Malaise agricole : les doléances de la Coordination rurale à Matignon

La Coordination rurale demande notamment le paiement rapide de toutes les sommes dues au titre des crises sanitaires et des aléas climatiques, une année blanche pour les intérêts d’emprunt ainsi qu’en matière de contrôles ou encore la suppression des droits de succession sur les transmissions.

« Constructifs et respectueux » : c’est ainsi les représentants de la Coordination rurale ont qualifié leurs échanges avec Marc Fesneau puis Gabriel Attal le 23 janvier. « La première série de mesures que l’on a demandées et qui sera certainement suivie d’effet, concerne les problèmes de trésorerie, précise sa présidente Véronique Le Floc’h. Nous demandons sans délai la mise en paiement des dossiers relatifs aux crises sanitaires telles que la grippe aviaire et la MHE ainsi qu’aux tempêtes et inondations ».

Une année blanche « pour repartir »

Pour soulager les trésoreries, la CR a demandé la mise en œuvre d’une année blanche concernant les échéances bancaires, consistant à faire prendre en charge, par l’Etat, des intérêts d’emprunt. « La mesure doit profiter à tous les agriculteurs, sans exception, sans distinction, pour repartir, pour rebondir », précise Véronique Le Floc’h.

En ce qui concerne le GNR, le syndicat demande à l’Etat de renoncer aux « 70 millions d’euros » de recettes fiscales prévues par la fin progressive de l’exonération de la Taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE) échelonnée jusqu’en 2030. Sur ce dossier, la CR demande par ailleurs simplification administrative, consistant à faire valoir l’avantage fiscal dès l’achat de carburant, au détriment du système de remboursement différé et que de nombreux agriculteurs ne demandent pas, du fait de la complexité de la procédure.

Au plan fiscal toujours, la CR demande l’inscription, dans la future loi d’orientation sur le renouvellement des générations, de la suppression de la fiscalité sur les droits de succession auquel cas « des exploitations ne seront plus transmises à nos enfants et seront reprises par les étrangers ou par l’industrie. Ce n’est pas la solution ».

« Des prix, pas des primes »

Le syndicat, qui réclame « des prix, pas des primes », demande par ailleurs la stricte application de la loi Egalim censée sanctuariser le prix de la matière première agricole, indexée sur les coûts de production. Pour Véronique Le Floc’h, il faut aller plus loin. « Il y a quand même des contrôles à faire au niveau des industries agroalimentaires, notamment les multinationales délocalisées qui, par des jeun d’écritures comptables et des cessions entre filiales, importent cher et exportent pas cher pour délocaliser le résultat et le profit ». Au passage, la CR tacle certaines coopératives, qui se développent l’international « avec l’argent des coopérateurs ». « Il faut qu’elles retrouvent leurs missions premières et que celles qui fonctionnent bien ne dérivent pas ».

La Coordination rurale manifeste aujourd’hui à Bruxelles devant le Parlement européen, tout en poursuivant les actions sur le territoire national, parfois au sein d’intersyndicales. Selon la CR, le Premier ministre fera des annonces vendredi à l’occasion d’un « déplacement ».