Malaise agricole : les syndicats poussent, le gouvernement temporise

La Confédération paysanne a lancé un appel à la mobilisation tandis que la Coordination rurale multiplie les actions. La FNSEA et les JA ont transmis au gouvernement une liste de 24 revendications prioritaires. Les réponses du gouvernement sont attendues vendredi.

« Un revenu digne pour tous les paysans et paysannes » et « rompre avec le libre-échange » : tels sont les deux mots d’ordre de la Confédération paysanne, qui a appelé à rejoindre la mobilisation des agriculteurs. Mais si le syndicat partage le constat sur les symptômes du « marasme », elle entend s’attaquer aux « racines » du mal, en offrant « plus de protection sociale et économique aux agricultrices et agriculteurs ».

Sans oublier de tacler son meilleur ennemi. « Les gouvernements successifs et la FNSEA ont mené conjointement l’agriculture dans l'impasse actuelle d'un système économique ultralibéral, inéquitable et destructeur », dénonce la Conf’ dans un communiqué. Ce n'est pas en demandant à pouvoir détruire des haies, en instrumentalisant le sujet des jachères, en éludant la question du partage équitable des terres et de l'eau, en négociant des avantages pour la production d'agrocarburants, que nous résoudrons en profondeur les problématiques de notre métier de paysan, producteur d'alimentation pour nos concitoyens (...). Nous alertons nos collègues sur le mirage de la « suppression des normes » et celui du « complément de revenu » par la production d'énergies ».

Les doléances des uns et des autres

Plus concrètement, la Confédération paysanne réclame l’instauration de prix garantis pour les produits agricoles, la mise en place de prix minimum d'entrée sur le territoire national, l’accompagnement économique à la transition agroécologique à la hauteur des enjeux, la priorité à l'installation face à l'agrandissement ou encore l’arrêt de l'artificialisation des terres agricoles.

De leur côté, la FNSEA et les JA, dont les actions gagnent tous les départements, ont transmis au gouvernement mercredi soir une liste de mesures d’urgence et de mesures législatives déclinées en 24 points. Elles sont destinées à restaurer la dignité des agriculteurs, à assurer une juste rémunération du travail et à rétablir des conditions d’exercice du métier. Au plan financier, les deux organisations évaluent à « plusieurs centaines de millions d’euros » les mesures d’urgence.

La Coordination rurale monte au front

De son côté, la Coordination rurale est entrée plus ostensiblement en action. Pendant que ses représentants nationaux manifestaient à Bruxelles pour dénoncer « l’effondrement de l’agriculture », ses adhérents multipliaient les actions dans les départements, avec le Lot-et-Garonne en point d’orgue où la façade de la préfecture d’Agen a été en partie tapissée de lisier. « Une profession qui ne se bat pas ne mérite plus d’exister, a justifié sur BFM TV Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture. C’est notre dernier combat. On joue notre survie. On sera tué par l’Europe, on sera tué par Paris, par toutes ces normes qui nous massacrent. On est rentré en déproduction, on ne produit plus rien, on importe tout ».

Le gouvernement temporise

Côté ministériel, on fait savoir que Marc Fesneau a demandé aux services « d’accélérer les paiements encore en attente ainsi que les dispositifs de crise d’ores et déjà prévu comme pour les tempêtes Ciaran et Domingos ou les inondations dans les Hauts-de-France, ou MHE ».

En ce qui concerne le Pacte d’orientation en faveur du renouvellement des générations, qui devait être présenté en conseil des ministres le 24 janvier mais qui a été reporté de « quelques semaines » pour y inclure des éléments de « simplification », « les chantiers concrets pour simplifier la vie des agriculteurs seront mis en œuvre en priorité ».  Le ministère indique enfin que des travaux seront menés pour « simplifier les formulaires de demandes, supprimer les doublons de justificatifs administratifs, améliorer le "parcours usager" ».

Les annonces concrètes sont attendues pour vendredi, la Coordination rurale a évoqué un déplacement de Gabriel Attal sur le terrain.