La grippe aviaire pourrait amputer de 30% la production française de volaille

C’est ce qu’estime la FNSEA sur la base du dépeuplement en cours en Vendée, département qui compte de nombreux couvoirs et élevages de reproducteurs. La crise sanitaire est aussi un « tsunami psychologique » pour les éleveurs concernés. La France compte près de 1000 foyers d'influenza aviaire en élevage.

En marge d’une conférence de presse consacrée au grand oral des candidats à la présidentielle, que la FNSEA organisera le 30 mars prochain à Besançon (Doubs), Christiane Lambert a évoqué l’épidémie d’influenza hautement pathogène (IAHP), qu’elle a qualifiée d'« épouvantable ». « Notre pays risque de perdre entre 25% et 30% de sa production de poulets, canards et pintades », a estimé la présidente de la FNSEA.

Après avoir été détectée dans le Nord le 26 novembre puis sévi dans le Sud-Ouest entre décembre et janvier, occasionnant l’abattage de plus de 4 millions de volailles, principalement des canards, le virus a commencé à se propager dans les Pays de la Loire à partir de la fin du mois de février. En l’espace de trois semaines, le nombre de foyers a explosé, notamment dans le département de la Vendée qui en totalisait 451 en date du 23 mars, soit quasiment le double du département du Sud-Ouest le plus affecté jusque-là, à savoir les Landes (231 foyers), sur un total de 983 en élevages.

Le climat et l’avifaune en cause selon la FNSEA

La région des Pays de la Loire n’est pas seulement une grande productrice de volailles de chair : elle héberge aussi de nombreux élevages « stratégiques » de reproducteurs alimentant l’ensemble des filières ainsi que l’export. Si la FNSEA a loué la réactivité des services de l’Etat, elle a déploré l’absence de plan « Orsec » préventif face à une menace qui jusqu’à présent avait épargné les Pays de la Loire.

Selon Christiane Lambert, l’irruption de l’IAHP dans la région est liée « à des évènements climatiques ». « Le redoux et des vents violents ont ramené vers l’intérieur des terres des oiseaux migrateurs qui, à la différence des années passées, ont occasionné des contaminations, a-t-elle précisé, un diagnostic valant pour le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine. Les travaux de l’Anses sont plus qu’attendus pour amener des solutions. On ne peut rien contre les oiseaux migrateurs, sauf à mettre des filtrations d’air à chaque bâtiment, ce qui représente des coûts d’investissement absolument faramineux ».

Quid de l’expérimentation de la vaccination

Selon le ministère de l’Agriculture, 10 millions de volailles ont d’ores-et-déjà abattues depuis le début de l’épidémie. L’an passé, 3,5 millions de volailles, principalement dans le Sud-Ouest, avaient été abattues.

Cet épisode 2021-2022 d’IAHP est assurément le plus dramatique jamais subi par la filière, qui affronte sa 4ème épidémie en six ans, alors que la gestion sanitaire avait été revue de fond en comble au cours de l’été dernier. « Pour les éleveurs, c’est un tsunami psychologique », a dit Christiane Lambert, évoquant le cas d’éleveurs contraints d’enterrer leurs animaux du fait de la saturation des centres d’équarrissage, une situation dénoncée par la Confédération paysanne, parlant de « sale boulot ».

L’épidémie en cours éloigne un peu plus la perspective de la piste vaccinale, dont le gouvernement a autorisé l’expérimentation pour ce printemps, moyennant la mise en débat du sujet au plan européen dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne (la vaccination n’étant pas compatible avec l’exportation) et la maîtrise de la biosécurité. Sur ce second point, tout est à reconsidérer.