[Paroles de citoyens] "Ah c’est ça les circuits courts ?"

En souvenir de vacances en Bretagne, Monique et Liliane ont fait à un arrêt au stand de l’andouille de Guémené. Les ex-profs de sport aiment acheter en direct et se déplacent de temps en temps sur une ferme cueillette dans le Val-de-Marne. Des adeptes des circuits courts qui s’ignorent.

« Vous avez choisi des vieilles » ! lancent Monique et Liliane, après les présentations d'usage. On l'aura compris, nos deux visiteuses sont deux « vieilles » (c'est elles qui le disent) copines du genre décontracté et décomplexé. De Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), elles sont venues en quasi-voisines au Salon de l'agriculture. Chance : cette année, les dates ne coïncident pas avec les vacances scolaires des Parisiens. Car étonnement, nos deux ex-profs de sport sont restées calées sur le calendrier scolaire. « Moi je fais deux heures de stretching par semaine », déclare Monique. « Pendant les vacances, les cours ne sont pas assurés, donc j'en profite pour partir en vacances. C'est comme ça que, parfois, je rate le Salon de l'agriculture ».

Animaux et terroir, les deux mamelles du Salon

Le parcours de visite est classique : animaux et produits du terroir ont leur préférence. « Dans le temps on pouvait papoter avec les éleveurs », regrette Liliane. « Mais là, ils sont surbookés, les pauvres. Huit jours dans ce brouhaha, ça mérite le respect ». Côté terroir, les deux amies sont allées déguster quelques huitres bretonnes sur le coup des onze heures. Avant de passer aux spécialités d'outre-mer, elles ont acheté de la saucisse de Guémené. « Un souvenir de nos vacances à Saint-Malo ».

Les 364 autres jours de l'année, Monique et Liliane fréquentent le marché de Joinville-le-Pont. « On est capables de faire la queue une demi-heure pour acheter des légumes à notre maraicher du coin ou de la Blonde d'Aquitaine que notre boucher fait venir directement d'un éleveur », souligne Liliane. « Faut faire attention avec les soi-disant produits de producteurs », précise Monique. « Dans le Midi, je me suis fait avoir. Le prétendu producteur faisait venir des fruits d'ailleurs ».

"Le vrai bio, ça n'existe pas"

De temps en temps, elles font une escapade aux Vergers de Champlain, une ferme cueillette située à La Queue-en-Brie (Val-de-Marne). « On y passe trois heures avec les copines, ça nous permet d'être au contact de la nature, y a tous les légumes et les fruits de saison, ils sont très bons ». Bio ? « Non, on s'en moque du bio », rétorque Liliane. « De toute façon, le vrai bio, ça n'existe pas ».

Salon, marchés, ferme cueillette : nos deux comparses sont à fond sur les circuits courts. « Les circuits courts ? Ah bon ! ». Et l'agribashing au passage, ça vous parle ? « C'est quoi ? On est des vieux trucs, vous savez ».

Monique et Liliane ne sont pas obnubilées par le contenu de leur assiette. A côté des circuits courts, elles font aussi leurs achats au Lidl du coin mais l'avouent avec une petite pointe de culpabilité. « C'est bien Lidl, c'est des produits français et les légumes sont toujours frais ». On les abandonne à la Guémené mais pas sans faire la photo. « Eh ben ça va vous faire trois andouilles à l'image ! »

Retrouvez toute la série « Paroles de citoyens », réalisée au Salon de l’agriculture 2020 :

"Il faudrait 51 Pernaut pour défendre l’agriculture"

"Ah c’est ça les circuits courts ?"

"L’agribashing, c’est insupportable"

"Un combat contre l’ignorance"

"Notre visite au Salon, une preuve d’amour envers les agriculteurs"

"On reste des viandards, mais..."

"Plutôt que des zones non traitées, je préfèrerais que la bio se généralise"

Oui à la terre, malgré « Au nom de la terre »