Pesticides au robinet : la réponse en quatre temps du gouvernement

Rassurer, renforcer les contrôles, mieux protéger les captages et réduire la dépendance aux pesticides : telle est la réaction du gouvernement à la suite du rapport de l’Anses révélant la présence critique d’un métabolite du chlorothalonil dans l’eau destinée à consommation humaine.

« La valeur sanitaire transitoire permettant de prévenir d’un risque sanitaire étant de 0,3 µg/litre, les eaux prélevées et analysées sont ainsi non conformes mais ne présentent pas de risque sanitaire ». Le gouvernement s’est voulu rassurant après la publication par l’Anses, le 6 avril dernier, de son rapport triennal sur la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers. Le rapport avait révélé la présence un métabolite pertinent du chlorothalonil à des concentrations maximales de 0,2 µg/litre, supérieur à la norme de 0,1 µg/litre mais inférieur à la valeur sanitaire transitoire de 0,3 µg/litre. Les analyses portaient sur l’équivalent de 20% de l’eau distribuée en France et indiquaient que 34% des prélèvements d’eau du robinet dépassaient la limite de qualité fixée à 0,1 µg/litre pour le métabolite en question (R471811). Des résultats qui « appellent à poursuivre le travail d’amélioration de la qualité de l’eau, en particulier de l’eau destinée à la consommation humaine », juge le gouvernement, indiquant la la mises en œuvre de mesures « plus régulières », sous la conduite des Agences régionales de santé (ARS).

Intensifier les mesures de protection des zones de captage

Le gouvernement indique par ailleurs sa volonté « d’intensifier les mesures de protection des zones de captage, de les adapter et de les différencier en fonction des spécificités territoriales ». Les teneurs excessives en pesticides et en nitrates sont la première cause, à hauteur de 41%, des fermetures annuelles des points de captage d’eau causées par des pollutions. Dévoilé par le président de la République le 30 mars dernier, le « Plan eau » prévoit justement plusieurs dispositions dans ce sens. Dès cette année, au sein des aires d’alimentation de captage, les projets d’installation en AB ou s’inscrivant dans une démarche agro-écologique, seront favorisés, ce que formalisera le Pacte et de la Loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOA).

A compter de 2024, le soutien aux pratiques agricoles à bas niveau d’intrants sur les aires d’alimentation de captage sera renforcé via les Agences de l’eau. Les Maec et les aides à la bio seront revalorisées à hauteur de 50 millions d’euros par an. L’expérimentation des Paiements pour services environnementaux (PSE) sera prolongée jusqu’à la fin de la programmation Pac à hauteur de 30 millions d’euros par an. Les collectivités bénéficieront de 20 millions d’euros par an pour réaliser des acquisitions foncières.

En attendant Ecophyto 2030

Le gouvernement n’entend pas circonscrire son action aux seuls points de captage d’eau. « Les agriculteurs, les filières et tous les acteurs doivent se mobiliser pour réduire substantiellement l’utilisation des produits phytosanitaires, tout en garantissant notre souveraineté agricole et alimentaire », invitant «  les acteurs concernés à se préparer le plus tôt possible à la sortie de l’usage des pesticides (...) Il s’agit de prendre les devants afin que les agriculteurs ne se retrouvent pas dans des impasses techniques et économiques, à l’instar des situations récentes du S-métolachlore ou des néonicotinoïdes (...) Un travail intense doit en particulier porter sur la recherche et l’innovation, à tous les niveaux, pour identifier des pratiques alternatives, économiquement soutenables, qui permettent de construire une agriculture plus résiliente demain et d’anticiper les interdictions à venir ».

Le gouvernement dévoilera sa stratégie dans  le futur Plan Ecophyto 2030, bras armé de la planification écologique sur les produits phytos, et qui doit être présenté d’ici à quelques mois.