Label bas-carbone : l’Apad engage 215 fermes et 307 521 crédits carbone

Les adhérents de l’Apad se sont engagés massivement dans un projet commun de vente de leurs crédits carbone. L’association spécialiste de l’agriculture de conservation des sols a fait certifier son propre outil de calcul de réduction des émissions de CO2 afin d’obtenir le label bas carbone du ministère de la transition écologique.

En juillet dernier, l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad) a annoncé avoir obtenu le label bas-carbone avec la méthode grande culture pour son projet « Du carbone au cœur des sols ». Cette association qui promeut et encourage le développement de l’agriculture de conservation des sols a obtenu les mandats de 215 de ses adhérents pour vendre leurs crédits carbone au travers de ce projet commun. Soit une surface de 38 000 hectares et l’équivalent de 307 521 tonnes de réduction d’émission de CO2 potentielles sur cinq ans. « Lorsque nous avons posé la question en assemblée générale en demandant qui voulait nous confier ses crédits carbones et que nous avons vu toutes ces mains se lever, c’était très émouvant », se souvient Diane Masure, vice présidente de l’Apad. L’ensemble des agriculteurs engagés dans ce projet ont tous été certifiés au préalable par le label maison de l’Apad « Au cœur des sols ». « C’est une démarche que nous avons mise en place pour définir un cadre et normaliser l’agriculture de conservation selon nos critères », précise-t-elle.

Le choix du Label bas-carbone étatique

Si plusieurs options s’offraient à l’Apad pour certifier ses crédits carbones, l’association s’est rapidement tournée vers le label proposé par le ministère de la transition écologique. « C’est un cadre rassurant pour les entreprises qui nous achètent les crédits carbone », assure Diane Masure. L’Apad a également pu apporter des suggestions et propositions suite à l’élaboration d’une première version de la méthode grande culture du label. « L’approche par réduction des émissions de CO2 de l’exploitation sur cinq ans pénalisait les pionniers de l’agriculture de conservation des sols dont les émissions de CO2 sont déjà réduites », souligne la vice-présicente de l’Apad. Une seconde approche fonctionnant en comparaison avec une référence régionale a ainsi pu être mise en œuvre. « C’est une option qui permet le maintien des techniques existantes et de ce fait nous a beaucoup intéressé », précise-t-elle.

1,8 tonnes de CO2 stockées par hectare chaque année

Pour évaluer les réductions d’émission de CO2 de ses adhérents, l’Apad s’est d’abord intéressée à plusieurs calculettes existantes sur le marché. Mais devant leur coût important, l’association a décidé d’élaborer son propre outil. « Nous avons conçu nous-mêmes à partir d’un fichier Excel une calculette capable d’évaluer le carbone stocké dans le sol et les réductions d’émission de CO2 liées aux pratiques de l’agriculture de conservation des sols, notamment les économies de carburant », relève Diane Masure.

"En moyenne, les exploitations agricoles diagnostiquées stockent plus de carbone qu’elles n’en émettent "

Une fois certifié par un organisme indépendant, cet outil a permis de diagnostiquer et de valider la démarche bas carbone des 215 adhérents de l’Apad engagés. « En moyenne, les exploitations agricoles diagnostiquées émettent -1,8tCO2/ha/an. C’est à dire qu’elles stockent plus de carbone qu’elles n’en émettent », dévoile Diane Masure. Vis-à-vis des références régionales utilisées pour évaluer le stockage du carbone dans le sol, les 215 fermes du projet émettent 1,6tCO2/ha/an de moins que les autres exploitations agricoles françaises.

Un prix du carbone juste

Depuis le lancement du projet en 2022, l’Apad travaille avec SEDE Environnement et les entreprises Chenu, deux entreprises désirant lui acheter des crédits carbones premium et français, afin d’établir un prix juste et rémunérateur pour les agriculteurs. « Nous avons établi que le coût de la transition vers l’agriculture de conservation des sols s’établissait à 50€/tCO2 évitées pour l’exploitant. Nous avons donc réfléchi à un prix minimum de 60€/tCO2 », détaille-t-elle. Si ce prix peut sembler élevé, l’association le justifie par un carbone premium et français. « Comme nous sommes répartis sur l’ensemble du territoire, les entreprises acheteuses peuvent trouver une exploitation à proximité géographique qui leur permettra de communiquer sur l’achat de crédit carbone local », justifie-t-elle.

Financer la transition vers l’ACS

Avec l’obtention du label bas carbone, l’objectif recherché est de financer la transition vers l’agriculture de conservation des sols des exploitants. D’autres pistes avaient également été envisagées par l’Apad. « Nous avions pensé à la création d’une filière de produits sur lesquels seraient apposés le logo « Au coeur des sols ». Cela peut fonctionner à l’échelle locale mais se révèle complexe à mettre en œuvre au national », constate Diane Masure. Une autre solution envisagée se basait sur la rémunération des services écosystémiques rendus par l’ACS, par exemple sur les zones de bassins versants. « Mais comme nous ne sommes pas en zéro phyto, c’est difficile à valoriser », précise-t-elle.