
Depuis quelques années, le bien-être s’est invité dans les débats de société. Quiconque a un jour chaussé des bottes pour déambuler dans une stabulation, une salle de traite, une pâture ou encore une estive a pu mesurer à quel point le bien-être des bêtes mobilisait les éleveurs jour et nuit, toute l’année. Et on ne parle pas du soin qui entoure veaux, vaches, cochons, moutons, volailles, lapins etc. qui font le voyage à Paris à l’occasion du salon de l’agriculture. Au salon justement, Pleinchamp a pris de le parti de s’enquérir du bien-être... des éleveurs.


Bien dans ses bottes : rencontre avec Fabien

Cr&eacute;&eacute; au XIXe si&egrave;cle autour du vin et des c&eacute;r&eacute;ales pour effectuer des achats&nbsp;en commun, le mod&egrave;le des coop&eacute;ratives pr&eacute;sid&eacute;es par des agriculteurs s'est&nbsp;&eacute;tendu apr&egrave;s la deuxi&egrave;me guerre mondiale &agrave; l'ensemble des productions. Mais depuis 40 ans, &agrave; coup de rapprochements et de fusions, une vingtaine&nbsp;de groupes coop&eacute;ratifs d&eacute;passent le milliard d'euros de chiffre d'affaires et&nbsp;ont des activit&eacute;s &agrave; l'international, ce qui effraie certains coop&eacute;rateurs&nbsp;historiques. "Il y a un probl&egrave;me de dimensionnement des Coop. Plus elles sont grosses,&nbsp;plus elles multiplient les structures pour g&eacute;rer les activit&eacute;s, plus c'est&nbsp;compliqu&eacute; &agrave; comprendre et moins il y a de transparence", r&eacute;sume Dominique&nbsp;Lebreton.&nbsp;&nbsp;&nbsp;Pour cet &eacute;leveur de Loire Atlantique membre de la Conf&eacute;d&eacute;ration paysanne,&nbsp;qui a quitt&eacute; une grosse coop&eacute;rative en 2010 pour passer au bio, "l'essence&nbsp;m&ecirc;me de l'&eacute;conomie sociale et solidaire finit par dispara&icirc;tre". "Il y a eu un effet de concentration car le march&eacute; unique europ&eacute;en se&nbsp;d&eacute;r&eacute;gule et les coop&eacute;ratives fran&ccedil;aises se sont retrouv&eacute;es face &agrave; des&nbsp;comp&eacute;titeurs qui sont de la taille d'un pays, &eacute;crasent les co&ucirc;ts de production&nbsp;et p&eacute;n&egrave;trent notre march&eacute;", explique le directeur g&eacute;n&eacute;ral de Coop de France,&nbsp;Pascal Vin&eacute;.&nbsp;&nbsp;&nbsp;Pour r&eacute;sister, les coop&eacute;ratives se sont lanc&eacute;es dans la transformation des&nbsp;produits agricoles, p&eacute;n&eacute;trant largement le secteur agroalimentaire "o&ugrave; se cr&eacute;e&nbsp;la valeur ajout&eacute;e". En France aujourd'hui une marque alimentaire sur trois est&nbsp;produite par une coop&eacute;rative. Depuis 1991, elles peuvent m&ecirc;me disposer de filiales de droit priv&eacute; via la&nbsp;cr&eacute;ation de holding, ce qui leur donne acc&egrave;s au financement bancaire et aux&nbsp;march&eacute;s. Limagrain a cot&eacute; en Bourse sa filiale Vilmorin, quatri&egrave;me semencier&nbsp;mondial. Tereos a fait de m&ecirc;me avec Tereos Internacional (transformation de&nbsp;c&eacute;r&eacute;ales et de canne &agrave; sucre).<h2>un homme, une voix</h2>"Dire qu'une bonne coop&eacute;rative est une Coop qui ne gagne pas d'argent,&nbsp;c'est une image &agrave; laquelle il faut tordre le coup", s'indigne M. Vin&eacute;. En&nbsp;"cr&eacute;ant des filiales, nos entreprises se sont mises dans des situations&nbsp;&eacute;quivalentes aux entreprises priv&eacute;es pour &ecirc;tre comp&eacute;titives." Mais le sacro-saint principe coop&eacute;ratif "un homme, une voix" est maintenu,&nbsp;assure-il. Cohabitent d&eacute;sormais, "dans un m&ecirc;me groupe", une "logique "coop&eacute;rative et&nbsp;une "logique capitaliste", r&eacute;sume Maryline Thenot, enseignante-chercheuse &agrave;&nbsp;Neoma Business School. "La complexit&eacute; de ces entit&eacute;s tient &agrave; leur taille, elle &eacute;mane &eacute;galement de&nbsp;leur structure juridique qui autorise d&eacute;sormais la pr&eacute;sence simultan&eacute;e des&nbsp;acteurs coop&eacute;ratifs et des investisseurs priv&eacute;s", un vrai exercice&nbsp;d'&eacute;quilibriste, explique-t-elle.&nbsp;&nbsp;&nbsp;Les partenaires priv&eacute;s, apporteurs de capital, peuvent peser lourd dans les&nbsp;d&eacute;cisions. C'est sous l'impulsion de l'actionnaire am&eacute;ricain de sa marque&nbsp;Yoplait, General Mills, que la coop&eacute;rative laiti&egrave;re Sodiaal a cr&eacute;&eacute; au&nbsp;Luxembourg plut&ocirc;t qu'en France la filiale o&ugrave; le g&eacute;ant am&eacute;ricain verse ses&nbsp;b&eacute;n&eacute;fices &agrave; l'international. Pour M. Vin&eacute;, les coop&eacute;ratives subissent "une injonction contradictoire":&nbsp;faire du profit sur les productions agricoles pour affronter la concurrence&nbsp;internationale, tout en prenant soin des coop&eacute;rateurs via le prix vers&eacute; pour&nbsp;leurs productions. Les grandes coop&eacute;ratives comme Sodiaal ont ainsi &eacute;t&eacute; tr&egrave;s critiqu&eacute;es&nbsp;pendant la crise laiti&egrave;re pour avoir baiss&eacute; leurs prix d'achat du lait dans le&nbsp;sillage des cours mondiaux.&nbsp;"Des paysans ont tout d'un coup des responsabilit&eacute;s et se mettent dans la&nbsp;peau de PDG", rel&egrave;ve M. Lebreton, et "les administrateurs ne ma&icirc;trisent pas le&nbsp;personnel administratif" qui enfle au fur et &agrave; mesure de la croissance.&nbsp;&nbsp;Dans les grosses coop&eacute;ratives, "le directeur g&eacute;n&eacute;ral et tous les cadres&nbsp;sup&eacute;rieurs proviennent pour la plupart du monde capitalistique, ils sont&nbsp;souvent pass&eacute;s par les grands de l'agroalimentaire", explique Mme Th&eacute;not. Malgr&eacute; les critiques, en cas de coup dur, les Coop continuent toutefois&nbsp;d'assurer un soutien financier aux agriculteurs en difficult&eacute;, ce qui les&nbsp;place parfois en situation de quasi-banquier. Ma&iuml;sadour a par exemple aid&eacute; ses adh&eacute;rents producteurs de foie gras pendant&nbsp;la crise de la grippe aviaire en bloquant certaines factures et en octroyant&nbsp;des avances de tr&eacute;sorerie. La bioraffinerie de Bazancourt-Pomacle (Marne) n'aurait jamais vu le jour,&nbsp;selon Mme Th&eacute;not, si Cristal Union et Vivescia&nbsp;"n'avaient pas &eacute;t&eacute; l&agrave;" avec&nbsp;"leurs valeurs, cette optique de vision &agrave; long terme. Elles voulaient&nbsp;travailler pour l'avenir de leurs enfants et petits-enfants coop&eacute;rateurs".&Agrave; voir, sur le m&ecirc;me sujet : Coop&eacute;ratives agricoles, comment ne pas se couper de la base ?


Les coopératives agricoles ont tellement prospéré que certaines sont devenues des poids lourds de l'agroalimentaire, et sont soupçonnées d'oublier "l'esprit" coopératif au profit d'un capitalisme pur et dur.


Les coopératives agricoles ont-elles pris un tournant trop capitaliste ?

Pas plus d'un rumex pour 5 m2 de prairie&nbsp;: tel devrait &ecirc;tre le seuil &agrave; ne pas d&eacute;passer pour ne pas entamer la productivit&eacute; des prairies. Probl&egrave;me&nbsp;: le rumex a une forte capacit&eacute; de reproduction, par graine ou pas segmentation de la racine pivotante. La destruction des hampes florales ainsi que des applications herbicides peuvent en limiter les impacts mais souvent imparfaitement. Pour les bio, il y a aussi la fourche &agrave; rumex, mais &agrave; quel prix&nbsp;? &laquo;&nbsp;Le rumex est de nature &agrave; remettre en cause le syst&egrave;me de certains de nos adh&eacute;rents bio&nbsp;&raquo; souligne Bertrand Pinel, chef de projet R&amp;D chez Terrena Innovation. &laquo;&nbsp;D'o&ugrave; notre implication dans le consortium de recherche collaborative Dockweeder&nbsp;&raquo;.<h2>Un rumex d&eacute;truit en 80 secondes</h2>Financ&eacute; par l'Union europ&eacute;enne, le consortium compte 7 partenaires suisse, danois, n&eacute;erlandais et fran&ccedil;ais avec Terrena Innovation, filiale du groupe coop&eacute;ratif.&nbsp; Le projet consiste &agrave; mettre au point un robot capable de d&eacute;tecter le rumex, de jour comme de nuit, avec une fiabilit&eacute; sup&eacute;rieure &agrave; 90 %, avec l'aide de l'intelligence artificielle (apprentissage profond ou deep learning). Une fois d&eacute;tect&eacute;, le rumex est cibl&eacute; par une double roto-buse pulv&eacute;risant de l'eau chaude (90&deg;C) &agrave; forte pression. R&eacute;sultat&nbsp;? &laquo;&nbsp;La d&eacute;tection comme la destruction sont&nbsp; efficaces&nbsp;&raquo;, annonce Bertrand Pinel. &laquo;&nbsp;Le facteur limitant la logistique et l'autonomie r&eacute;side dans r&eacute;side dans le transport et la consommation d'eau, d'environ 1,6 l par rumex. Mais rien n'emp&ecirc;che d'imaginer l'adjonction d'une cuve accompagnatrice. Des solutions alternatives sont explor&eacute;es comme par exemple la destruction m&eacute;canique r&eacute;p&eacute;t&eacute;e et robotis&eacute;e ou encore le laser visant le m&eacute;rist&egrave;me&nbsp;&raquo;.


Le projet de recherche européen Dockweeder, auquel contribue Terrena Innovation, vise à robotiser la détection et la destruction des rumex par eau chaude sous pression. 


De l'eau chaude sous pression contre le rumex

Bien dans ses bottes : rencontre avec Amélie

Q: Est-ce qu'&agrave; partir d'une certaine taille, l'esprit coop&eacute;ratif est en&nbsp;danger dans une coop&eacute;rative ?&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; R: "Ce qui m'agace le plus, c'est qu'on compare nos coop&eacute;ratives &agrave; des&nbsp;multinationales. Une Coop est ancr&eacute;e sur son territoire, ce qui fait sa force&nbsp;est d'&ecirc;tre accroch&eacute;e &agrave; ses adh&eacute;rents. Les usines des coop&eacute;ratives, les outils&nbsp;de transformation, font partie de mon patrimoine en tant qu'&eacute;leveur. Ce sont&nbsp;des outils collectifs. M&ecirc;me si les coop&eacute;ratives ont une taille importante, elles restent attach&eacute;es&nbsp;aux exploitations. Plus la taille est grande, plus il faut mettre en oeuvre&nbsp;des moyens pour que le sentiment d'appartenance, de proximit&eacute;, reste fort. Il y a parfois quelques incompr&eacute;hensions sur le terrain. Quand on a 3.000,&nbsp;5.000 ou 20.000 adh&eacute;rents, il faut avoir des r&egrave;gles adapt&eacute;es dans la prise de&nbsp;d&eacute;cision qui respectent les r&egrave;gles coop&eacute;ratives. La notion d'organisation, de&nbsp;gouvernance prend de l'importance. Il faut de la p&eacute;dagogie, mais aussi des&nbsp;remont&eacute;es d'information, un &eacute;change permanent. On n'est pas des soci&eacute;t&eacute;s du CAC 40. Le r&eacute;sultat de l'ann&eacute;e est tr&egrave;s&nbsp;important pour les associ&eacute;s collaborateurs, mais si on ne tient compte que de&nbsp;&ccedil;a, on n'est pas &agrave; la hauteur des enjeux coop&eacute;ratifs. Si on ne pense pas aux&nbsp;ann&eacute;es, aux g&eacute;n&eacute;rations &agrave; venir, on ne remplit pas notre r&ocirc;le d'&eacute;lu. Par exemple, dans certains zones isol&eacute;es, la production laiti&egrave;re subsiste&nbsp;car la coop&eacute;rative continue &agrave; collecter le lait, ce qui p&egrave;se forc&eacute;ment sur sa&nbsp;rentabilit&eacute;."&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Q: Que r&eacute;pondez-vous &agrave; ceux qui s'inqui&egrave;tent de voir se multiplier les&nbsp;filiales, ou enfler la technostructure ?&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;R: "Il faut expliquer notre organigramme par un souci de simplification&nbsp;maximale. Si on m&eacute;lange le lait de consommation et le fromage dans une m&ecirc;me&nbsp;entit&eacute; juridique, rapidement ce sera le brouillard. Il faut voir quelle&nbsp;organisation avoir pour une meilleure efficacit&eacute;. Pour expliquer les montages&nbsp;qu'on a dans nos coop&eacute;ratives, on prend l'exemple des exploitations de nos&nbsp;adh&eacute;rents. Certains agriculteurs-adh&eacute;rents ont aujourd'hui une soci&eacute;t&eacute; s&eacute;par&eacute;e&nbsp;pour g&eacute;rer leur activit&eacute; photovolta&iuml;que par exemple. Les gens comprennent tr&egrave;s&nbsp;bien. Lors des r&eacute;unions de terrain de Sodiaal, les adh&eacute;rents comprennent aussi&nbsp;qu'il faut aller chercher les meilleurs managers pour r&eacute;aliser ce qu'on a &agrave;&nbsp;faire (...) quelle que soit la taille de la coop&eacute;rative"&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Q: Faire entrer des partenaires priv&eacute;s dans les filiales d'une coop&eacute;rative&nbsp;ne pose-t-il pas de question ?&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;R: "Dans toutes les soci&eacute;t&eacute;s partag&eacute;es avec d'autres acteurs, il y a un&nbsp;pacte d'actionnaire: on y inscrit les droits des diff&eacute;rents associ&eacute;s et cela&nbsp;prot&egrave;ge les int&eacute;r&ecirc;ts des diff&eacute;rentes parties. Apr&egrave;s, on a des int&eacute;r&ecirc;ts communs: que l'activit&eacute; de transformation d&eacute;gage&nbsp;un b&eacute;n&eacute;fice, qui remonte jusqu'&agrave; nos adh&eacute;rents. En g&eacute;n&eacute;ral, les coop&eacute;ratives veillent &agrave; ce que les producteurs soient&nbsp;repr&eacute;sent&eacute;s jusque dans ces soci&eacute;t&eacute;s. Dans le conseil d'administration de&nbsp;Yoplait (d&eacute;tenu &agrave; 51% par le groupe am&eacute;ricain General Mills, NDLR), il y a&nbsp;quatre repr&eacute;sentants de Sodiaal, deux managers et deux &eacute;leveurs, pour v&eacute;rifier&nbsp;que la filiale remplit son r&ocirc;le de g&eacute;n&eacute;rer de la valeur ajout&eacute;e. Ca passe beaucoup par les hommes, d'o&ugrave; la n&eacute;cessit&eacute; d'une confiance forte&nbsp;entre producteurs et &eacute;lus. Mais la confiance &ccedil;a se construit."Sur le m&ecirc;me sujet : coop&eacute;ratives agricoles, comment ne pas se couper de la base ?


Le président de Coop de France Métiers du Lait, Damien Lacombe, également président de Sodiaal, défend les coopératives agricoles, selon lui toujours fidèles à l'idéal coopératif même 


Damien Lacombe: "Une Coop est accrochée à ses adhérents"

A compter du 1er janvier 2022, la restauration collective publique, qui sert la bagatelle de 7,3 milliards de repas chaque ann&eacute;e, devra s'approvisionner avec au moins 50 % de produits issus de l'agriculture biologique, locaux ou sous signes de qualit&eacute;. Pour les 50 % restants et en ce qui concerne la viande bovine, compte-t-elle puiser dans le contingent de b&oelig;uf sud-am&eacute;ricain en cours de n&eacute;gociation dans le cadre de l'accord de libre-&eacute;change avec le Mercosur ? &laquo;&nbsp;C'est la question que l'on pose &agrave; Emmanuel Macron&nbsp;&raquo;, d&eacute;clare Nicolas Girod, secr&eacute;taire national de la Conf&eacute;d&eacute;ration paysanne en charge de l'&eacute;levage. &laquo;&nbsp;Comp&eacute;titif avec le b&oelig;uf br&eacute;silien ou argentin, on ne le sera jamais et le pr&eacute;sident de la R&eacute;publique a lui-m&ecirc;me affirm&eacute; que le combat ne se situait pas l&agrave;. Il nous faut monter en gamme&nbsp;: banco&nbsp;! Mais encore faut-il que nos compatriotes consomment ce que l'on produit&nbsp;&raquo;.<h2>Relocaliser les outils et l'alimentation</h2>Le syndicat souhaite que le fonds 5 milliards allou&eacute; au Grand plan d'investissement serve pr&eacute;cis&eacute;ment la transition agricole et la relocalisation de l'alimentation et des outils de transformation sur les territoires, le tout contribuant &agrave; cr&eacute;er de l'emploi et &agrave; recr&eacute;er du lien entre les producteurs et les consommateurs. Bienveillante &agrave; l'&eacute;gard des &Eacute;tats g&eacute;n&eacute;raux de l'alimentation, la Conf&eacute;d&eacute;ration paysanne n'y retrouve pas tous ses petits dans le projet de loi qui en d&eacute;coule. &laquo;&nbsp;On aurait souhait&eacute; l'instauration sinon l'exp&eacute;rimentation d'un seuil de revente &agrave; perte &agrave; l'&eacute;chelon du producteur et pas du distributeur&nbsp;&raquo;, poursuit Nicolas Girod. &laquo;&nbsp;Il y a par ailleurs un grand flou en ce qui concerne le p&eacute;rim&egrave;tre des prix abusivement bas&nbsp;: seront-ils appr&eacute;ci&eacute;s au niveau des distributeurs, des transformateurs ou des producteurs&nbsp;? Enfin, il manque selon nous une commission d'arbitrage dot&eacute;e d'un pouvoir de sanction capable de peser sur la m&eacute;diation&nbsp;&raquo;.


La Confédération paysanne digère mal le grand écart transatlantique entre les normes sanitaires du bœuf sud-américain et la montée en gamme prônée en France. Elle dénonce par ailleurs trois manquements majeurs au projet de loi sur l'équilibre des relations commerciales.


" Macron est complètement à l'Ouest avec le Mercosur "

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Suite à l'assemblée générale de Jeunes Agriculteurs mercredi 21 février au Village By CA à Carquefou, Mickaël Huneau dresse le bilan de sa mandature. 

VIDEO - Mickaël Huneau revient sur l'assemblée générale JA 44

"Il faut installer des protections, parce que si nous voulons favoriser l'installation de jeunes agriculteurs, nous avons besoin de terres agricoles qu'ils puissent avoir &agrave; bon prix", a d&eacute;clar&eacute; le ministre dans l'&eacute;mission le "Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI"."Il ne s'agit pas d'interdire les ventes aux &eacute;trangers, il s'agit d'interdire la sp&eacute;culation qui en est faite autour", a-t-il ajout&eacute; en r&eacute;ponse &agrave; une question sur l'acquisition de terres agricoles par des Chinois.Il a rappel&eacute; qu'une mission sur le foncier avait &eacute;t&eacute; mise en place afin de am&eacute;liorer le syst&egrave;me de contr&ocirc;le et &eacute;viter "que l'on puisse comme c'est le cas aujourd'hui contourner la loi, tout simplement en achetant, en accaparant des terres par des capitaux &eacute;trangers."Plusieurs acquisitions de terres agricoles par des entreprises chinoises ont eu lieu r&eacute;cemment, comme celle du conglom&eacute;rat Reward Group qui a rachet&eacute; "environ 3.000 hectares" de terres en France pour y cultiver du bl&eacute; bio. Une coop&eacute;rative fran&ccedil;aise lui fournit la farine dont il a besoin pour son projet d'une cha&icirc;ne de boulangeries en Chine.Certaines op&eacute;rations passent sous le radar: les autorit&eacute;s fran&ccedil;aises n'ont appris qu'avec retard l'acquisition chinoise de 1.700 hectares de terres c&eacute;r&eacute;ali&egrave;res au coeur du Berry, dans le centre du pays, via un montage juridique astucieux. Le pr&eacute;sident de la R&eacute;publique Emmanuel Macron a annonc&eacute; jeudi la mise en place de "verrous r&eacute;glementaires" sur les achats de terres agricoles par des &eacute;trangers.


Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert s'est prononcé dimanche en faveur de "protections" pour éviter la spéculation étrangère sur les terres agricoles et favoriser l'installation de jeunes agriculteurs.


Stéphane Travert veut protéger les terres agricoles agricoles de la spéculation étrangère


De la ferme à l’assiette via internet : c’est la signature de Panier local, qui n’est pas une Amap, encore moins un panier de produits frais. Panier local, c’est un outil de gestion commerciale destiné à faciliter la tâche des agriculteurs en circuits courts. Chacun dispose avec Panier Local d’un site internet propre, lequel va faire office de support pour éditer tous les documents administratifs (bon de commande et de livraison, factures), mettre en place les tournées de livraison, gérer les stocks et les réapprovisionnements. Bref, professionnaliser les ventes en circuits courts. En 2017, l’entreprise a généré l’équivalent de 45 millions d’euros de chiffre d’affaire. Fondée en 2007, le modèle économique de Panier Local ne repose pas sur des commissions mais sur un abonnement, fixé à 30 €/mois pour les producteurs réalisant moins de 60 000 € de chiffre d’affaires. Les explications de Ludovic de Beaurepaire, son fondateur.


[SIA2018] Panier Local ou comment booster la vente directe 

"On est en train de recenser les alternatives qui existent et de leur donner les moyens de faire leurs preuves. Mais je ne suis pas but&eacute; et personne ne doit &ecirc;tre enferm&eacute; dans une impasse: si dans un secteur particulier ou une zone g&eacute;ographique, certains agriculteurs ne sont pas pr&ecirc;ts en trois ans, on envisagera des exceptions", a indiqu&eacute; le ministre, qui ne se rendra pas au Salon de l'agriculture ouvert depuis samedi. "Mais si on arrive &agrave; se passer du glyphosate &agrave; 95%, on aura r&eacute;ussi", a-t-il ajout&eacute;.Apr&egrave;s la d&eacute;cision de l'Union europ&eacute;enne en novembre de renouveler la licence de l'herbicide controvers&eacute; pour cinq ans, Emmanuel Macron avait promis que la substance, principe actif du fameux Roundup de Monsanto, serait interdite en France&nbsp;"au plus tard dans trois ans".Mais fin janvier, le ministre de l'Agriculture St&eacute;phane Travert avait d&eacute;clar&eacute; que la France allait "essayer de sortir" dans les trois ans. "Le pr&eacute;sident a rappel&eacute; que tant qu'il n'y a pas de substitution, il n'y a pas de suppression", avait soulign&eacute; M. Travert, qui doit pr&eacute;senter &agrave; l'issue du Salon de l'agriculture un "plan d'action" en la mati&egrave;re en collaboration avec les autres ministres concern&eacute;s.Nicolas Hulot &eacute;voque &eacute;galement pour la premi&egrave;re fois la cr&eacute;ation "d'un fonds assurantiel" destin&eacute; aux agriculteurs qui se convertissent &agrave; l'agriculture biologique, et "qui couvrirait certains risques et indemniserait les producteurs en difficult&eacute;". "Mais attention: consid&eacute;rer que l'agriculture bio &agrave; vocation &agrave; &ecirc;tre aid&eacute;e durablement, c'est consid&eacute;rer qu'elle ne peut pas &ecirc;tre rentable. Or elle va l'&ecirc;tre !", a-t-il ajout&eacute;.Le JDD indique d'autre part que Nicolas Hulot ne se rendra pas au Salon de l'agriculture, alors que l'ancienne ministre de l'Environnement S&eacute;gol&egrave;ne Royal y avait fait une visite l'an dernier. Le minist&egrave;re de la Transition &eacute;cologique a confirm&eacute; cette information &agrave; l'AFP, pr&eacute;cisant que M. Hulot "privil&eacute;gie le dialogue direct avec les parties prenantes dans de bonnes conditions d'&eacute;change"."Je pr&eacute;f&egrave;re dialoguer loin des regards et des cam&eacute;ras, c'est ma m&eacute;thode", a expliqu&eacute; le ministre au JDD, pr&eacute;cisant qu'il avait re&ccedil;u&nbsp;"tous les acteurs de la fili&egrave;re agricole et de l'alimentation". Ses deux secr&eacute;taires d'Etat S&eacute;bastien Lecornu et Brune Poirson doivent se rendre au Salon dans la semaine.Alors que les agriculteurs ont manifest&eacute; cette semaine partout en France contre l'accord de libre-&eacute;change en cours de n&eacute;gociations entre l'UE et les pays du Mercosur, Nicolas Hulot a &eacute;galement estim&eacute; qu'"en l'&eacute;tat, ce trait&eacute; n'est pas acceptable"."Il serait trop pr&eacute;judiciable, notamment pour nos agriculteurs, et la France a des lignes rouges tr&egrave;s claires", a ajout&eacute; le ministre qui avait d&eacute;j&agrave; critiqu&eacute; l'accord de libre-&eacute;change UE-Canada (Ceta) entr&eacute; en vigueur partiellement en septembre.


Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, qui s'est battu l'an dernier pour une sortie du glyphosate en trois ans, se dit prêt à envisager des "exceptions", dans un entretien à paraître dans le Journal du dimanche.


Sortie du glyphosate en 3 ans: Hulot évoque des "exceptions" (JDD)


Issu des Etats généraux de l’alimentation, le projet de loi « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable » est attendu pour la fin du premier semestre 2018.


[Les débats de Pleinchamp] Coûts de production : finis les coups ?

Le loup, le glyphosate, le Mercosur, la Pac... Pendant 12 heures et demie,&nbsp;un record de pr&eacute;sence pour un pr&eacute;sident de la R&eacute;publique, Emmanuel Macron a&nbsp;r&eacute;pondu &agrave; une foule d'interpellations, parfois agit&eacute;es. Et il est reparti pour&nbsp;l'Elys&eacute;e avec une poule, offerte par les fermiers de Lou&eacute;.&nbsp;&nbsp; Apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; &agrave; plusieurs reprises siffl&eacute; par des membres du syndicat des&nbsp;Jeunes agriculteurs le long de son parcours entre les stands du salon, le chef&nbsp;de l'Etat a bifurqu&eacute; pour aller parler "droit dans les yeux" &agrave; ses&nbsp;contempteurs, des c&eacute;r&eacute;aliers qui protestaient contre la fin du glyphosate et&nbsp;contre le projet d'accord de libre-&eacute;change UE-Mercosur. "J'ai vu des gens qui &eacute;taient &agrave; 500 m&egrave;tres pour me siffler. Ils &eacute;taient&nbsp;tr&egrave;s minoritaires. J'ai cass&eacute; les parcours et les codes pour aller au devant&nbsp;d'eux, et ils se sont arr&ecirc;t&eacute;s de siffler. On s'est expliqu&eacute;, je crois qu'ils&nbsp;ont compris", a d&eacute;clar&eacute; le pr&eacute;sident &agrave; la presse, en ajoutant, "ce que je&nbsp;crains le plus (...) c'est ceux qui n'ont m&ecirc;me plus l'&eacute;nergie de protester".&nbsp;&nbsp;Le pr&eacute;sident a fendu la foule pour aller tancer les siffleurs, "dix zigues"&nbsp;selon lui: "Je vous engueule parce que j'aime pas qu'on me siffle derri&egrave;re;&nbsp;mais apr&egrave;s je viens vous voir et on s'explique". Avant de leur assurer&nbsp;calmement que "personne ne serait laiss&eacute; sans solution". Les agriculteurs ont &eacute;t&eacute; nombreux &agrave; exprimer leur inqui&eacute;tude tout au long&nbsp;de la journ&eacute;e. Emmanuel Macron a ainsi r&eacute;pondu &agrave; des &eacute;leveurs qui l'interpellaient sur le&nbsp;plan Loup annonc&eacute; lundi par le gouvernement, qui a m&eacute;content&eacute; aussi bien les&nbsp;agriculteurs que les d&eacute;fenseurs de l'environnement:&nbsp;"si vous voulez me faire&nbsp;dire qu'on supprimera les loups, je ne le dirai pas. Si vous voulez&nbsp;l'engagement qu'on renforcera les moyens de protection ou qu'on sortira les&nbsp;loups de ces bassins je m'y engage".<h2>"Regardez moi bien dans les yeux"</h2>Face &agrave; un agriculteur d&eacute;guis&eacute; en vache, qui se plaint de "la grande&nbsp;distribution" qui "se moque" des paysans, le pr&eacute;sident r&eacute;plique:&nbsp;"regardez moi&nbsp;bien dans les yeux, il y aura des contr&ocirc;les et des r&eacute;sultats concrets". "Vous&nbsp;verrez des sanctions fortes sur ce sujet des n&eacute;gociations&nbsp;&nbsp;commerciales",&nbsp;promet-il. Puis il embraye sur l'Europe. "Pour la prochaine Politique agricole commune&nbsp;(Pac), je veux un m&eacute;canisme de garantie de prix minimum pour les &eacute;leveurs&nbsp;europ&eacute;ens. Si on ne fait pas attention, on ne pourra plus choisir, ce sera le&nbsp;march&eacute; du prix qui aura d&eacute;cid&eacute; pour nous", d&eacute;clare-t-il avant de rencontrer le&nbsp;commissaire europ&eacute;en &agrave; l'Agriculture Phil Hogan.Les agriculteurs fran&ccedil;ais s'inqui&egrave;tent en effet beaucoup de l'avenir de la&nbsp;Pac, dont la France est l'un des principaux b&eacute;n&eacute;ficiaires, apr&egrave;s le d&eacute;part du&nbsp;Royaume-Uni. Vendredi &agrave; Bruxelles, les dirigeants europ&eacute;ens ont fait un&nbsp;constat de leurs divisions sur ce sujet. La pr&eacute;sidente de la FNSEA Christiane Lambert, qui redoutait vendredi de&nbsp;voir la France baisser la garde &agrave; Bruxelles, a finalement salu&eacute; samedi la&nbsp;"prise de position tr&egrave;s ferme" du pr&eacute;sident fran&ccedil;ais devant les autres chefs&nbsp;d'Etat europ&eacute;ens sur le budget de la PAC. M. Macron "a vraiment dit et affirm&eacute; que pour les priorit&eacute;s nouvelles, il&nbsp;fallait des ressources nouvelles. Il a aussi dit qu'il y avait accord du&nbsp;pr&eacute;sident de la Commission europ&eacute;enne Juncker sur cette approche-l&agrave;", a-t-elle&nbsp;relev&eacute;.<h2>"Fili&egrave;res"</h2>Apr&egrave;s avoir d&eacute;jeun&eacute; avec dix-huit &eacute;leveurs de diff&eacute;rentes r&eacute;gions, le&nbsp;pr&eacute;sident a repris ses d&eacute;ambulations dans le salon. Sur le stand des c&eacute;r&eacute;aliers, &agrave; un agriculteur qui lui demande d'o&ugrave;&nbsp;viendront les 5 milliards du plan d'investissement promis &agrave; l'agriculture, il&nbsp;r&eacute;pond "qu'ils ne seront pas pris ailleurs". "J'ai pris un engagement de 5&nbsp;milliards d'euros, j'ai &eacute;voqu&eacute; un milliard pour les garanties de haut de bilan&nbsp;et 900 millions pour le fonds de m&eacute;canisation, puis pour le reste on fera des&nbsp;appels &agrave; projet", d&eacute;taille-t-il. Pour d&eacute;miner le terrain devant l'angoisse du monde rural, le pr&eacute;sident&nbsp;avait d&eacute;j&agrave; expliqu&eacute; jeudi &agrave; 700 jeunes agriculteurs re&ccedil;us &agrave; l'Elys&eacute;e qu'il&nbsp;voulait r&eacute;organiser l'agriculture en "fili&egrave;res" pour tenter de garantir sa&nbsp;rentabilit&eacute;, tout en la sortant de sa d&eacute;pendance aux fonds publics europ&eacute;ens. Ce plan de 5 milliards d'euros est une composante essentielle de ce&nbsp;programme.


Sifflets et applaudissements, suppliques inquiètes et témoignages de confiance : la visite du président Emmanuel Macron, samedi lors de l'inauguration du 55e salon de l'Agriculture, a souligné les tensions actuelles au sein d'un monde paysan en pleine réorganisation, pour lequel il a visiblement tenu à faire de la pédagogie sur son action.


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