L’installation en Mayenne (3/4) : « Jusque-là, on n’avait pas besoin de se déplacer pour vendre une exploitation »

Après un projet de cession avorté, Antoine et Denis Barbier sont revenus à la case départ. Il leur faudra patienter au moins une année de plus, en espérant attirer un jeune couple prêt à enfiler les bottes, pour ne pas dire les chaussons, de leur exploitation laitière.

« Cherche jeune couple sinon deux associés pour reprise d’exploitation laitière robotisée produisant sur 93 hectares 400 000 litres de lait pas trop mal valorisés auprès d’une petite laiterie familiale normande. Toute aux normes. Y a plus qu’à travailler ». Cette petite annonce, Antoine Barbier et son frère Denis, 63 et 64 ans, associés en Gaec à Champéon (Mayenne), ne l’ont pas publiée. Mais ils ne l’excluent pas totalement. « Jusque-là, on n’avait pas besoin de se déplacer pour vendre une exploitation car les gens venaient vous voir, déclare Antoine Barbier. Aujourd’hui, c’est différent. Alors pourquoi pas le Bon coin ».

"Heureusement qu’on n’était pas fâché avec le travail "

Et pourtant, c’est bel et bien le bouche-à-oreilles qui a conduit un repreneur potentiel, en l’occurrence un éleveur voisin, à frapper à la porte l’année passée. Mais à l’automne, le couperet est tombé : le financement a été refusé. « Personnellement, j’ai encaissé le coup, déclare Elisabeth, l’épouse d’Antoine, qui a travaillé dans le secteur social avant de prendre sa retraite fin 2020. « Mais grâce au Gaec et au robot, mon mari a quand même un peu levé le pied, on passe plus de temps ensemble, on arrive à partir un peu, c’est bien ». 

« Heureusement qu’on n’était pas fâché avec le travail », ironise de son côté Antoine qui, pendant « son temps libre », réalise des prestations d’ETA. Pour l’éleveur, le refus de financement n’a pas été une surprise. « Le repreneur avait prévu de réaliser des gros investissements, en changeant le robot pour deux robots neufs, en rattachant l’exploitation existante à la nôtre ». « Notre prix n’était pas du tout en cause », prend-il soin de préciser, histoire de ne pas dissuader les futurs candidats.

Antoine et Elisabeth Barbier au Café de la transmission et de l’installation, organisé le 16 mars dernier par le Crédit agricole Anjou Maine
Antoine et Elisabeth Barbier au Café de la transmission et de l’installation, organisé le 16 mars dernier par le Crédit agricole Anjou Maine

Après ce faux-départ, le Gaec a réactivé les différents réseaux – Chambre, comptable, banque - pour faire savoir que l’exploitation était de nouveau sur le marché. C’était le motif de leur présence au Café de la transmission et de l’installation, organisé le 16 mars dernier par le Crédit agricole Anjou Maine. « Dans le meilleur des cas, entre les premières ébauches, les chiffrages, les études, l’opération se fera à l’automne 2023 », devise Antoine.

"Les gens qui passent chez nous disent : « chez vous, y a plus qu’à travailler »"

Plutôt que l’agrandissement, l’éleveur préfèrerait que l’exploitation serve l’installation d’un couple ou de deux associés, perpétuant le modèle qui fait ses preuves pendant plus de trois décennies et quatre générations, mais qui n’en verra pas de 5ème, aucun des trois enfants du couple n’étant intéressé. « Homme, femme, du milieu ou pas du milieu agricole, peur importe, ce qui compte plus que tout, c’est la motivation ».

En janvier dernier, le Gaec a procédé à une révision complète du robot de traite. Des silos à la fumière couverte en passant par la stabulation, tout est opérationnel et aux normes. « Les gens qui passent chez nous disent : "chez vous, y a plus qu’à travailler" ». En bottes donc, pas en chaussons.

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