarotte&nbsp;: 2 haRomanesco&nbsp;: 2 haPomme de terre&nbsp;: 2 ha</td></tr><tr><td>R&eacute;sultats conjoncture &laquo;&nbsp;moyenne&nbsp;&raquo; *</td><td>base 100</td><td>125</td><td>104</td></tr><tr><td>R&eacute;sultats conjoncture &nbsp;&laquo;&nbsp;d&eacute;favorable&nbsp;&raquo; *</td><td>87</td><td>88</td><td>87</td></tr><tr><td>R&eacute;sultats conjoncture &laquo;&nbsp;favorable&nbsp;&raquo; *</td><td>113</td><td>162</td><td>121</td></tr><tr><td>Ecart des extr&ecirc;mes *</td><td>27</td><td>74</td><td>34</td></tr></tbody></table>* calculs r&eacute;alis&eacute;s d'apr&egrave;s les marges de chaque production de 2012 &agrave; 2017


Assurer le revenu en diversifiant les productions ou miser sur la spécialisation ? Le choix de l’assolement en légumes doit être bien mesuré.


Légumes : mesurer les risques de l’assolement

"Depuis 6 ans, 29% des fermes fruiti&egrave;res ont disparu en France", a d&eacute;clar&eacute;&nbsp;&agrave; l'AFP Emmanuel Aze, responsable fruits et l&eacute;gumes au sein du syndicat&nbsp;agricole. Cet effondrement de la production des fruits et l&eacute;gumes en France&nbsp;est, selon lui, tr&egrave;s largement li&eacute; aux distorsions de concurrence qui existent&nbsp;&agrave; l'int&eacute;rieur du march&eacute; unique europ&eacute;en. Il existe de "grandes diff&eacute;rences entre les conditions de production&nbsp;fran&ccedil;aises et celles des pays exportateurs, au sud de l'Europe ou certains&nbsp;pays de l'Est, dont l'Allemagne qui a refus&eacute; de mettre en place un SMIC&nbsp;agricole", a-t-il expliqu&eacute;. La proposition d'un prix minimum vise &agrave; harmoniser les normes sociales,&nbsp;environnementales et &eacute;conomiques au sein de l'Union europ&eacute;enne.&nbsp;&nbsp;&nbsp; "Nous souhaitons tirer l'ensemble de l'agriculture europ&eacute;enne vers le haut&nbsp;en assurant des revenus d&eacute;cents aux ouvriers agricoles et un revenu&nbsp;r&eacute;mun&eacute;rateur pour le producteur", a soulign&eacute; &agrave; son tour Nicolas Girod,&nbsp;secr&eacute;taire national de la Conf&eacute;d&eacute;ration paysanne. "Nous allons &agrave; contre-sens du discours d'autres syndicats agricoles qui&nbsp;voudraient abaisser les normes fran&ccedil;aises au niveau de ce qui se fait&nbsp;ailleurs. Nous, au contraire, on souhaite tirer l'Europe agricole vers le&nbsp;haut", a-t-il d&eacute;clar&eacute;.&nbsp;&nbsp; <h2>Semi-esclaves</h2>Le projet de loi Egalim (agriculture et alimentation), qui vise &agrave; am&eacute;liorer&nbsp;l'&eacute;quilibre des relations commerciales dans le secteur agro-alimentaire, est&nbsp;actuellement examin&eacute; par le Parlement. Mais pour la Conf&eacute;d&eacute;ration paysanne, ce&nbsp;texte issu des Etats g&eacute;n&eacute;raux de l'alimentation est insuffisant. Le syndicat&nbsp;note en effet "quelques avanc&eacute;es" sur la r&eacute;mun&eacute;ration des agriculteurs, mais&nbsp;estime que "l'on est encore loin du compte parce qu'on bute sur la logique&nbsp;lib&eacute;rale de ce gouvernement et la logique lib&eacute;rale de l'Europe".&nbsp;&nbsp; Pour Florence Gachet, productrice de pommes en Corr&egrave;ze, "les produits&nbsp;import&eacute;s du reste de l'Europe sont produits de fa&ccedil;on compl&egrave;tement diff&eacute;rente",&nbsp;dans des pays qui "n'ont pas les exigences environnementales et sociales que&nbsp;nous avons, en particulier les pays de l'Est".&nbsp;&nbsp; "Nous sommes en concurrence avec des pays qui traitent les ouvriers&nbsp;agricoles comme des semi-esclaves", et qui utilisent des pesticides interdits&nbsp;en France, d&eacute;nonce-t-elle. Ce qui emp&ecirc;che les mara&icirc;chers fran&ccedil;ais "de&nbsp;valoriser" leur production et "d'en tirer des salaires corrects", plaide&nbsp;encore cette agricultrice.


La Confédération paysanne a lancé lundi au Marché d'intérêt national d'Agen une campagne nationale en faveur de l'instauration d'un "prix minimum d'entrée" sur le marché français pour les fruits et légumes, une mesure visant à lutter contre les distorsions de concurrence.


Fruits et légumes: la Confédération paysanne veut "un prix minimum" à l'importation

<h2>COMMENTAIRE</h2>L'annonce officielle de cette d&eacute;marche, ou d'autres comme les gammes &laquo; sans pesticides &raquo; lanc&eacute;es par les coop&eacute;ratives bretonnes de serristes, a chang&eacute; la donne dans une fili&egrave;re qui &eacute;tait le plus souvent contrainte de communiquer en r&eacute;ponse aux attaques de certaines ONG, donc en d&eacute;fensif, alors m&ecirc;me que les analyses men&eacute;es par la DGCCRF sur les fruits et l&eacute;gumes frais font ressortir chaque ann&eacute;e une proportion importante de produits sans r&eacute;sidus de pesticides (44 % en 2016).L'engagement du collectif est de garantir cette absence de r&eacute;sidus sur une gamme de produits et pour toute une saison, cr&eacute;ant ainsi une obligation de r&eacute;sultat vis-&agrave;-vis du consommateur. Les volumes concern&eacute;s devraient atteindre 30 000 tonnes en 2018, et 20 % de l'offre fran&ccedil;aise dans les 5 ans.La d&eacute;marche entend se situer entre le conventionnel et le bio et valoriser les efforts r&eacute;alis&eacute;s par un prix sup&eacute;rieur &agrave; celui du conventionnel. Cela suppose que le consommateur comprenne le b&eacute;n&eacute;fice produit : l'enjeu de communication est donc essentiel, aussi bien pour les producteurs que pour les distributeurs.Cet article est extrait de la revue PRISME, l'analyse de la conjoncture et de l'actualit&eacute; agricole et agroalimentaireLire tout le dossier&nbsp;:&nbsp;PRISME n&deg; 21 &ndash; JUIN 2018 - &nbsp;L'analyse de la conjoncture et de l'actualit&eacute; agricole et agroalimentaire


Le label « zéro résidu de pesticides » a été lancé en février 2018 par le collectif Nouveaux Champs, qui rassemble 33 opérateurs commerciaux en fruits et légumes frais, soit 3 000 producteurs et 12 % de la production française. Il entend répondre aux attentes sociétales, non seulement par des pratiques agroécologiques recensées dans un cahier des charges (utilisation d’auxiliaires biologiques pour lutter contre les ravageurs, rotations, préservation de la Biodiversité, économies d’eau…) dont le respect est vérifié par un auditeur externe, mais aussi par la traçabilité de la parcelle au rayon, et par un engagement de résultat contrôlé par un laboratoire indépendant. Le résultat garanti est l’absence de résidu dans la limite de quantification possible, c’est-à-dire jusqu’à 0,01 mg/kg.


Fruits et légumes « 0 résidu de pesticides » : quelle place pour une troisième voie ?

"Nous avons re&ccedil;u en d&eacute;but d'ann&eacute;e les autorit&eacute;s turques, qui ont mis en&nbsp;place un plan de contr&ocirc;le qui permet de garantir l'absence de l'utilisation de&nbsp;dim&eacute;thoate sur les cerisiers", a d&eacute;clar&eacute; le ministre &agrave; l'Assembl&eacute;e nationale,&nbsp;en r&eacute;ponse &agrave; une question du d&eacute;put&eacute; du Vaucluse Adrien Morenas (LREM). "La Turquie s'est engag&eacute;e &agrave; nous transmettre les r&eacute;sultats &agrave; la fin de&nbsp;cette saison de production" a-t-il ajout&eacute;, en assurant que "196 inspecteurs"&nbsp;sont mobilis&eacute;s."J'ai demand&eacute; des contr&ocirc;les sur les cerises &agrave; l'arriv&eacute;e en France et si un&nbsp;r&eacute;sultat positif &eacute;tait av&eacute;r&eacute;, l'importation des cerises serait aussit&ocirc;t&nbsp;interdite sur le territoire", a-t-il assur&eacute;. "A ce jour, 142 visites, 12&nbsp;pr&eacute;l&egrave;vements ont &eacute;t&eacute; effectu&eacute;s, et aucune anomalie n'a &eacute;t&eacute; constat&eacute;e."&nbsp;Le feu vert &agrave; l'importation des cerises turques a &eacute;t&eacute; accord&eacute; le 5 mai,&nbsp;brisant une clause de sauvegarde impos&eacute;e depuis 2016 par le pr&eacute;c&eacute;dent&nbsp;gouvernement, apr&egrave;s des alertes de l'Agence nationale de s&eacute;curit&eacute; sanitaire&nbsp;(Anses) sur la dangerosit&eacute; de cet insecticide, notamment pour les enfants.


La France a autorisé de nouveau cette année l'importation de cerises turques après avoir obtenu de la Turquie la garantie que ses cerises ne sont pas traitées au diméthoate, un insecticide interdit en France, a déclaré mercredi le ministre français de l'Agriculture Stéphane Travert.


France: feu vert aux cerises turques qui ne sont pas traitées au diméthoate (Travert)

La hausse de temp&eacute;rature de 4 degr&eacute;s Celsius &agrave; laquelle s'attendent les&nbsp;scientifiques en 2100, si le r&eacute;chauffement climatique se poursuit &agrave; son rythme&nbsp;actuel, r&eacute;duirait les r&eacute;coltes de 31,5% en moyenne, montre cette &eacute;tude publi&eacute;e&nbsp;dans les comptes-rendus de l'Acad&eacute;mie am&eacute;ricaine des sciences (PNAS).&nbsp;Un air plus chaud et des ressources amoindries en eau expliqueraient cette&nbsp;r&eacute;duction de pr&egrave;s d'un tiers des r&eacute;coltes de l&eacute;gumes, qui sont cruciaux &agrave; une&nbsp;alimentation saine. &nbsp;&nbsp;&nbsp;L'Europe du Sud et de larges pans de l'Afrique et de l'Asie du Sud&nbsp;pourraient &ecirc;tre particuli&egrave;rement affect&eacute;s.&nbsp;Pour obtenir ces r&eacute;sultats, les chercheurs ont pass&eacute; en revue 174 &eacute;tudes&nbsp;examinant l'impact de l'environnement sur les r&eacute;coltes et les contenus&nbsp;nutritifs de l&eacute;gumes depuis 1975.&nbsp;"Nous avons compil&eacute; pour la premi&egrave;re fois toutes les preuves disponibles de&nbsp;l'impact du d&eacute;r&egrave;glement climatique sur les r&eacute;coltes et la qualit&eacute; des l&eacute;gumes&nbsp;et l&eacute;gumineuses", a r&eacute;sum&eacute; un des auteurs, Alan Dangour, de la London School&nbsp;of Hygiene and Tropical Medicine.&nbsp;"Notre analyse sugg&egrave;re que si nous continuons comme si de rien n'&eacute;tait, le&nbsp;d&eacute;r&egrave;glement climatique r&eacute;duira consid&eacute;rablement la disponibilit&eacute; globale de&nbsp;ces aliments importants", a-t-il ajout&eacute;. &nbsp;&nbsp;&nbsp;"Il faut agir d'urgence, y compris en soutenant une agriculture qui r&eacute;siste&nbsp;mieux aux changements climatiques et cela doit &ecirc;tre une priorit&eacute; des&nbsp;gouvernements &agrave; travers le monde", insiste M. Dangour.&nbsp;Une seconde &eacute;tude dans PNAS se penche par ailleurs sur le ma&iuml;s, la plante&nbsp;la plus cultiv&eacute;e au monde.&nbsp;La vaste majorit&eacute; du ma&iuml;s export&eacute; provient des Etats-Unis, du Br&eacute;sil,&nbsp;d'Argentine et d'Ukraine.&nbsp;Avec une hausse de temp&eacute;rature de 4 degr&eacute;s Celsius d'ici la fin du si&egrave;cle,&nbsp;il y a "86% de chances (...) pour que les quatre grands exportateurs de ma&iuml;s&nbsp;connaissent une mauvaise ann&eacute;e de fa&ccedil;on simultan&eacute;e", indique l'&eacute;tude. &nbsp;"Nous avons conclu qu'alors que la plan&egrave;te se r&eacute;chauffe, il devient de plus&nbsp;en plus probable pour diff&eacute;rents pays de faire simultan&eacute;ment face &agrave; des pertes de r&eacute;coltes majeures, ce qui a d'importantes implications pour les prix des&nbsp;aliments et la s&eacute;curit&eacute; alimentaire", a mis en garde l'auteure principale,&nbsp;Michelle Tigchelaar, de l'Universit&eacute; de Washington (UW).


Avec le réchauffement climatique, les légumes pourraient devenir plus rares partout dans le monde, à moins que de nouvelles formes de culture soient mises en place et qu'on cultive des variétés de légumes plus résistantes, ont averti des chercheurs lundi.


Avec le réchauffement climatique, les légumes vont devenir plus rares  (étude)

Sur ses 400 hectares de terres situ&eacute;es dans la pr&eacute;fecture de Chiba, en&nbsp;banlieue de Tokyo, il est aux petits soins pour ses plants de laitues et chou&nbsp;kale, produits avec un minimum de pesticides. Ils sont 12.000 comme lui &agrave; s'adonner &agrave; ce type d'agriculture dans&nbsp;l'archipel, pour &agrave; peine 0,5% de la superficie agricole totale, selon des&nbsp;statistiques communiqu&eacute;es par le minist&egrave;re dans un secteur si balbutiant qu'il&nbsp;est difficile d'obtenir des donn&eacute;es pr&eacute;cises et r&eacute;centes. L'impulsion des autorit&eacute;s reste limit&eacute;e, et le mod&egrave;le agricole japonais,&nbsp;organis&eacute; autour de coop&eacute;ratives contr&ocirc;lant tout, ne favorise pas les&nbsp;producteurs bio qui privil&eacute;gient les circuits courts.<h2>Framboises du Mexique</h2>C'est en voyant ses parents s'&eacute;manciper du mod&egrave;le habituel pour nouer un&nbsp;contact direct avec les consommateurs que Yuya Shibakai, aujourd'hui &acirc;g&eacute; de 32&nbsp;ans, a eu envie d'aller plus loin. Apr&egrave;s des &eacute;tudes universitaires sur&nbsp;l'agriculture biologique, il a repris l'exploitation familiale en 2009. "Il est temps que s'&eacute;tablisse au Japon un syst&egrave;me de distribution&nbsp;diff&eacute;rent, un syst&egrave;me p&eacute;renne pour les agriculteurs qui changerait aussi&nbsp;positivement la vision de notre m&eacute;tier", pr&eacute;conise-t-il. S'il ne regrette pas son choix, il avoue devoir lutter "au quotidien pour&nbsp;trouver des moyens d'augmenter le rendement dans un syst&egrave;me qu'on pourrait&nbsp;qualifier d'improductif, o&ugrave; il faut retirer les mauvaises herbes &agrave; la main,&nbsp;tout en maintenant des fonds suffisants pour faire tourner l'entreprise".&nbsp;&nbsp;Le minist&egrave;re de l'Agriculture confirme "la lente expansion" d'une forme de&nbsp;culture "qui n&eacute;cessite davantage de main-d'oeuvre" que les autres&nbsp;exploitations, et peine &agrave; produire des r&eacute;coltes stables faute de techniques&nbsp;ad&eacute;quates. Dans ces conditions, pas &eacute;tonnant que rares soient ceux qui tentent&nbsp;l'aventure. Trouver des fournisseurs capables de r&eacute;pondre &agrave; un certain niveau de&nbsp;demande s'est de fait av&eacute;r&eacute; une gageure pour l'enseigne fran&ccedil;aise Bio c' Bon,&nbsp;qui a d&eacute;barqu&eacute; dans l'archipel fin 2016, en partenariat avec le groupe de&nbsp;distribution japonais Aeon. Bio c' Bon vient d'ouvrir son troisi&egrave;me magasin &agrave;&nbsp;Tokyo. Le paysage est si morcel&eacute; que la marque est oblig&eacute;e de travailler avec une&nbsp;multitude d'exploitations (quelque 200) r&eacute;parties sur l'ensemble du&nbsp;territoire, et m&ecirc;me d'importer certains fruits et l&eacute;gumes, telles les&nbsp;framboises du Mexique, outre les vins et fromages venus de France.<h2>Pr&eacute;-emball&eacute;s, pr&eacute;-pes&eacute;s</h2>Autre d&eacute;fi, adapter l'offre &agrave; une client&egrave;le japonaise qui a coutume de se&nbsp;voir proposer des fruits et l&eacute;gumes soigneusement astiqu&eacute;s, calibr&eacute;s et&nbsp;pr&eacute;sent&eacute;s sous leurs plus beaux atours. "Au Japon, les clients ont tendance &agrave; aller tr&egrave;s vite et &agrave; prendre des&nbsp;produits pr&eacute;-emball&eacute;s et pr&eacute;-pes&eacute;s, donc nous avons travaill&eacute; pour trouver un&nbsp;juste &eacute;quilibre entre notre mod&egrave;le de marque et les habitudes de consommation&nbsp;japonaises", explique Pascal Gerbert-Gaillard, directeur Asie de Bio c' Bon. La marque propose donc par exemple les tomates en sachet ou en vrac, et&nbsp;veille &agrave; enlever les produits d&egrave;s qu'ils sont un tantinet ab&icirc;m&eacute;s. Les premiers r&eacute;sultats sont plut&ocirc;t encourageants: peu de "salarymen"&nbsp;certes, mais une client&egrave;le au rendez-vous - "des Japonais entre 30 et 40 ans,&nbsp;surtout des femmes, et des expatri&eacute;s". Et les projets foisonnent, "avec au&nbsp;minimum une trentaine de magasins sur Tokyo et sa grande banlieue d'ici aux&nbsp;jeux Olympiques de 2020" pour venir combler "une offre fam&eacute;lique", pour&nbsp;l'heure essentiellement concentr&eacute;e sur internet.&nbsp;&nbsp;Reste &agrave; convaincre davantage de Japonais de franchir le pas malgr&eacute; des&nbsp;&eacute;carts de prix parfois dissuasifs avec les fruits et l&eacute;gumes conventionnels&nbsp;d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s chers. Les ventes d'aliments biologiques ne d&eacute;passent gu&egrave;re le milliard d'euros, &agrave;&nbsp;comparer &agrave; un march&eacute; mondial d'environ 80 milliards d'euros, domin&eacute; par les&nbsp;Etats-Unis (38,9 milliards) puis, loin derri&egrave;re, l'Allemagne, la France et la&nbsp;Chine. Le march&eacute; nippon stagne quand il cro&icirc;t &agrave; deux chiffres dans l'Hexagone,&nbsp;o&ugrave; il s'est &eacute;lev&eacute; &agrave; plus de 8 milliards d'euros l'an dernier pour deux fois&nbsp;moins d'habitants.&nbsp;&nbsp;&nbsp;"J'ai remarqu&eacute; au fil des ans plus d'int&eacute;r&ecirc;t des consommateurs et des&nbsp;entreprises, mais ce n'est pas encore entr&eacute; dans les moeurs", observe Rika&nbsp;Oishi. Cette m&egrave;re de famille a fond&eacute; la compagnie SuperOrganic il y a sept&nbsp;ans, juste apr&egrave;s l'accident nucl&eacute;aire de Fukushima de mars 2011 qui a accru la&nbsp;demande en produits "sains", notamment de la part des &eacute;trangers vivant &agrave; Tokyo. Pour "capter l'attention des jeunes g&eacute;n&eacute;rations", Yuya Shibakai a donc&nbsp;imagin&eacute; des produits innovants, comme ces assortiments de salades pr&ecirc;ts &agrave;&nbsp;l'emploi qui rencontrent un franc succ&egrave;s: il en vend 500 &agrave; 600 par semaine.


Yuya Shibakai est une espèce rare au Japon. Ce jeune agriculteur cultive salades, tomates, carottes et autres légumes dotés du label bio dans un pays peu sensible à cette tendance en vogue dans le monde.


Au Japon, manger bio n'est pas tendance

<h2>Comment est n&eacute; votre livre &laquo; Le nouveau capitalisme agricole, de la ferme &agrave; la firme &raquo; ?</h2>C'est le r&eacute;sultat d'un certain nombre de travaux men&eacute;s entre 2010 et 2013 dans le cadre du programme Agrifirme, financ&eacute; par l'Agence nationale de la recherche. Des travaux que nous avons ensuite poursuivis gr&acirc;ce &agrave; des financements suppl&eacute;mentaires. Nous avons d&eacute;couvert qu'au moins 10 % des exploitations fran&ccedil;aises pr&eacute;sentent des allures de firme. Ce qui repr&eacute;sente 28 % de l'emploi et 30 % de la Production brute standard (PBS) du secteur agricole.<h2>Quelles donn&eacute;es avez-vous utilis&eacute;es pour vos recherches ?</h2>Nous avons men&eacute; plus de 80 &eacute;tudes de cas dans toute la France. Ce travail d'enqu&ecirc;te approfondi a pris du temps, car il a fallu gagner la confiance des exploitants. Mais cela ne suffisait pas. Pour avoir une id&eacute;e de l'ampleur du ph&eacute;nom&egrave;ne, il nousfallait de l'analyse statistique. Nous nous sommes donc appuy&eacute;s sur les recensements agricoles de 2000 et 2010. Nous aurions bien voulu utiliser les donn&eacute;es des enqu&ecirc;tes structure de 2013 et 2016, mais malheureusement c'est tr&egrave;s compliqu&eacute; d'y avoir acc&egrave;s.<h2>Vous dites que vous vouliez &laquo; entrer dans la bo&icirc;te noire &raquo;. Qu'y avez-vous trouv&eacute; ?</h2>La bo&icirc;te noire en question, c'est la firme agricole. Nous en avions une vague id&eacute;e, mais nous n'en connaissions pas pr&eacute;cis&eacute;ment les contours. Au cours de nos recherches, nous avons d&eacute;tect&eacute; de nombreuses formes organisationnelles complexes, tant du point de vue de la structure que de la gouvernance des exploitations.<h2>Commen&ccedil;ons par la structure de ces firmes agricoles...</h2>Certaines sont des assemblages d'exploitations agricoles, tandis que d'autres int&egrave;grent les maillons amont et/ou aval d'une fili&egrave;re. Je m'explique. L'int&eacute;gration amont-amont fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la firme invisible. Aujourd'hui, vous avez des propri&eacute;taires fonciers qui ont h&eacute;rit&eacute; d'une exploitation, mais qui ont une autre activit&eacute; professionnelle, ou encore des agriculteurs &agrave; la retraite sans repreneur, qui d&eacute;l&egrave;guent int&eacute;gralement la gestion de leur domaine &agrave; une Entreprise de travaux agricoles (ETA). Du coup, certaines ETA g&egrave;rent plusieurs milliers d'hectares. C'est &ccedil;a, l'int&eacute;gration amont-amont. On sait par exemple que 20 % des exploitations en grandes cultures ont totalement d&eacute;l&eacute;gu&eacute; leur surface &agrave; des ETA.<h2>Et leur mode de gouvernance ?</h2>Les firmes agricoles ont souvent plusieurs centres de d&eacute;cision. Il existe une s&eacute;paration partielle, voire totale, entre ceux qui d&eacute;tiennent le capital et ceux qui g&egrave;rent l'entreprise. Elles reposent sur une tr&egrave;s forte utilisation de la main d'&oelig;uvre salari&eacute;e, permanente ou saisonni&egrave;re. Enfin, elles font appel &agrave; des comp&eacute;tences nouvelles : gestion des ressources humaines, gestion financi&egrave;re, R&amp;D.<h2>Ces firmes sont-elles &eacute;normes, en taille ?</h2>La plus grande firme agricole que nous avons rencontr&eacute;e, dans le secteur des fruits et l&eacute;gumes, r&eacute;alise un chiffre d'affaires de 55 M&euro; par an. C'est assez exceptionnel. Pour vous donner un ordre d'id&eacute;es, les tr&egrave;s grandes firmes agricoles r&eacute;alisent en moyenne 500 000 &euro; de CA et embauchent 8 &agrave; 25 &Eacute;quivalents temps plein (ETP). D'autres exploitations agricoles &agrave; allurede firmes ont la taille d'une TPE, avec un CA annuel de 140 000 &euro;. Pour nous, la taille n'est pas un &eacute;l&eacute;ment discriminant. Ce qui diff&eacute;rencie une firme d'une exploitation familiale traditionnelle, c'est vraiment la complexit&eacute; de la structure organisationnelle et de la gouvernance.Vous dites qu'au moins 10 % des exploitations agricoles fran&ccedil;aises s'apparentent &agrave; des firmes. Il y en aurait donc plus ? Tout &agrave; fait. On a obtenu ce chiffre de 10 % gr&acirc;ce &agrave; une fouille statistique du recensement agricole. Or les liens financiers entre les exploitations n'apparaissent pas dans cette base de donn&eacute;es. Il y a tout un ensemble de firmes agricoles, de type holding, que nous n'avons pas pu identifier.<h2>&Agrave; quoi ressemblent ces holdings ?</h2>Il y a deux formes de holdings : deux entreprises peuvent soit cr&eacute;er une troisi&egrave;me entit&eacute;, soit mettre du capital en commun sans cr&eacute;ation d'entit&eacute;. L'int&eacute;r&ecirc;t est &agrave; la fois fiscal et &eacute;conomique, car ce statut permet de lever des capitaux externes et de d&eacute;velopper des projets financi&egrave;rement autonomes. Ou encore de partager un groupement d'employeurs ou une unit&eacute; de transformation sous la forme de SA. On ne sait pas du tout combien il y en a vu qu'elles sont absentes des statistiques. Mais sur nos 80 &eacute;tudes de cas, nous en avons crois&eacute; beaucoup. Et les agriculteurs qui en font partie nous disent que c'est en plein essor.<h2>Revenons aux firmes agricoles dans leur ensemble : ont-elles le pouvoir de construire la r&egrave;gle du march&eacute; ?</h2>Pour les plus grandes, oui, car elles sont sur tous les march&eacute;s. Prenons l'exemple du groupe italien Bovina (nom d'emprunt), sp&eacute;cialis&eacute; en bovins viande. C'est l'arch&eacute;type de la grosse firme. Bovina d&eacute;tient plusieurs sites de production en France et en Italie. Chaque site fonctionne de mani&egrave;re autonome avec une &eacute;quipe d&eacute;di&eacute;e et cible un march&eacute; diff&eacute;rent : circuit long pour l'export, march&eacute; local ou vente directe. Il est &eacute;vident que Bovina participe &agrave; la construction des normes et des prix. Vous avez aussi des firmes qui sont en r&eacute;seau et qui d&eacute;veloppent elles-m&ecirc;mes leur d&eacute;marche RSE, leur cahier des charges. Petit &agrave; petit, elles aussi influencent le march&eacute;.<h2>Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour l'agriculture fran&ccedil;aise ?</h2>Nous ne sommes pas en mesure de dire si c'est bien ou mauvais, car nous n'avons pas encore men&eacute; de travaux sur la performance &eacute;conomique, financi&egrave;re, environnementale et sociale de ces firmes. En tant que chercheurs, notre objectif est de montrer qu'il se passe des choses qu'on ne voit pas forc&eacute;ment au premier abord. Aujourd'hui, en France, l'exploitation familiale reste le mod&egrave;le dominant. Mais il faut reconna&icirc;tre que d'autres formes apparaissent, comme la firme ou encore des formes paup&eacute;ris&eacute;es d'exploitation. Si on veut que les politiques publiques accompagnent une forme plut&ocirc;t qu'une autre, il faut reconna&icirc;tre cette diversit&eacute; et cette coexistence. Si notre choix de soci&eacute;t&eacute; est de maintenir l'exploitation familiale, il faut savoir que la forme historique &agrave; 2 UTH dispara&icirc;t &agrave; un rythme de 26 % entre 2000 et 2010.Source : jamag n&deg; 745&nbsp;


Économiste, ingénieure agronome de formation et chercheuse à l’INP-Ensat (Toulouse), Geneviève Nguyen a découvert que 10 % des exploitations agricoles françaises présentent des allures de firme. Elle détaille pour le JA mag ce long travail d’enquête, présenté dans son livre « Le nouveau capitalisme agricole, de la ferme à la firme ».


Le nouveau capitalisme agricole, de la ferme à la firme

Fabrice Moreau a b&acirc;ti sa reconversion professionnelle et son installation en tant qu'agriculteur sur l'exploitation familiale autour de la production des fruits &agrave; coque, la noisette et prochainement la noix.&nbsp;&laquo;&nbsp;L'exploitation en polyculture dispose d&eacute;j&agrave; de 50&nbsp;ha de c&eacute;r&eacute;ales, 40&nbsp;ha de prairie, 20 Blondes d'Aquitaine et 15&nbsp;ha de noisetiers. Mais sa SAU de 110&nbsp;ha ne permet pas de passer en c&eacute;r&eacute;ales. En revanche, le d&eacute;veloppement du noisetier permet de maintenir une structure viable pour moi et un salari&eacute;&nbsp;&raquo;, explique le jeune producteur, install&eacute; &agrave; Labretonie (47).<h4 style="text-align:justify;">Associer la noisette et la noix</h4>D&eacute;j&agrave; pr&eacute;sent sur l'exploitation apr&egrave;s une premi&egrave;re phase de plantation de 15&nbsp;ha entre&nbsp;2010 et&nbsp;2015, le noisetier n'est pas un inconnu pour Fabrice Moreau.&nbsp;&laquo;&nbsp;Les vergers les plus anciens ont huit ans. Nous avons b&eacute;n&eacute;fici&eacute; de l'appui technique de la coop&eacute;rative Unicoque et de l'exp&eacute;rience d'autres arboriculteurs qui cultivent du noisetier dans la r&eacute;gion depuis plus de vingt ans. De plus, une unit&eacute; de stabilisation de noisette et de noix est &agrave; proximit&eacute;&nbsp;&raquo;, mentionne-t-il. Ce premier verger, actuellement en production, s'est implant&eacute; autour d'une retenue d'eau 35&thinsp;000&nbsp;m3.&nbsp;&laquo;&nbsp;La disponibilit&eacute; en eau est le param&egrave;tre indispensable &agrave; la mise en place d'un verger de noisetier. Il faut compter 2&thinsp;000&nbsp;m3&nbsp;par ha&nbsp;&raquo;, pr&eacute;cise Fabrice Moreau. Aussi une seconde retenue de 36&thinsp;000&nbsp;m3, r&eacute;alis&eacute;e &agrave; l'&eacute;t&eacute; 2016, va lui permettre de lancer une deuxi&egrave;me phase de plantation. Celle-ci devrait associer la noisette et la noix. M&ecirc;me si les fruits &agrave; coque repr&eacute;senteront 80&nbsp;% de son revenu puisqu'il pr&eacute;voit d'arr&ecirc;ter l'atelier Vaches &agrave; viande, Fabrice Moreau ne mettra&nbsp;&laquo;&nbsp;tous les &oelig;ufs dans le m&ecirc;me panier&nbsp;&raquo;<h2>Un calibre moyen &agrave; destination de l'industrie</h2>&laquo;&nbsp;L'objectif est de planter 11&nbsp;ha de noisetier et 7&nbsp;ha de noyer suppl&eacute;mentaires pour aboutir &agrave; la viabilit&eacute; de l'exploitation&nbsp;&raquo;, assure-t-il. D&eacute;j&agrave;, une premi&egrave;re tranche de 5&nbsp;ha de noisetier a &eacute;t&eacute; plant&eacute;e, durant l'hiver 2016-2017. La parcelle avait &eacute;t&eacute; pr&eacute;alablement drain&eacute;e pour &eacute;viter les probl&egrave;mes d'asphyxie, puis travaill&eacute;e en profondeur avec un apport de mati&egrave;re organique sous forme de fumier pr&eacute;sent sur l'exploitation. M&ecirc;me si la plantation a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;e &agrave; la machine, la mise en place du verger, plant&eacute; &agrave; 6 m x 2,50&nbsp;m, n&eacute;cessite le rebuttage des plants et l'installation manuelle des manchons de protection des jeunes arbres. S'en suit la mise en place de l'irrigation, une double ligne de goutte &agrave; goutte.&nbsp;&laquo;&nbsp;Nous avons ensuite &eacute;pampr&eacute; les scions pour garder trois &agrave; quatre bourgeons et d&eacute;sherber l'entre-rang et sur le rang pour limiter la concurrence des adventices&nbsp;&raquo;, pr&eacute;cise l'arboriculteur. Sur cette parcelle pentue, la vari&eacute;t&eacute; choisie, Tonda di Giffoni, est une vari&eacute;t&eacute; pr&eacute;coce afin de r&eacute;colter d&eacute;but septembre et limiter les probl&egrave;mes d'acc&egrave;s de la r&eacute;colteuse.&nbsp;&laquo;&nbsp;Cette vari&eacute;t&eacute; a un calibre moyen &agrave; destination de l'industrie notamment aupr&egrave;s de Ferrero&nbsp;&raquo;, mentionne Fabrice Moreau. Une nouvelle tranche de plantation est en cours, mais les conditions hivernales ont retard&eacute; l'installation. Pour ce nouveau verger de cinq hectares, Fabrice Moreau a choisi Lewis, une vari&eacute;t&eacute; am&eacute;ricaine, un peu plus tardive et tr&egrave;s productive, avec une mise &agrave; fruit rapide qui pourrait permettre une premi&egrave;re r&eacute;colte d&egrave;s la troisi&egrave;me ann&eacute;e.<h4>Un march&eacute; en croissance avec de fortes demandes</h4>Quatre hectares de noyer sont &eacute;galement en cours de plantation. L&agrave; aussi, les conditions pluvieuses ont ralenti le chantier. La parcelle jalonn&eacute;e, et les trous de plantation creus&eacute;s l'&eacute;t&eacute; dernier, attend encore environ 1&thinsp;000 arbres alors que 450 ont pu &ecirc;tre plant&eacute;s avant les pluies. Lara, principale vari&eacute;t&eacute; plant&eacute;e par la coop&eacute;rative Unicoque, a &eacute;t&eacute; choisie pour son fruit de gros calibre permettant une commercialisation en coque. La plantation de trois hectares suppl&eacute;mentaires de noyer est &eacute;galement pr&eacute;vue. Fabrice Moreau est confiant dans son avenir et pr&eacute;voit un retour d'investissement &agrave; dix ans.&nbsp;&laquo;&nbsp;Les quatre premi&egrave;res ann&eacute;es de plantation sont de l'investissement et de l'immobilisation des terres, les r&eacute;coltes de 5e&nbsp;et 6e&nbsp;ann&eacute;es permettent de couvrir les frais&nbsp;&raquo;, pr&eacute;cise-t-il. Le professionnel estime que l'&eacute;quilibre financier de sa production s'&eacute;tablira &agrave; 3&nbsp;t/ha de noisette. Un rendement en de&ccedil;&agrave; de la moyenne de ses plantations actuelles et qu'il esp&egrave;re largement d&eacute;passer puisqu'il est possible d'atteindre 5&nbsp;t/ha. Pour passer le cap, Unicoque accompagne les projets de ses adh&eacute;rents aupr&egrave;s des banques avec des taux d&eacute;j&agrave; n&eacute;goci&eacute;s et des paiements diff&eacute;r&eacute;s.&nbsp;&laquo;&nbsp;Cette deuxi&egrave;me phase sera financ&eacute;e par un pr&ecirc;t &agrave; quinze ans avec cinq ans de remboursement diff&eacute;r&eacute;&nbsp;&raquo;, explique Fabrice Moreau. Tr&egrave;s pr&eacute;sente aupr&egrave;s de l'agriculteur, Unicoque rassure par sa connaissance du march&eacute; et sa strat&eacute;gie de d&eacute;veloppement mise en place.&nbsp;&laquo;&nbsp;Le march&eacute; de la noisette est croissance avec de fortes demandes pour le secteur de l'industrie&nbsp;&raquo;, relate, plein d'espoir, Fabrice Moreau.<h2>Optimiser l'&eacute;quipement pour r&eacute;duire les charges</h2>En dehors de l'investissement que repr&eacute;sente la cr&eacute;ation d'un lac pour disposer d'eau et rendre possible la culture de noisetier et de noyer, l'investissement dans la plantation (drainage +&nbsp;plants +&nbsp;irrigation) s'&eacute;value &agrave; 10&thinsp;000&nbsp;euros/ha de noisetier et 15&thinsp;000&nbsp;euros pour le noyer. Par la suite, les charges en intrants et en protection sont assez faibles et la taille au lamier permet de limiter les besoins et les co&ucirc;ts de main-d'&oelig;uvre.&nbsp;&laquo;&nbsp;Pour assurer l'entretien du verger, je me suis &eacute;quip&eacute; d'un tracteur sp&eacute;cial verger et des outils de broyage pour 55&thinsp;000&nbsp;euros, ainsi que d'un pulv&eacute;risateur d'occasion de 7&thinsp;000&nbsp;euros&nbsp;&raquo;, d&eacute;taille Fabrice Moreau. Mais, c'est la r&eacute;colte m&eacute;canique qui repr&eacute;sente le gros de l'investissement de la production de noisette.&nbsp;&laquo;&nbsp;Il faut compter 75&thinsp;000&nbsp;euros pour disposer d'une r&eacute;colteuse et de mat&eacute;riel d'andainage neufs. Cet &eacute;quipement s'optimise sur 50&nbsp;ha de verger. Unicoque met en relation les producteurs et les incite &agrave; se regrouper pour amortir au mieux le mat&eacute;riel et r&eacute;duire les charges de m&eacute;canisation. Pour ma part, je travaille en commun avec mon voisin, &eacute;galement producteur de noisette&nbsp;&raquo;, assure le professionnel.


L’eau, la noisette et la noix sont au cœur du projet d’installation de Fabrice Moreau qui veut tirer son revenu principal des fruits à coque : un marché porteur et plein d’avenir.


Noix et noisette : Fabrice s'installe avec les fruits à coque

&laquo;&nbsp;La France est entr&eacute;e dans une p&eacute;riode de turbulence notamment pour les cultures l&eacute;gumi&egrave;res&nbsp;&raquo;, a estim&eacute; Sophie Szilvasi, experte nationale l&eacute;gumes DGAL/SDQSPV &agrave; l'occasion de la 15e&nbsp;rencontre r&eacute;gionale sur la protection des cultures l&eacute;gumi&egrave;res qui se tenait &agrave; Violaines, le 22&nbsp;f&eacute;vrier dernier. En pr&eacute;ambule de cette r&eacute;union, l'experte a jug&eacute;&nbsp;&laquo;&nbsp;le paysage r&eacute;glementaire europ&eacute;en assez compliqu&eacute;&nbsp;&raquo;. En France, on ne peut que d&eacute;plorer le peu de nouveaut&eacute;s ou alors&nbsp;&laquo;&nbsp;des AMM fugaces comme le Closer&nbsp;&raquo;, des retraits anticip&eacute;s ou programm&eacute;s sur fond de changement d'orientation des soci&eacute;t&eacute;s phytopharmaceutiques et de plans d'actions visant &agrave; r&eacute;duire la d&eacute;pendance de l'agriculture.<h4>R&eacute;&eacute;quiper les semoirs avec des microgranulateurs</h4>La disparition du Pyristar en est un des exemples.&nbsp;&laquo;&nbsp;Avec sa disparition, la mouche des semis risque de devenir le principal ravageur des haricots dans les Hauts-de-France&nbsp;&raquo;,&nbsp;a estim&eacute; Laurent Nivet d'Unilet. Cet insecte (Phorbia platura),&nbsp;&laquo;&nbsp;difficile &agrave; rep&eacute;rer mais tr&egrave;s pr&eacute;sent dans l'environnement&nbsp;&raquo;, a provoqu&eacute; des d&eacute;g&acirc;ts (perte de plantes &agrave; la lev&eacute;e, plants borgnes et ch&eacute;tifs, feuilles trou&eacute;es...) sur les semis tardifs de pois de conserve en 2017. Pour la combattre, les techniciens ne poss&egrave;dent pas beaucoup de solutions.&nbsp;&laquo;&nbsp;Le d&eacute;but de la lutte date de 1990 avec l'emploi du Carater, puis il y a eu le traitement de semences avec l'arriv&eacute;e du Pyristar qui a permis de traiter la totalit&eacute; des surfaces&nbsp;&raquo;, a rappel&eacute; Laurent Nivet.&nbsp;&laquo;&nbsp;En 2018, il faudra utiliser Force 1,5G &agrave; une dose de 10&nbsp;kg/ha. D'homologation r&eacute;cente et uniquement sur haricots non &eacute;coss&eacute;s frais, il n&eacute;cessitera cependant de r&eacute;&eacute;quiper les semoirs avec des microgranulateurs&thinsp;!&nbsp;&raquo;.&nbsp;Dans l'imm&eacute;diat, la solution consiste &agrave; respecter la prophylaxie&thinsp;: &eacute;viter au maximum la pr&eacute;sence de mati&egrave;res organiques non d&eacute;compos&eacute;es dans le sol, le travailler en deux temps permettant de dess&eacute;cher la surface et de la rendre moins attractive et favoriser au maximum une lev&eacute;e rapide des graines.


La mouche des semis est un ravageur significatif sur les pois depuis 2003. Elle risque de redevenir le principal ravageur des haricots avec la disparition du Pyristar.


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