Plan protéines : "Travailler aussi sur la ration de base, quitte à vendre moins d’aliment"

Le Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (Snia) salue les moyens et l’ambition portés par le ministère de l’Agriculture. Disposé à s’emparer pleinement du nouveau Plan protéines, le Snia espère que la Pac confortera l’impulsion française.

« Il faut absolument que l’on améliore le niveau de protéines de la ration de base constituée des différents fourrages produits par les éleveurs. Cela nous fera peut-être vendre un petit moins d’aliment, mais notre métier, c’est de formuler et de s’adapter à ce que l’éleveur est capable de produire sur son exploitation et à aller dans le sens de ses objectifs ». A l’occasion d’une conférence de presse, François Cholat, président du Snia, n’a pas esquivé l’objectif numéro 2 du Plan protéines, consistant à améliorer l’autonomie alimentaire des élevages. Bien au contraire.

« Les 100 millions d’euros sont là pour la appuyer la compétitivité », a-t-il poursuivi. « A nous de retravailler les rations de base chez nos éleveurs et les emblavements chez nos producteurs céréaliers. Tous les adhérents du Snia sont dans cet esprit ».

Henri Tromelin, directeur général de Tromelin Nutrition (Finistère), était là pour en témoigner. « Nous avons initié il y a quelques années un programme d’incorporation de protéagineux, produits localement », explique-t-il. « Nous avons convaincu des agriculteurs de produire des féveroles et les éleveurs de les utiliser. Entre les deux, nous avons mis en place un programme de recherche et développement pour mettre au point de nouvelles formules. Le Plan protéines va nous permettre de conforter nos efforts de recherche et soutenir les investissements matériels ».

La Pac appelée en renfort

Le Snia, qui a participé à l’élaboration du Plan protéines, présenté mardi 1er décembre par le ministère de l’agriculture, se déclare totalement satisfait des objectifs qui lui sont assignés et des moyens qui lui sont alloués. Le Snia a au passage adressé un satisfecit au ministère de l’Agriculture pour l’écoute et la réactivité manifestées tout au long de la crise sanitaire due au coronavirus.

La Plan protéines, ou plus exactement la Stratégie nationale sur les protéines végétales, met 100 millions d’euros sur la table pour réduire la dépendance protéique de la France, renforcer l’autonomie alimentaire des élevages et promouvoir la production et la consommation de légumes secs.

« C’est une véritable rampe de lancement », se réjouit François Cholat. « Avec ce plan, nous allons tester de nouvelles solutions sans faire prendre de risques aux éleveurs. Il nous faudra sans doute aller chercher des fonds supplémentaires dans un second temps mais les fabricants d’aliment, totalement en mode offensif, auront alors des éléments pour étayer la demande ».

Le Snia espère que la prochaine Pac va « pousser dans le même sens » que l’initiative française.

Le syndicat s’est dit aussi favorable à l’intégration de protéines d’insectes dans les aliments destinés aux poissons et aux volailles, un segment pour lequel le Snia a mis en œuvre des bancs d’essai.