La fraise, laboratoire des surtranspositions et contraintes phytosanitaires

L’AOPn Fraises Framboises de France a rédigé une check-list des surtranspositions et contraintes dont elle estime qu’elle menace la pérennité des productions, dont le déficit pointe à 50% pour la fraise et à 85% pour la framboise.

Le malaise et les manifestations qui secouent le monde agricole depuis la mi-janvier sont l’occasion pour les filières de faire leur « liste de courses », selon la terminologie employée par le président de la FNSEA. Les producteurs de fraises et de framboises ne sont pas en reste. Dans un courrier adressé le 29 janvier au ministre de l’Agriculture, l’AOPn Fraises Framboises de France charge la barquette. Des barquettes importées à hauteur de 50% pour la fraise et de 85% pour la framboise, soit dit en passant.

« Stop à la surtransposition »

L’association demande l’abrogation du décret 2020-1601 du 16 décembre 2020 afin de ré-autoriser en France les insecticides anti-pucerons à base de d’acétamipride, de flupyradifurone et de sulfoxaflor, « disponibles partout ailleurs en Europe », prend soin de préciser l’AOPn. A minima, elle souhaite la ré-autorisation des néonicotinoïdes pour les cultures sous abris. Au sujet des néonicotinoïdes, l’AOPn Fraises Framboises de France est rejointe par la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), qui réclame elle aussi la réautorisation de l’acétamipride et la flupyradifurone pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse de la betterave, « comme c’est déjà le cas chez nos voisins européens », enfonce la CGB.

Par ailleurs, L’AOPn Fraises Framboises de France exige l’application « draconienne » de la reconnaissance mutuelle pour les autorisations de mise sur le marché (Article 40 du règlement CE N° 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil du 21 octobre 2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques)et l’absence de « blocage » par l’Anses.

Stop aux « contraintes abusives »

L’AOPn Fraises Framboises de France revendique l’exclusion des cultures sous abris de l’arrêté du 20 novembre 2021 relatif à la protection des abeilles et des autres insectes pollinisateurs et à la préservation des services de pollinisation lors de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.

L’association dénonce par ailleurs le classement de la France en deux zones (Nord et Sud) dans le règlement (CE) N°396/2005 établissant les exigences en matière de données applicables aux substances actives, « le seul pays européen en ce cas », précise l’association,  et qui a pour effet de générer plus de données dans les dossiers d’homologation de produits pour la France. L’AOPn demande donc que la France soit placée dans une des deux zones sinon que les firmes ne soient contraintes de générer les données que pour une seule des deux zones.

Des demandes d’accompagnement

L’AOPn Fraises Framboises de France demande enfin la prise en compte et validation des demandes d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) de 120 jours pour ses filières, comme par exemple celle du Kanemite contre les acariens (fraise et framboise) ou du Santhal Gold contre phytophtora (fraise). Elle souhaite également le maintien et doublement du Crédit impôt recherche pour les associations agricoles, « lui permettant d’investir dans la recherche et le développement de solutions alternatives efficaces et durables contre les ravageurs de ses cultures ».