Le nouveau plan protéines enfin dévoilé

Près de deux ans après l’annonce d’Emmanuel Macron, au salon de l’Agriculture 2019, de vouloir "porter un plan protéines ambitieux à l'échelle du continent" européen, le gouvernement a présenté les grandes lignes de cette stratégie, construite avec les filières agricoles et dotée de 100 millions d’euros.

Le plan protéines relève à la fois d’un défi de souveraineté, d’environnement et de compétitivité, a indiqué le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie lors de la présentation du plan à la presse le 1er décembre. Pour relever ces défis, l’Etat s’engage dans un effort financier « sans précédent » : « 100 millions d’euros du plan France relance seront déployés dans les deux prochaines années, auxquels viennent s’ajouter les investissements du 4ème Programme d’investissement d’avenir (PIA4) et de BPIFrance », a précisé le ministre.

Le gouvernement s’est fixé un objectif en deux étapes : doubler les surfaces des plantes riches en protéines d’ici à 2030 et, afin d’enclencher la dynamique, parvenir à une hausse de 40% d’ici trois ans. Toute la gamme de légumineuses et concernée : les légumineuses fourragères (luzerne, sainfoin, lotier, trèfle, vesce), les légumineuses à graines destinées à l’alimentation animale (soja, pois, féverole, lupin) et enfin les légumineuses destinées à l’alimentation humaine (haricots, pois chiches, lentilles, fèves, pois cassés, petits pois). L’ensemble de ces espèces couvre aujourd’hui près d’un million d’hectares. Ce sont donc 400 000 hectares de plus à implanter dans les trois prochaines années.

Le plan protéines présenté par le ministre est articulé autour de trois grandes priorités. La première est de « réduire notre dépendance aux importations », a détaillé Julien Denormandie. Afin de développer des filières protéines locales, 50 millions d’euros du plan de relance sont fléchés vers des mesures de soutien à la structuration des filières, permettant notamment l’investissement dans des outils de production, de transformation et de transport.

Deuxième grande priorité : « améliorer l’autonomique alimentaire des élevages ». Une enveloppe de 20 millions d’euros sur deux ans est prévue pour l’aide à l’investissement sur les exploitations. Elle comprend 10 millions d’euros pour l’aide à l’investissement dans des semences permettant d’accroître le potentiel en protéines des prairies (légumineuses fourragères) et 10 millions d’euros pour l’aide à l’investissement dans du matériel spécifique à la production de légumineuses et à leur valorisation à la ferme (outils de récolte, de tri, de stockage, de séchage, de transformation…). L’aide à l’investissement pourra par exemple concerner l’achat d’un toaster pour les graines.

Ces investissements pourront être financés à hauteur de 40%, a précisé le ministre de l’Agriculture. Comme pour les autres dispositifs du plan de relance, les dossiers de demandes d’aides pourront être déposés à partir du 1er janvier 2021.

La troisième grande priorité du plan protéines concerne la recherche et le développement, à hauteur de 20 millions d’euros. Des mesures de soutien à l’innovation dans les entreprises en matière d’obtention variétale et le développement de nouvelles formes de protéines sont également prévues. Enfin, le plan prévoit 3 millions d’euros pour la communication autour de la consommation de légumes secs dans l’alimentation humaine, en particulier chez les enfants.