[Tech & Bio] Marc Fesneau : « Le bio a de l’avenir et il faut qu’on lui donne les moyens de son avenir »

En visite à Tech & Bio, le ministre de l’Agriculture a annoncé de nouvelles aides dédiées à la communication et au Fonds avenir bio, en attendant l’éventuel reliquat des aides à la conversion non consommées en 2023. La Fnab salue l’effort, avec quelques réserves.

« Le bio a de l’avenir et il faut qu’on lui donne les moyens de son avenir » : tel est le message délivré par Marc Fesneau ce 21 septembre à Valence (Drôme), dans les allées de Tech & Bio, 9ème édition depuis sa création lancement en 2005, mais 1ère édition de crise. Sur fond d’inflation galopante, plombant le budget alimentaire des Français, l’AB vit en effet la première secousse de son histoire. « Si à chaque fois que l’on subit une crise, on remettait en cause les filières, il n’y aurait plus de filières agricoles en France », a dit le ministre à Tech & Bio, comme pour conjurer le mauvais sort.

Un nouvel effort budgétaire

A Valence, le ministre de l’Agriculture a annoncé une enveloppe annuelle de 5 millions d’euros, dédiées à la communication, à valoir sur les exercices 2024, 2025, 2026, ce qui portera le budget communication à 8 millions d’euros annuels. « Il faut que l’on repositionne le bio dans ce qu’il est dans sa pratique, dans sa territorialité, dans ses valeurs », a dit Marc Fesneau. « Ça fait longtemps qu'on demande un engagement dans la durée, donc cette enveloppe de 5 millions d'euros par an sur trois ans est une très bonne nouvelle, d'autant qu'elle se rajoute à l'enveloppe de 3 millions dont nous attendions des nouvelles depuis quelques mois », se réjouit Philippe Camburet, président de la Fnab, qui a rarement l’occasion de louer l’action gouvernementale. Avec toutefois une réserve. « Le budget de communication de l'Agence Bio ne peut pas venir que de l'Etat, la profession doit contribuer grâce aux cotisations professionnelles que nous payons tous. Elles doivent être utilisées pour venir en soutien de la filière biologique ».

Seconde annonce : le Fonds avenir bio, dédié à la structuration de la filière, sera abondé de 5 millions d’euros, ce qui portera son budget à 18 millions d’euros.

20% de bio dans les cantines de l’Etat d’ici au 31 décembre

Ces nouvelles enveloppes confortent  le plan de soutien à la bio, doté de près de 200 millions d’euros, dévoilé le 17 mai dernier, incluant notamment une aide d’urgence de 60 millions d’euros, destinée à compenser la perte d’EBE et les difficultés de trésorerie, et dont le guichet est ouvert jusqu’au 29 septembre prochain. L’Etat s’est par ailleurs engagé à respecter, d’ici à la fin de l’année, le ratio de 20% de produits AB dans la restauration collective relevant de sa tutelle. « C’est l’équivalent de 100 à 120 millions d’euros » a dit Marc Fesneau, qui pousse pour que les collectivités territoriales activent également ce levier essentiel à l’essor de la demande. En 2022, le taux de produits bio en restauration collective publique pointait à 7%. Alors que la puissance publique vise l’exemplarité, le ministre s’est interrogé sur les pratiques de la grande distribution. « Je ne comprends pas pourquoi la marge d’un produit bio est supérieure à celle d’un produit conventionnel. Au motif de quoi ? », s’est interrogé le ministre, sans toutefois esquisser un quelconque moyen de pression. « Ce n’est pas le moment de mettre moins de produits bio en rayon ».

En attendant le bilan 2023 des conversions

La prochaine intervention publique notable ne devrait pas intervenir avant le début de l’année prochaine. L'éventuel ralentissement des conversions, déjà observé en 2022, pourrait générer des reliquats d’aides dédiées. « Les moyens alloués à la conversion bio ne doivent pas se volatiliser ailleurs », a affirmé Marc Fesneau. Si transfert il y a, il pourrait profiter à l’écorégime bio, dont la Fnab demande le relèvement de 110€/ha à 145€/ha. Sans succès à ce stade. Le ministre a exclu en tout cas tout retour de l’aide au maintien, expliquant que le crédit d’impôt bio équivalait à un soutien « supérieur ». La France vise toujours les 18% de SAU à fin 2027. Fin 2022, le taux était 10,71% contre 10,44% en 2021.