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L&rsquo;annonce d&rsquo;une subvention europ&eacute;enne de 15&#8239;millions d&rsquo;euros en faveur de la fili&egrave;re viticole sud-africaine provoque des remous dans le vignoble fran&ccedil;ais. Cette aide, accord&eacute;e par la Commission europ&eacute;enne via un fonds de d&eacute;veloppement, vise &agrave; encourager une croissance &laquo;&#8239;inclusive&#8239;&raquo; du secteur viticole sud-africain dans une industrie encore marqu&eacute;e par des in&eacute;galit&eacute;s historiques. Si l&rsquo;objectif de justice sociale suscite peu de d&eacute;bats de fond, c&rsquo;est le timing et la provenance des fonds qui font grincer des dents. Cette annonce intervient dans un contexte o&ugrave; les viticulteurs fran&ccedil;ais subissent de plein fouet une crise sans pr&eacute;c&eacute;dent&nbsp;: r<a href="https://www.pleinchamp.com/actualite/dans-le-monde-entier-le-vin-dans-un-triple-tourbillon" target="_blank" title="">ecul de la consommation</a>, &eacute;v&egrave;nements climatiques, baisse des exportations et incertitudes commerciales. Nombreux sont ceux qui peinent &agrave; maintenir la viabilit&eacute; de leur exploitation. L&rsquo;an dernier, la France a m&ecirc;me d&eacute;bloqu&eacute; un plan d&rsquo;arrachage de 120 millions d&rsquo;euros <a href="https://www.pleinchamp.com/actualite/vigne-des-demandes-d-arrachage-a-hauteur-de-27-452-hectares">pour arracher des milliers d&rsquo;hectares de vignes.</a><h2>Une aide qui serait bienvenue pour le vignoble europ&eacute;en</h2>&laquo;&#8239;Injustifiable&#8239;&raquo;, &laquo;&#8239;d&eacute;connect&eacute;e des r&eacute;alit&eacute;s &raquo; : les syndicats agricoles &mdash; FNSEA, Vignerons coop&eacute;rateurs, et autres organisations repr&eacute;sentatives &mdash; d&eacute;noncent une contradiction de fond. Tandis que l&rsquo;Europe finance, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, l&rsquo;arrachage de plusieurs milliers d&rsquo;hectares de vignes en France, elle soutient, de l&rsquo;autre, le d&eacute;veloppement d&rsquo;une production viticole hors UE. Un message per&ccedil;u comme brouill&eacute;, &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; nombre d&rsquo;exploitants peinent &agrave; maintenir l'&eacute;quilibre &eacute;conomique de leur activit&eacute;.&nbsp;Les organisations demandent que les fonds europ&eacute;ens soient r&eacute;orient&eacute;s prioritairement vers les viticulteurs des &Eacute;tats membres, et qu&rsquo;une strat&eacute;gie coh&eacute;rente de soutien &agrave; la fili&egrave;re soit mise en place.&nbsp;<h2>La vigne dans l'Union en second plan</h2>Si la solidarit&eacute; internationale a sa place, soulignent les repr&eacute;sentants des syndicats agricoles, elle ne doit pas se faire au d&eacute;triment de producteurs europ&eacute;ens en grande difficult&eacute;. Un appel qui &eacute;tait d&eacute;j&agrave; celui des principales associations vitivinicoles nationales europ&eacute;ennes &agrave; l&rsquo;issu de leur r&eacute;union annuelle du 11 juin dernier &agrave; Montepulciano&nbsp;: &laquo;&nbsp;la diplomatie, la PAC et les ressources de l&rsquo;UE sont plus que jamais indispensables pour garantir l&rsquo;avenir du secteur&nbsp;&raquo;. Ce soutien sud-africain, m&ecirc;me s&rsquo;il s&rsquo;inscrit dans une logique de coop&eacute;ration internationale, soul&egrave;ve une question centrale : quelles priorit&eacute;s pour la politique agricole et commerciale de l&rsquo;Union ?&nbsp;

Bruxelles alloue 15 millions d’euros à la viticulture sud-africaine pour soutenir l’inclusion sociale. Un choix que les professionnels européens jugent incohérent alors qu’ils font face à une crise multifactorielle.

15 millions pour l’Afrique du Sud : l’aide européenne qui fait grincer les vignes françaises

Le chiffre fait l&rsquo;effet d&rsquo;un coup de tonnerre : &laquo; Plus de 30 % des dossiers de la cellule &ldquo;R&eacute;agir&rdquo; pour les agriculteurs en difficult&eacute; concernent des jeunes install&eacute;s &raquo;, expose Romain Fontaine, de Chambre d&rsquo;agriculture France, lors de la conf&eacute;rence de restitution des r&eacute;sultats de l&rsquo;&eacute;tude Agrinovo &agrave; Angers le 20 mars.Le responsable du service Hommes et Entreprises recense trois crit&egrave;res pour qu&rsquo;une installation soit r&eacute;ussie : la comp&eacute;tence technique et de gestion d&rsquo;entreprise, la ressource financi&egrave;re et l&rsquo;ancrage dans les r&eacute;seaux agricoles &ndash; voire territoriaux.Autrement dit, si un jeune agriculteur ne passe pas le cap des cinq ans, il lui manque probablement l&rsquo;un de ces &eacute;l&eacute;ments. Ce que confirme l&rsquo;&eacute;tude Agrinovo, r&eacute;alis&eacute;e par l&rsquo;&Eacute;cole sup&eacute;rieure des agricultures (Esa) dans le cadre de la chaire Mutations agricoles.L&rsquo;&eacute;tude distingue cinq profils : les classes populaires rurales, les reconvertis des classes moyennes, ceux des classes sup&eacute;rieures, les h&eacute;ritiers bien pr&eacute;par&eacute;s et les h&eacute;ritiers sans vocation.<h1>Les n&eacute;oruraux, particuli&egrave;rement fragiles</h1>Or les agriculteurs du type &laquo; reconvertis des classes moyennes &raquo; disparaissent davantage que les autres profils entre les deux ann&eacute;es enqu&ecirc;t&eacute;es. &laquo; Les personnes de ce profil n&rsquo;ont ni les ressources financi&egrave;res pour les appuyer en cas de difficult&eacute;s, ni l&rsquo;ancrage social agricole &raquo;, d&eacute;veloppe Bertille Thareau, titulaire de la chaire.En plus de coups de pouce &eacute;conomiques de la part des organisations, le milieu a donc int&eacute;r&ecirc;t &agrave; ce que les agriculteurs aillent &agrave; la rencontre des jeunes install&eacute;s ayant ce profil, pour les int&eacute;grer via des groupes de d&eacute;veloppement, Cuma, syndicats etc. &laquo; Il faut aussi les accompagner techniquement &raquo;, ajoute Romain Fontaine.L&rsquo;aspect &eacute;conomique est le principal point de vigilance d&rsquo;un profil devenu &ndash; en toute discr&eacute;tion &ndash; l&rsquo;un des plus r&eacute;pandus : les &laquo; classes populaires rurales &raquo;. Ces personnes du milieu rural, enfants d&rsquo;ouvriers ou d&rsquo;employ&eacute;s, suivent une formation agricole et b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;une exp&eacute;rience salariale dans le secteur. Elles ont donc &agrave; la fois l&rsquo;ancrage territorial, le r&eacute;seau social et les comp&eacute;tences - mais peu de ressources financi&egrave;res.<h1>Pas d&rsquo;installation d&egrave;s le dipl&ocirc;me</h1> Quant aux traditionnels enfants d&rsquo;agriculteurs qui reprennent la ferme familiale, l&rsquo;&eacute;tude les qualifie &laquo; d&rsquo;h&eacute;ritiers bien pr&eacute;par&eacute;s &raquo;. Immerg&eacute;s dans le milieu d&egrave;s l&rsquo;enfance, ils suivent une formation agricole, qui leur permet au passage de construire leur r&eacute;seau, aident sur l&rsquo;exploitation familiale, d&eacute;couvrent d&rsquo;autres syst&egrave;mes au travers de stage ou du salariat&hellip; L&rsquo;agronomie et la zootechnie, ils connaissent.N&eacute;anmoins, ils s&rsquo;installent bien plus t&ocirc;t que les autres profils : la moiti&eacute; d&rsquo;entre eux franchissent le cap avant 25 ans. Or &laquo; la comp&eacute;tence gestion d&rsquo;entreprise agricole s&rsquo;acqui&egrave;re avec l&rsquo;exp&eacute;rience &raquo;, souligne Romain Fontaine. &laquo; Travailler avant de s&rsquo;installer est gage de maintien dans le temps &raquo;. Alors, m&ecirc;me si le renouvellement des g&eacute;n&eacute;rations est une urgence, mieux vaut ne pas encourager la pr&eacute;cipitation !

Il arrive que des jeunes agriculteurs arrêtent le métier, certains moins de cinq ans après leur installation. Est-ce uniquement un problème de rentabilité avec le contexte difficile ? Bien au contraire, l’étude Agrinovo identifie une typologie et des besoins différents selon les profils.

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