Le réseau SNCF à l’heure des enjeux fonciers et climatiques

L’APCA, la FNSEA et SNCF Réseau ont signé un protocole balisant pour trois ans l’appréhension des travaux de création et de régénération des lignes de chemins de fer. Trois parties prenantes pour trois enjeux : désenclavement, décarbonation et lutte contre l'artificialisation.

« Si on prend l’exemple de la nouvelle ligne Paris-Normandie, quand vous êtes dans la Manche, vous avez vraiment besoin de voir cette ligne avancer pour le désenclavement. Quand vous êtes dans l’Eure, et que vous êtes traversé par cette ligne qui ne s’arrêtera pas chez vous, vous êtes plutôt sensible aux enjeux de la préservation du foncier et quand vous êtes en région parisienne, vous êtes encore plus sensible à la question de l’économie du foncier. Ce protocole peut nous aider à prendre un peu de hauteur et à considérer les intérêts de façon globale tout en prenant en compte les enjeux locaux ». Le Normand Sébastien Windsor, président de l’APCA, a résumé en quelques mot les enjeux du protocole signé entre les Chambres d’agriculture, la FNSEA et SNCF Réseau le 25 février. Signé pour trois ans, il définit les principes généraux de mise en œuvre des projets de travaux ferroviaires impliquant des propriétés et des exploitations agricoles.

Les signataires du protocole d'accord entre SNCF Réseau et le monde agricole (Crédit photo : APCA)
Les signataires du protocole d'accord entre SNCF Réseau et le monde agricole (Crédit photo : APCA)

Eviter, réduire, compenser

Selon les trois signataires, le document de 28 pages n’a pas été élaboré « à Paris » mais inspiré des réalisations les plus exemplaires au plan local, permettant ainsi de définir un cadre sur lequel vont pouvoir s’adosser les acteurs locaux de tous les territoires. « Ce protocole pour un cadre destiné à trouver des solutions collectives, permettant de réduire les impacts sur le foncier, pour la création de nouvelles lignes comme pour la régénération des lignes existantes, à un juste coût pour la collectivité et à un juste prix pour les agriculteurs », déclare Michel Etchegaray, directeur général adjoint de la stratégie, de la programmation et de la maitrise d’ouvrage de SNCF Réseau.

Selon Sébastien Windsor, la ligne de conduite « éviter, réduire, compenser » a téléguidé l’écriture de ce guide. Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, a rappelé que la lutte contre l’artificialisation des sols avait été réaffirmée dans le projet de loi « Climat et résilience ».

Pour autant la création de nouvelles lignes, telles que la ligne Paris-Normandie et les LGV, Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan, peuvent difficilement s’affranchir d’emprise foncière. « Un kilomètre de voie ferrée, c’est entre 7 et 8 hectares d’emprise foncière, soit trois fois moins qu’une autoroute, pour 5 à 6 fois plus de voyageurs transportés, souligne Michel Etchegaray. C’est aussi 50 fois mois d’émissions de carbone ».

Décarboner grâce au fret

Outre la création de nouvelles lignes, la régénération des lignes existantes est aussi la cause de troubles pour les activités agricoles, du fait des emprises générées par les accès aux chantiers et aux dépôts de matériels. « Aujourd’hui, ces zones de dépôt retrouvent après chantier leur vocation originelle, ce qui n’était pas le cas par le passé où elles avaient tendance à demeurer artificialisées », affirme Michel Etchegaray.

Si SNCF Réseau partage avec l’agriculture l’obligation d’assurer 24 heures sur 24 la continuité de leurs activités, les deux secteurs partagent aussi des enjeux environnementaux, sur la question des écoulements et des ruissellements d’eau face aux intempéries, ce que les épisodes récents ont encore illustrés, notamment dans les Landes.  « Il ne sert à rien de se renvoyer mutuellement la balle, déclare Sébastien Windsor. Il faut trouver des solutions intelligentes avec une approche territoriale et en limitant la consommation de foncier. Le ferroviaire, c’est aussi ce qui permet à notre secteur de réduire le nombre de camions sur les routes et de réduire notre empreinte carbone ».

Michel Etchegaray s’est voulu rassurant quant à l’avenir du fret, évoquant un plan de performance en cours de négociation avec l’Etat visant à doubler l’activité d’ici à 2030.

S’agissant du glyphosate, SNCF Réseau indique avoir commandé des nouveaux trains désherbeurs alliant reconnaissance de mauvaises herbes et coupures automatiques, et bannissant le glyphosate.